Claude Millet : Bloc, événement - Une représentation de l'Histoire dans l'oeuvre de Victor Hugo
Communication au Groupe Hugo du 6 avril
2002
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« Il ny a, dit le « Journal des idées, des opinions et des lectures dun jeune jacobite de 1819 », que deux tâches dignes dun historien dans ce monde : la chronique, le journal, ou lhistoire universelle. Tacite ou Bossuet ».[1] Le jeune Hugo identifie, à travers ces noms anciens, les deux directions opposées qua prises lhistoriographie de lépoque romantique, et sa propre écriture de lHistoire, encore à venir. La première, dans le roman et au théâtre, prenant pour modèle les annales et les chroniques, analyse le local, le divers et le singulier. La narration romanesque, lintrigue dramaturgique conjurent les risques de la dispersion dans la diversité du concret. En revanche, elles natténuent pas les heurts et ruptures de la destinée, heurts et rupture hasardeux en apparence, nécessaires en réalité, mais au contraire visent à les exposer car « Les choses déconcertantes que nous nommons, dans la nature, caprice et, dans la destinée, hasard, sont des tronçons de lois entrevus »[2] . Cette enfoncée dans la concrétude historique et dans ses tourbillons ne sassortit jamais dans le roman et le drame hugoliens dune mise en fable du progrès. Celui-ci, je cite Myriam Roman, « na dexistence que dans la parole qui le nomme, et, ce faisant, le fait accéder à lêtre »[3] . Dans les romans et le théâtre de Hugo, le progrès ne se raconte pas, il saffirme, par effraction dune digression auctoriale « Ceci tuera cela », « Histoire éternelle de lutopie »[4] - ou du discours emporté dun personnage comme Enjolras ou Gauvain[5] . Enveloppé dans lhistoire tragique des curs, le temps collectif raconté ne dessine pas la logique lisse dune évolution, dune progression homogène, mais au contraire expose une événementialité obscure, du moins au regard de lHomme, et lhétérogénéité des strates historiques qui composent une époque donnée : des permanences, des adhérences et des latences, des plus-que-parfaits rencontrant des futurs antérieurs, l«éternelle présence du passé »[6] se mêlant aux sourdes germinations de lavenir pour les arracher, et composant avec les forces du présent pour des lendemains qui ne chanteront pas. Tacite, la dénonciation du désastre.
Bossuet, lHistoire universelle, au contraire inscrit lHistoire dans la longue durée, dun peuple, dune « civilisation », de lHumanité. Cette deuxième direction de lhistoriographie romantique, et de lécriture hugolienne de lHistoire, constitue le récit historique en récit synthétique et conceptualisant, qui éclaire la logique des évolutions, dégage le sens des événements en les réintégrant dans leur vaste situation, raconte le voyage du progrès depuis la nuit des temps. Le « Fragment dhistoire » de 1827 sessaie ainsi à « dérouler sous nos yeux lhistoire entière de la civilisation », la montrant « se propageant par degrés de siècle en siècle sur le globe, et envahissant tour à tour toutes les parties du monde »[7] . Limage combine dans la même continuité horizontale progression et propagation. Les grands événements sont les seuils par où passe la civilisation pour se propager dun continent à lautre. Le discontinu est le vecteur même de la continuité de ce voyage tendu vers lavenir : le déplacement futur de la civilisation en Amérique, puis lultime propagation de la Civilisation à tous les continents, dans une sorte de triomphe ultime du continu. Voyage sans arrêts, aux enchaînements nécessaires, qui ne laisse nulle part à lInconnu :
Les esprits qui aiment à sonder les abîmes ne peuvent sempêcher de se demander ce qui serait advenu du genre humain, si Carthage eût triomphé dans cette lutte. Le théâtre de vingt siècles eût été déplacé. Les marchands eussent régné, non les soldats. LEurope eût été laissée aux brouillards et aux forêts. Il se serait établi sur la terre quelque chose dinconnu.
Il nen pouvait être ainsi. Les sables et le désert réclamaient lAfrique ; il fallait quelle cédât la place à lEurope.[8]
Ce type de visions panoramiques du progrès ne cessera dhabiter luvre de Hugo, sinon ses récits, du moins ses discours, ses poèmes (car « Les poëtes seuls parlent une langue suffisante pour lavenir »[9] ), à ceci près que « quelque chose dinconnu » y pointera toujours, au moins à lhorizon. Ces visions panoramiques saisissent lHumanité en mouvement, sur le mode de lavancée caravane[10] , course de relais[11] , « grande marche humaine »[12] , ou de lélévation plus ou moins vertigineuse, du « progrès en pente douce »[13] à l « immense ascension vers la lumière »[14] , en passant par la montée de lescalier qui mène, comme à la Terre promise, à Dieu :
Lhistoire mapparut, et je compris la loi
Des générations, cherchant Dieu, portant larche,
Et montant lescalier immense marche à marche. [15]
Toutes ces images disent la « persévérance » de lHumanité, son entêtement à poursuivre le chemin commencé :
Nimporte. Allons au but, continuons. Les choses,
Quand lhomme tient la clé, ne sont pas longtemps closes.
[ ]
Regardons les penseurs de lâge précédent,
Ces héros, ces géants quune même âme anime,
Détachés par la mort de leur travail sublime,
Passer, les pieds poudreux et le front étoilé ;
Saluons la sueur du relais dételé ;
Et marchons. Nous aussi, nous avons notre étape.
