Présents: Guy Rosa, Arnaud Laster, Anne Ubersfeld, Myriam Roman, Philippe Andrès, Ludmila Wurtz, David Charles, Florence Naugrette, Delphine Gleizes, Jean-Pierre Vidal, Stéphane Mahuet, Sylvie Vielledent, Marguerite Delavalse, Françoise Sylvos, Valérie Presselin, Josette Acher, Krishnâ Renou, Jean-Marc Hovasse.
* Guy Rosa annonce la sortie, aux PUF, de l'Histoire de la poésie dirigée par Michel Jarrety. Claude Millet est l'auteur de l'excellente partie consacrée au XIXe siècle.
* Mme Josette Acher, samedi 13 décembre à Toulouse, soutiendra sa thèse : "L'Exil et le droit". Arnaud Laster dit tout le bien qu'il pense de son synopsis.
* Mme Nicole Savy publie ces jours-ci Victor Hugo voyageur de l'Europe, Editions Labor, que G. Rosa fait circuler. Occasion de rappeler son " Images de la Belgique par Victor Hugo, ou l'inverse " dans le volume collectif qu'elle a dirigé : France-Belgique (1848-1914) Actes du Colloque de mai 1996, aux mêmes Editions Labor, et, bien sûr, des pages qu'elle a consacrées à Hugo dans le catalogue de l'exposition Paris-Bruxelles.
* Le groupe Hugo vient de recevoir une adresse e-mail (profonde sensation) :
* M. Éric Sala donnera une conférence à la Maison de Victor Hugo, le jeudi 11 décembre de 18h30 à 20h00, sur "Victor Hugo et l'Orient".
* Marie Tudor sera jouée au Théâtre 14 du 20 janvier au 8 mars, annonce Arnaud Laster. L'année 98 risque d'être très Notre-Dame de Paris, avec un film écrit et réalisé par Patrick Timsit, dans lequel il jouerait le rôle de Quasimodo ; et une comédie musicale (ou un opéra rock) dont la publicité orne déjà le Palais des Congrès de la porte Maillot. [Information complétée depuis par D. Gleizes : ouvre de Luc Plamondon, rendu célèbre par sa Starmania, il y a vingt ans de cela. Il dit (Le Monde, 4/11/97) avoir découvert après coup une adaptation de V. Hugo lui-même dont la musique a disparu (on se doutait qu'Arnaud...) et dont le texte est plus timide que le sien propre...]
* Arnaud Laster pourra bientôt présenter plusieurs maîtrises musicales qu'il a dirigées : une sur le Torquemada de Nino Rotta ; une sur le Marie Tudor de Carlos Gomes (compositeur brésilien du XIXe siècle) ; une sur le Quatrevingt-Treize d'Antoine Duhamel, créé en quatrevingt-neuf ; une enfin, plus classique, sur la mise en musique des Contemplations.
* Dans le cadre d'un cycle sur la mélodie française à l'initiative de François Leroux, Arnaud Laster annonce une soirée musicale Victor Hugo à la Bibliothèque Nationale de France, à 19 heures, le mardi 28 avril 1998. Une soirée Banville est aussi programmée.
Anne Ubersfeld : Je m'émerveille de ce que vous étudiiez ainsi Banville que, pour ma part, j'ai toujours tenu pour un poète nul. En vous écoutant, j'en ai relu quelques vers, et il n'y a rien à faire : il n'avait pas l'oreille musicale. Or, la poésie ne peut pas se résumer au sens de la rime... (Ici, Anne Ubersfeld lit la dernière strophe du rondel "Le Printemps", sur un ton nettement sarcastique, puis elle recommence sur un ton plus lyrique) :
Couchons-nous au bord des étangs,
Que nos maux amers se guérissent !
Mille espoirs fabuleux nourrissent
Nos coeurs gonflés et palpitants.
Te voilà, rire du Printemps !
Non, malgré tous mes efforts pour embellir le texte, ce n'est pas de la poésie !
Arnaud Laster : Je ne peux pas laisser dire ça ! Avec un ton
parodique, on peut rendre ridicule toute la poésie française.
Je vais prendre la défense de Banville. (Ici, après une
pause préparatoire, il se met à dire "Le Printemps"
; puis, dans un silence général devenu admiratif et profond,
"La Nuit") :
Nous bénissons la douce Nuit,
Dont le frais baiser nous délivre.
Sous ses voiles on se sent vivre
Sans inquiétude et sans bruit.
Le souci dévorant s'enfuit,
Le parfum de l'air nous enivre ;
Nous bénissons la douce Nuit,
Dont le frais baiser nous délivre.
Pâle songeur qu'un Dieu poursuit,
Repose-toi, ferme ton livre.
Dans les cieux blancs comme du givre
Un flot d'astres frissonne et luit,
Nous bénissons la douce Nuit.
Je continuerai d'ailleurs cette défense de Banville en revenant
sur l'accusation de cheville portée contre Banville dans son vers
où il comparait Musset à Richelieu : il s'agissait évidemment
du petit-neveu du cardinal, l'académicien ami de Voltaire, Louis
François Armand de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu, nommé
maréchal de France après avoir été ambassadeur
à Vienne et libérateur de Gênes. La vie dissolue qu'il
mena, défrayant la chronique par ses aventures galantes jusqu'à
sa mort à quatre