Le pied de lavenir sur notre pavé frappe ;
En route ! Poursuivons le chemin commencé ;
Augmentons lépaisseur de lombre du passé ;
Laissons derrière nous, et le plus loin possible,
Toute lantique horreur de moins en moins visible.
[ ]
Marchons ! un pas quon fait, cest un champ quon révèle [.][16]
Cette marche de lHumanité que peint le poème « Persévérance » de LArt dêtre grand-père, est un arrachement dynamique à lombre du passé vers la lumière de lavenir, arrachement qui tend à rendre lombre du passé plus ombreuse, la lumière de lavenir plus lumineuse. Elle renvoie à une conception continuiste du progrès, pensé non comme série discontinue dévénements mais comme processus. Ce processus continu intègre bien dans le relais des générations la discontinuité de la mort. Mais cette discontinuité de la mort est sans angoisse : elle fait partie de la génération même, de la succession des générations, de la vie, du mouvement vers lavenir.
LHistoire que voit lil prophétique est tendue entre deux aveuglements, léblouissement de lavenir, lobscurcissement du passé. La diversité des temps, la particularité des circonstances seffacent : reste, absolument, lombre du passé, étale et sans événements, et la lumière de lavenir. Seules échappent à cette indistinction la génération présente et la précédente, celles du relais. Les Hommes en marche ont ainsi la mémoire courte, toute leur énergie sappuyant sur la génération précédente des penseurs pour se détacher de la nuit du passé, et révéler à la lumière de nouveaux champs.
Les choses vont plus mal lorsque le regard qui saisit le grand panorama de lHistoire universelle se détourne de lavenir pour plonger dans le passé ; lorsque le sens du regard sinverse, et que la prophétie se retourne en généalogie. Dès que la vision de lHistoire se polarise sur le passé, dès quelle se fait remontée des temps et non plus appréhension du mouvement de lHumanité vers lavenir, alors elle semble se précipiter dans un même mouvement de régression vers plus dombre, de nuit, et dimmobilité. Une sorte de pulsion fige la narration en discours, et le passé historique en monument, cest-à-dire en passé toujours présent. Telle, dans « La vie aux champs », la leçon dHistoire que donne aux enfants le poète des Contemplations :
Je leur raconte aussi lhistoire ; la misère
Du peuple juif, maudit quil faut enfin bénir ;
La Grèce, rayonnant jusque dans lavenir ;
Rome ; lantique Égypte et ses plaines sans ombre,
Et tout ce quon y voit de sinistre et de sombre.
Lieux effrayants ! tout meurt ; le bruit humain finit.
Tous les démons taillés dans des blocs de granit,
Olympe monstrueux des époques obscures,
Les Sphynx, les Anubis, les Ammons, les Mercures,
Sont assis au désert depuis quatre mille ans.
Autour deux le vent souffle, et les sables brûlants
Montent comme une mer doù sort leur tête énorme ;
La pierre mutilée a gardé quelque forme
De statue ou de spectre, et rappelle dabord
Les plis que fait un drap sur la face dun mort ;
On y distingue encor le front, le nez, la bouche,
Les yeux, je ne sais quoi dhorrible et de farouche
Qui regarde et qui vit, masque vague et hideux.
Le voyageur de nuit, qui passe à côté deux,
Sépouvante, et croit voir, aux lueurs des étoiles,
Des géants enchaînés et muets sous des voiles. [17]
Dans ce curieux « récit », lHistoire perd très vite sa mobilité, que figure au départ lerrance du peuple juif, comme elle perd son orientation vers lavenir : à « La Grèce, rayonnant jusque dans lavenir » succède un laconique « Rome », tout le reste du « récit » embrayant sur lÉgypte son mouvement de régression entropique vers limmobilité des pierres. Rome, république devenue empire, est le pivot dune Histoire qui bascule de la progression énergique à la régression léthargique. LHistoire ne passe plus, mais passe seulement à ses côtés « le voyageur de nuit ». Fin du voyage de lHumanité dans lHistoire : un individu solitaire a pris sa place, pour côtoyer dans leffroi les grandes figures du passé immobile, qui perdure « depuis quatre mille ans ». Se substitue alors à la « persévérance » du genre humain dans sa marche, lobscure et silencieuse obstination du passé « taillé[] dans des blocs de granit », qui survit à son écroulement.
Nul événement, et un devenir strictement négatif, décliné en mutilation : une permanence cauchemardesque et fascinante, lHistoire faite pierre tombale dune Mort qui hante le présent.
Mais le plus curieux dans ce « récit », cest sans doute quil nen est pas un : le poète, contrairement à ce quil dit, ne « raconte » pas lHistoire, il en fait surgir des espaces-temps juxtaposés entre eux, et si régression il y a, elle ne dessine, même à rebours, aucun voyage de lesprit, de lHomme ou de la civilisation dans le temps. Ni chronologie, ni « géographie de lesprit », pour reprendre lexpression de Marc Crépon[18] , mais une enfoncée de la vision historique dans la nuit silencieuse et immobile des monuments orientaux, qui transforme, telles sont les fantasmagories de leffroi archéologique, le passé historique en passé mythique. Cette Histoire-là ne se « raconte pas ». Il faut, pour quil y ait quelque chose au bout du compte comme une narration, inventer une fiction nocturne, « un voyageur de nuit », mais cest précisément par lui que lHistoire sans histoire bascule dans le mythe, dans le souvenir mythique des géants enchaînés, et muets.
Le regard de lHistoire, à vouloir remonter le temps passé, se fige dans lhallucination dune grandeur immobile, nentrevoit le devenir que sous les espèces de laccumulation, de lentassement, de lagrégation. La généalogie est une géologie, qui révèle dans le Mal historique, dans lHistoire identifiée au Mal, un processus dagglutination minérale, dextension du même par agrégation, et non une évolution, une dynamique de transformation. Ainsi « [d]es préjugés, formés, comme les madrépores, / Du sombre entassement des abus sous le temps »[19] . « Sous », non « dans » le temps. Opposé au mouvement du progrès, que révèle la perspective prophétique, lentassement, lagrégation minérale, le bloc figurent le devenir sans devenir, le devenir entropique, les engendrements qui sont des avortements, les enchaînements du désastre, le Mal même « et linforme engendré du pervers, / La matière, le bloc, la fange, la géhenne »[20]. Le bloc est une figure au carré du Mal historique, parce quil est matière, et parce quil est matière sans mouvement, résistant au souffle, à lanima, à lâme. Il est ce à quoi aboutissent et dont relèvent toutes les causalités funèbres, le Mal étant, pour le poète des Contemplations, la chute de « lêtre impondérable » dans une matérialité de plus en plus lourde, figée, jusquau bas de léchelle des êtres, dans le monde minéral - une aggravation, au sens étymologique : « Or, la première faute / Fut le premier poids. / [ ] Le mal était fait. Puis, tout alla saggravant » [21] . Et « La matière, affreux bloc, nest que le lourd monceau / Des effets monstrueux, sortis des sombres causes » [22] .
Or saisir tout le passé du point mouvant quest le présent de la conscience, cest pénétrer toujours plus loin dans ce monde du Mal, avancer dans le Mal, cest-à-dire dans « la matière, le bloc, la fange, la géhenne ». Le passé est minéral. Ainsi dans « La vision doù est sorti ce livre », « préface en vers » écrite pour la Première Série de La Légende des siècles mais finalement publiée dans la Nouvelle, en 1877 [23] . Cette vision est lhallucination du « mur des siècles ». Mur compact de la tradition, « vaste enchaînement de ténèbres vivantes », mur abominable dune souffrance coalescente « Cétait de la chair vive avec du granit brut » - cauchemar dune pétrification mouvante « Une immobilité faite dinquiétude ». Ce mélange cauchemardesque de la chair vive et du granit brut, de limmobilité et du mouvement de la conscience inquiète, fait toutefois de ce « mur » un bloc mouvant, qui intègre en lui le devenir, le progrès, la progression scalaire : et en effet ce « bloc dobscurité funèbre » monte « dans linfini vers un brumeux matin, / Blanchissant par degrés sur lhorizon lointain ». Seulement ce devenir reste pris dans la léthargie minérale, précisément parce que le mur est « complet » et continu, sans lacune, sans rupture : sans événements pour briser ses enchaînements qui rattache les siècles « au nôtre », et pour introduire dans lHistoire « quelque chose dinconnu ». Ce mur, « où le destin avec linfini saccouplait », confère au continuum historique une dimension tragique. Et si « tout sy trouvait, matière, esprit, fange et rayon », et même « La liberté brisant limmuabilité », sa vision nen est pas moins asphyxiante « Qui donc avait sculpté ce rêve où jétouffais ? » -
Un formidable appel dair se produit cependant, à lintérieur de cette vision étouffante, par le surgissement de deux grands anges, lesprit dApocalypse et lesprit dOrestie ; deux esprits donc pour briser «le bloc dobscurité funèbre» ; deux grands anges surgis du mur, du bloc même, « matière, esprit », mur qui offrait déjà au regard visionnaire, avant leur apparition, « La Marseillaise, Eschyle, et lange après le spectre » . Lesprit dApocalypse et lesprit dOrestie, la prophétie de la rédemption finale et la généalogie tragique des origines. Et de leur choc prodigieux résulte leffondrement du mur des siècles, de ce « bloc dobscurité funèbre », lézardé, « Comme un temple en ruine aux gigantesque fûts, / Laissant voir de labîme entre ses pans confus » : alors le destin cesse de « saccoupl[er] à linfini », alors de labîme, de linconnu se laissent voir alors naît « ce livre », « tradition tombée à la secousse / Des révolutions que Dieu déchaîne et pousse » :
Ce livre, cest le reste effrayant de Babel ;
Cest la lugubre Tour des Choses, lédifice
Du bien, du mal, des pleurs, du deuil, du sacrifice,
Fier jadis, dominant les lointains horizons,
Aujourdhui nayant plus que de hideux tronçons,
Épars, couchés, perdus dans lobscure vallée ;
Cest lépopée humaine, âpre, immense, - écroulée.
« Ce livre », lépopée fragmentaire du progrès discontinu, ne procède donc pas de la vision du « mur des siècles », du « bloc dobscurité funèbre », mais de la vision de son écroulement par lévénement révolutionnaire. Poétique de la ruine qui est en même temps une politique : « Ce livre » est lexpression de ce moment dialectique, le XIXe siècle, où le bloc de la tradition est brisé en « tronçons hideux » par lévénement révolutionnaire, et en attente de lavenir, que prophétise un des derniers poèmes du recueil, « Le temple », de lavenir dune nouvelle édification, dune refondation :
Joie à la terre, et paix à celui qui contemple !
Écoutez, vous ferez sur la montagne un temple,
Et vous le bâtire la nuit pour que jamais
On ne sache qui la placé sur ces sommets ;
Vous le ferez, ainsi lordonne le prophète,
Du toit aux fondements et de la base au faîte,
Avec des blocs mis lun sur lautre simplement,
Et ce temple, construit de roche sans ciment,
Sera presque aussi haut que toute la montagne.
[ ]
Le ciel ; de lidéal pétri dans du rocher,
On ne sait quoi de tendre au fond de cette pierre,
Une forme de nuit debout sur la frontière
De linconnu, muette et rigide, et pourtant
Daccord avec le monde immense et palpitant,
Lâme qui fait tout naître et sur qui tout se fonde,
Voilà ce que ce temple, en son ombre profonde,
Fera vaguement voir à ceux qui passeront.
[ ]
Il nexpliquera point au cur les passions,
A lesprit le problème, et la tombe à la vie ;
Mais il fera germer chez tous lardente envie
De monter, de grandir, et de voir au-delà.
Où ? Plus loin. [ .] [24]
Cette ultime fondation dépasse ainsi lopposition du bloc et de la marche, et cela de manière dialectique, en les conservant. Pour produire non un tel résultat, mais un tel programme, il aura fallu au recueil non seulement ordonner, de manière plus ou moins chronologique, les « tronçons » de lépopée « écroulée », mais repenser en son centre cet écroulement. Au centre du recueil donc, à la fin du premier volume de lédition originale, « ce livre » fragmentaire, résultante de la Révolution, se condense à nouveau, reconstruit « lédifice » dans la fixité sombre, idéale et terrifiante des « sept merveilles du monde ». Ces merveilles sont la version aliénante, tyrannique du recueil lui-même : une projection de lHistoire dans léternité du mythe, qui propulse hors du temps la célébration épique, et rend à jamais vivants les grands morts, rois et reines, dieux et héros. Le monument, « mêlant léternel bloc à lidée immortelle » [25] , fige lépoque historique dont il préserve la mémoire dans « la durée obscure et lourde des ténèbres » [26] . « Je suis là pour jamais », dit le colosse de Rhodes [27] . Le passé monumentalisé est une figuration sidérante de son éternelle présence, et cest au présent que la troisième merveille, le Mausolée, évoque les triomphants Cadmus, Achille, Xercès, Sémiramis - dans le temps étale de leur grandeur. Faite édifice, la mémoire révèle son rapport ambigu au temps : rapport de préservation du passé, contre la force de loubli, cest-à-dire de la mort, mais aussi de négation du devenir. Dans la splendeur de son tombeau, Artémis est toujours vivante. Et devant elle passent les siècles, une Histoire collective en mouvement, mais dont le mouvement même signale la vanité : lHistoire des Hommes est en mouvement parce quelle nest digne de nul monument. Et ce mouvement historique emporte les « mortels effrénés », saffole, se volatilise face à celui qui est à jamais, et « Les siècles, partant lun après lautre, sen vont, / Ainsi que des oiseaux volant sous un plafond » [28] .
Passe, ainsi que le voyageur nocturne des Contemplations, passe le tourbillon des siècles devant les monuments, jusquà ce que la septième merveille, point daboutissement du poème, crie son nom : « - Et moi, cria Chéops, je suis léternité » [29] . Chéops, léternité, contient en elle lHistoire universelle. Les siècles ne la côtoient pas, ils sont écrits sur elle, gravés sur ses marches, sans que nulle progression scalaire nordonne cette gravure. Au contraire, cest un mouvement vibrionnaire qui agite lHumanité en un désordre obscur :
Lobscure histoire était sur ses marches gravée ;
Les sphinx dans ses caveaux déposaient leur couvée ;
Les ans fuyaient, les vents soufflaient ; le monument
Méditait, immobile et triste, et, par moment,
Toute lhumanité, comme une fourmilière,
Satrape au spectre dor, prêtre au thyrse de lierre,
Rois, peuples, légions, combats, trônes croulants,
Etait subitement visible sur ses flancs
Dans quelque déchirure immense des nuées.
Tout flottait sur sa base en ombres dénouées ;
Et Chéops répéta : - Je suis léternité [30] .
Les six premiers monuments, qui conservent, face au passage des siècles, la mémoire de grandes figures triomphantes, parlent, chantent, sont les sujets lyriques de prosopopées adressés à « lespace sans bornes ». Chéops, voix de léternité qui absorbe en elle-même les siècles, ne peut que crier ce quelle est, et le répéter, de part et dautre dun silence où se grave, et non se dit, ni se raconte lHistoire universelle. De tous les monuments, la pyramide égyptienne est la limite, parce quen elle sinverse radicalement le mouvement ascensionnel dune Histoire eschatologique, progrès de lHumanité vers Dieu. Elle monte « aux cieux, escalier redoutable / Don ne sait quelle entrée étrange de la nuit », et englobe dans son éternité une Histoire universelle sans ordre, sans dessein, et sempiternelle.
Pour briser « son bloc fatal [ ] de ténèbres construit » [31] , nul héros révolutionnaire, mais un ver, le ver du sépulcre, nul événement politique, mais un événement lyrique, le chant du ver, le chant de la Mort. Seul le ver soppose à ceux qui disent : « Je ne sais quune chose impossible : mourir » [32] , pour chanter la toute-puissance de la destruction. La ruine des édifices fiers nest plus luvre des «révolutions que Dieu déchaîne et pousse », mais de la Mort, de la Mort den bas, de la Mort sans transfiguration qui travaille au pourrissement grotesque des corps, et à leffondrement dérisoire des merveilles du monde :
Édifices ! montez, et montez davantage.
Superposez létage et létage à létage,
Et le dôme aux cités ;
Montez ; sous votre base écrasez les campagnes ;
Plus haut que les forêts, plus haut que les montagnes,
Montez, montez, montez !
Soyez comme Babel, âpre, indignée, austère,
Cette tour qui voudrait échapper à la terre,
Et qui dans les cieux fuit.
[ ]
Ne vous arrêtez pas. Montez ! montez encore !
Moi je rampe, et jattends. Du couchant, de laurore,
Et du sud et du nord,
Tout vient à moi, le fait, lêtre, la chose triste,
La chose heureuse ; et seul je vis, et seul jexiste,
Puisque je suis la mort.
La ruine est promise à tout ce qui sélève.
Vous ne faites, palais qui croissez dans un rêve,
Frontons au dur ciment,
Que mettre un peu plus haut mon tas de nourriture,
Et que rendre plus grand, par plus darchitecture,
Le sombre écroulement. [33]
Au début du second volume de lédition originale, ce chant du ver se déploie en épopée, substitution abominable de lépopée de la Révolution par celle de la mort, et de la mort grotesque, qui ruine désormais non plus seulement les sept merveilles du monde, mais lédifice historique dans sa totalité, à la place des révolutions. A la destruction sublime des révolutions qui redonne la possibilité dun sens à lHistoire en la dé-bloquant, fait place la destruction grotesque du lombric, force centripète qui attire à elle toute lHistoire, et son récit, mis en abyme et en abîme, La Légende de 1877. « Lépopée du ver » célèbre la défaite de toute histoire démocratique, héritière de la Révolution, et le triomphe de laliénation, le ver étant « fait des croyances du prêtre, / Des splendeurs du tyran » [34] . LHistoire nest certes plus ce mouvement figé dans le bloc de Chéops. « Pêle-mêle obscur de souffles et de râles » [35] , mais elle est la nourriture de la mort, « Tout lentement rongé par Rien » [36] .
Régression désastreuse au cur du Mal, évidemment, Mais « Lépopée du ver », absorbant en elle toute lHistoire universelle, et son épopée, La Légende des siècles, nest en même temps quun moment de cette Histoire, moment lui-même intégré et absorbé par sa Légende. Régression désastreuse, donc, mais participant à la progression. Car le ver en dévorant lHistoire la remet en mouvement, la sauve de son immobile agitation sur les murs de Chéops, léternité. Grâce à lui le bloc se fait poussière. La mort, niée par lHistoire-monument, est le sujet actif de lHistoire-processus. Sans la mort, pas dHistoire. Sans destruction, pas de mouvement, mais des siècles fixés dans leur agitation sans fin sur des murs, des monuments, des blocs. Le négatif est au travail dans le progrès : le ver du sépulcre accomplit la même besogne que les anges révolutionnaires de « La vision doù est sorti ce livre ». Il est leur envers, quil faut penser comme similaire, si lon veut, comme Hugo, intégrer 1793 et plus globalement luvre de la mort dans lHistoire du progrès.
Similaire, non semblable : lépopée du ver est la version matérialiste de la Nouvelle Série, qui retourne légalité démocratique en nivellement égalitariste, et reconnaît la destruction comme seule fin du devenir, là où il faut la penser, et là où le recueil lui-même, en plaçant le poème du ver en son milieu, la pense comme médiation. Cette épopée est, par rapport à La Légende, amphibologique, dune ressemblance à troubler la logique du devenir. Cest pourquoi elle nécessite, avant que le récit des siècles ne reprenne, leffraction dune intrusion dauteur, « Le poëte au ver de terre », pour recadrer le sens de lHistoire, et de sa Légende.
Evénement de parole contre événement de parole dans le Grand Récit. Et laction du ver dans le devenir est non un subit avènement, comme lest lapparition des anges de « La vision doù est sorti ce livre » ou, plus loin dans le recueil, le surgissement de cette autre figure de la Révolution, la comète, mais un processus lent, dont la lenteur signale lobstination inexorable. Le ver est la Mort, mais la Mort lente qui ronge, non léclair fulgurant qui transfigure [37] . Le temps de lépopée du ver de ce point de vue est bien le contre-temps des monuments : même étalement de siècles sans événement, dans la pure répétition du même, lindifférenciation des époques, et la célébration du « fait tyrannie ».
A cette obstination irrévocable fait pendant la « persévérance » des hommes du progrès en marche, nous lavons vu, mais aussi et surtout, parce que les prophéties euphoriques du progrès sont somme toute plus rares dans luvre de Hugo que les généalogies du désastre, la patience, la résignation de lHumanité. « Ce qui ma percé le cur, cest cette longue résignation, cette douceur, cette patience, cest leffort que lhumanité fit pour aimer ce monde de haine et de malédiction sous lequel on laccablait » [38] - cette souffrance de lhistorien Michelet, Hugo la partage très intimement. Et elle sexprime dans une même vision de lHistoire : étirement du temps historique dans la trop longue durée de lobstination féroce des tyrans, de la douce patience de lHumanité, et brusque condensation dans le « jour », « lheure » de lévénement, la Révolution. Cette vision de lHistoire, qui nest pas exclusive chez Hugo, nous lavons entraperçu, fait de lévénement révolutionnaire lavènement dune colère, dune exaspération, qui fait déborder la patience des victimes, et interrompt lobstination au mal de la Tyrannie. Cest ce quexplique un poème du livre « En marche » des Contemplations :
Les Révolutions ne sont que la formule
De lhorreur qui pendant vingt règnes saccumule.
Quand la souffrance a pris de lugubres ampleurs ;
Quand les maîtres longtemps ont fait, sur lhomme en pleurs,
Tourner le Bas-Empire avec le Moyen-Age,
Du midi dans le nord formidable engrenage ;
Quand lhistoire nest plus quun tas noir de tombeaux,
[ ]
Alors, subitement, un jour, debout, debout !
Les réclamations de lombre misérable,
La géante douleur, spectre incommensurable,
Sortent du gouffre ; [ ]
Dieu dit au peuple : Va ! [ ]
Tout est dit. Cest ainsi que les vieux mondes croulent.
Oh ! lheure vient toujours ! des flots sourds au loin roulent.
A travers les rumeurs, les cadavres, les deuils,
Lécume, et les sommets qui deviennent écueils,
Les siècles devant eux poussent, désespérés,
Les Révolutions, monstrueuses marées,
Océans faits des pleurs de tout le genre humain. [39]
Dans la trop longue durée, lévénement est lavènement dun sujet le poète, nous, lHomme, le peuple, Dieu - dont lengagement politique procède de lexaspération, de limpatience. Pour que cet événement ait lieu, il faut que trop soit trop : que « Cette goutte qui doit faire déborder lurne »[40] tombe enfin.
Ce temps de lexaspération, qui retourne la longue durée de la patience en principe de son interruption se retrouve à deux moments essentiels de la Première Série de La Légende des siècles : à la fin du premier volume de lédition originale, dans le premier des « Trônes dOrient », « Zim-Zizimi » [41] , et à la fin du second volume, dans « La trompette du jugement » [42] . « Zim-Zizimi », dont la première séquence du poème célèbre la grandeur didole inhumaine, sennuyant dans sa solitude de despote tout-puissant, invite une série de prodiges, sphynx, coupe de vin, lampe de Sumatra, à le divertir par leur chant. Les voix des choses sélèvent, pour dire la vanité de la gloire des tyrans, promis au pourrissement des corps dans leurs sépulcres. Toute la temporalité dans « Zim-Zizimi » est mise sous le signe de la répétition. Zim-Zizimi répète les mêmes crimes, jouit des mêmes plaisirs sadiques. Les sphinx, la coupe, la lampe répètent le même discours sur la mort grotesque des despotes sublimes. A lintérieur de ce discours, la mort achève le destin en lui-même répétitif des despotes : répétitif parce que les crimes se répètent dans leur vie ; répétitif parce que les mêmes crimes se répètent dun despote à lautre. Téglath-Phalasar est, dit le deuxième sphinx, « Pour les villes dAssur », « ce que sera pour lAsie Alexandre, » « ce que sera pour lEurope Attila ». Lavenir nest plus quun futur chronologique, voire une pétition de principe grammatical, nétant que la répétition du même, lui qui devrait être limagination de lInconnu. Les histoires se ressassent, les despotes sentassent. Ni voyage dans le temps, ni voyage dans lespace nordonnent leur succession dun discours à lautre : Nemrod nest plus le despote originaire quil était dans La Fin de Satan, mais vient après la reine Nitocris de Babylone et lassyrien Théglath-Phalasar, suspendu comme eux ou comme légyptienne Cléopâtre dans un Orient archaïque indéterminé, qui tend à absorber le XVème siècle de Zim-Zizimi. Aucun ordre chronologique ou géographique ne préside non plus à la succession des despotes à lintérieur dun même discours, en particulier dans celui de la coupe, qui met sur le même plan, en séries énumératives, des rois de toutes les antiquités : « Antiochus, Chosroès, Artaxerce, / Sésostris, Annibal, Astyage, Sylla, / Achille, Omar, César ». Lhorreur saccumule, jusquà satiété : au niveau de lintrigue, quand, ne pouvant plus supporter linsupportable, Zim exaspéré fait entrer la Nuit en jetant la lampe ; au niveau des siècles, quand Dieu par la bouche du quatrième sphinx dit : « Assez ! » :
Les rois triomphent, beaux, fiers, joyeux, courroucés,
Puissants, victorieux : alors Dieu dit : « Assez ! »
Le temps, spectre debout sur tout ce qui sécroule,
Tient et par moments tourne un sablier, où coule
Une poudre quil a prise dans les tombeaux
Et ramassée aux plis des linceuls en lambeaux,
Et la cendre des morts mesure aux vivants lheure.
Est-ce à dire que le poème « Zim-Zizimi », en plaçant le mot de lévénement, « assez », dans la bouche de Dieu et non, comme le fait un autre poème de la même époque, La Pitié suprême [43] , dans celle de nous les Hommes, renonce à faire de ceux-ci le sujet du devenir historique ? Non, car il y a bien en réalité deux exaspérés, instance de rupture du bloc tyrannique dans « Zim-Zizimi » : Dieu , qui dit « Assez ! », et le tyran lui-même, exaspéré par la voix poétique qui sort des choses, des prodiges ; par la lampe de Sumatra surtout, qui est allée très loin dans lhorreur grotesque, et que Zim brise, dans un geste de rage homologue au cri de Dieu. Zim-Zizimi en a assez, assez des discours sur la vanité de la vie des tyrans, et cest lui qui au bout du compte réinscrit dans le bloc dobscurité funèbre de la tyrannie un mouvement qui fait de lexaspération ruptrice la logique immanente du devenir : Zim-Zizimi jette la lampe et entre ainsi de lui-même dans la Nuit de la Mort, réconciliant la violence tyrannique avec le jugement de lInconnu, de Dieu disant « assez ! »
Le discours de la lampe de Sumatra, cest le grain de sable qui fait retourner le sablier : lHistoire amasse les horreurs, jusquà satiété et alors, et alors seulement, de cette satiété même surgit lévénement qui interrompt la répétition des crimes, et juge ceux-ci. Cette logique historique, cest celle dune Histoire tendue non vers la Terre promise mais vers lapocalypse, dans lattente du « bruit prodigieux de Dieu disant : enfin », quand sonnera la « trompette du jugement », Jour de Jugement que la préface du recueil identifie à la Révolution[44].
Oh ! comment concevoir, comment se figurer
Cette vibration communiquée aux tombes,
Cette sommation aux blêmes catacombes,
Du ciel ouvrant sa porte et du gouffre ayant faim,
Le prodigieux bruit de Dieu disant : Enfin !
Oui, cest vrai, cest du moins jusque là que lil plonge, -
Cest lavenir, - du moins tel quon le voit en songe, -
Quand le monde atteindra son but, quand les instants,
Les jours, les mois, les ans, auront rempli le temps,
Quand tombera du ciel lheure immense et nocturne,
Cette goutte qui doit faire déborder lurne,
Alors, dans le silence horrible, un rayon blanc,
Long, pâle, glissera, formidable et tremblant[.] [45]
Le temps, dans cette logique apocalyptique, nest ni succession, ni progression, mais accumulation, accumulation de séquences temporelles indifférenciées et décomposées, « Les instants, Les jours, les mois, les ans », sans emboîtement des instants dans les jours, des jours dans les mois, des mois dans les ans, et surtout sans ces périodes historiques que cernent les grands événements. La temporalité calendaire ici ne permet plus de distinguer les moments historiques. Ces séquences ne constituent pas le temps, mais lemplissent, jusquà ce quil déborde, dans « lheure immense », « hors des temps ». Étrange téléologie historique, qui se calque sur lexpression familière de la goutte deau qui fait déborder le vase, ou de la coupe pleine. Lurne vient à la place du vase et de la coupe, non pour « faire poétique » - nulle part la « familiarité terrible » dont parle Baudelaire à propos de la poésie hugolienne ne se manifeste mieux quici mais dire que ce temps réceptacle est un temps funèbre, un temps de deuil, la mort même, goutte à goutte, cendre à cendre.
Mais lHistoire ne fait plus bloc. Elle est, comme dans le poème de la section « En marche » des Contemplations que je citais précédemment, masse liquide, dont latome est lheure - goutte, elle est une mer, en attente de son débordement, dun nouveau déluge [46] qui serait son propre engloutissement. Fin de lHistoire immanente à elle-même, et la transcendant hors des temps. Lévénement advient de la situation même, lui est immanent, et la transcende ; et lévénement, dans la distorsion de toute mesure temporelle, est « lheure immense » qui connecte la temporalité humaine à linfini, léternité, - dans la mort.
« Enfin ! » dit Dieu. Dieu est le grand exaspéré, celui qui attend son jour « hors des temps » pour que la Justice advienne. Mais il est aussi celui qui dit « assez », interrompt la chaîne des désastres, et rompt le bloc du « fait-tyrannie », pour que le jour du jugement, lavènement de la Justice triomphe dans lHistoire, pour que la Révolution arrive. Dieu dit au peuple : « va ! », délivre-toi de limmobilité funèbre dune Histoire monumentale, minérale. Dieu est le grand impatient, dont la colère et lamour font un révolutionnaire, pour briser limmuabilité des tyrans, et arracher lHumanité à sa lenteur, à sa patience, sa trop grande endurance à la douleur. « Va ! », dit Dieu. Cet appel, venu des profondeurs, est repris par les génies :
Les esprits ont linitiative. En avant ! tel est le cri, - le reproche qui vient des profondeur. [ ] les opacités résistent, les immobilités résistent, les ténacités résistent, le mal résiste, [ ] les marcheurs à reculons résistent, le passé résiste, lavenir, lui-même, dans une certaine mesure, résiste. Éclore est une fracture, naître est un effort. Toute cette résistance agrégée fait bloc. Cela doit céder, et aller, et avancer [ ]. Les génies, la sueur front, donnent le branle. Pour une telle mise en mouvement, il faut cette poussée énorme.
[ .] Ce prodigieux bloc, lhomme, remue et marche. Mais quelle sombre lenteur ![47]
« Quattendez-vous, dit le poète exaspéré. Qui vous arrête ? Ah ! il y a des heures où il semble quon voudrait entendre les pierres murmurer contre la lenteur de lhomme ! »[48]
[1] Littérature et philosophies mêlées, « Journal », « Histoire, p. 64 ; vol. « Critique » de lédition des OEC « Bouquins », dir. J. Seebacher et G. Rosa, 1985.
[2] LHomme qui rit, I, II, 8, p. 165 ; éd. M. Roman, Le Livre de poche classique, 2002.
[3] M.Roman, « Le Progrès selon Hugo », p. 87 ; Romantisme, n°108, LIdée de progrès, 2000.
[4] Notre-Dame de Paris, V, 2 et Les Travailleurs de la mer, I, III, 2.
[5] Les Misérables, V, I, 5 et Quatrevingt-treize, III, VII, 5.
[6] LHomme qui rit, II, I, « Éternelle présence du passé : les hommes reflètent lhomme. »
[7] Littérature et philosophie mêlées., « 1827 Fragment dhistoire », p. 167 ; éd. A.R.W. James, Bouquins (éd.cit.), vol. « Critique ».
[8] Ibid., p. 171.
[9] Océan Faits et croyances ms 13 416 « Poésie art théâtre », fin de lexil ?, p. 188 ; « Bouquins » (éd.cit.), vol. « Océan ». .
[10] Châtiments, VII, 8, « La caravane ».
[11] Préface de la Première Série de La Légende des siècles, p. 47 ; éd. Cl. Millet, Le Livre de poche classique, 2000.
[12] LArt dêtre grand-père, XVIII, 3, « Progrès », p. 855 ; éd. Cl. Millet, « Bouquins » (éd.cit.), vol. « Poésie III ».
[13] Les Misérables, IV, I, 5, p. 1135 ; éd. G. Rosa et N. Savy, Le Livre de poche classique, réédition 1998, vol. 2.
[14] Préface de la Première Série de La Légende des siècles, éd. cit., p. 44.
[15] Les Contemplations, V, 3, « Ecrit en 1856 », 6, p. 234 ; éd. P. Laforgue, GF, 1995.
[16] LArt dêtre grand-père, XVIII, 2, « Persévérance », éd.cit., pp. 853-854.
[17] Les Contemplations, I, 6, « La vie aux champs », éd.cit., p. 38.
[18] Marc Crépon, Géographies de lesprit, Bibliothèque philosophique Payot, 1996.
[19] Les Contemplations, I, 7, « Réponse à un acte daccusation », éd.cit., p. 44.
[20] Ibid., VI, 26, Ce que dit la bouche dombre, éd.cit., p. 376.
[21] Ibid., p. 363.
[22] Ibid., p. 378.
[23] Nouvelle Série de La Légende des siècles, pp. 189-194 ; éd. J. Delabroy, « Bouquins » (éd.cit.), « Poésie III ».
[24] Ibid., XXVI, « Le temple », pp. 545-547.
[25] Ibid., X, 1, p. 345.
[26] Ibid., 6, p. 356.
[27] Ibid, 6, p. 356.
[28] Ibid., 4, p. 350.
[29] Ibid., 7, p. 357.
[30] Ibid., 7, p. 358.
[31] Ibid.
[32] Ibid., 4, p. 350.
[33] Ibid., [le chant du ver du sépulcre], pp. 359-360.
[34] Ibid., XI, p. 375.
[35] Ibid., p. 377.
[36] Ibid., p. 376.
[37] Proses philosophiques de 1860-1865, « Le tyran », p. 614 ; éd. Y. Gohin, « Bouquins » (éd.cit.), vol. « Critique ».
[38] Histoire de la Révolution française, Introduction, p. 59 ; édition Cl. Mettra, Laffont, « Bouquins », 1979.
[39] Les Contemplations, V, 4, « Ecoutez-moi. Jai vécu ; jai songé », éd.cit. , pp. 230-231.
[40] Première Série de La Légende des siècles, XV, éd.cit., p. 517.
[41] Ibid., VI, 1, pp. 267-284.
[42] Ibid., XV, pp. 513-521.
[43] La Pitié Suprême, XIV, p. 954 ; éd. cit., J.-Cl. Fizaine, « Bouquins » (éd.cit.), vol. « Poésie III ». Nous avons analysé dans ce poème cet « Assez ! » de la communauté des démocrates qui rompt lentassement des haines dans le bloc du « fait-tyrannie » dans Le Despote oriental, pp. 87-90 ; série « Victor Hugo et lOrient », dir. F. Laurent, Maisonneuve & Larose, 2002.
[44] Éd.cit., pp. 44-45 : « Les poëmes qui composent ces deux volumes ne sont donc autre chose que des empreintes successives du profil humain, de date en date, depuis Ève, mère des hommes, jusquà la Révolution, mère des peuples [.] ». Labsence de toute « petite épopée » de la Révolution et la composition du volume renvoient ainsi le lecteur, de manière biaisée, à identifier Révolution et « Trompette du jugement ». Même identification dans lIntroduction de Michelet à son Histoire de la Révolution française, I , 4, p. 60 (éd. cit.).
[45] Première Série de La Légende des siècles, XV, éd.cit., pp. 516-517.
[46] Voir en particulier lÉpilogue de LAnnée terrible, p. 177 ; éd. Cl. Millet, « Bouquins » (éd.cit.), vol. « Poésie III.
[47] Proses philosophiques de 1860-1865, « Les génies appartenant au peuple », éd.cit., p. 595.
[48] William Shakespeare, III, II, « Le dix-neuvième siècle », p. 435 ; éd. B. Leuilliot, « Bouquins » (éd.cit.), vol. .« Critique ».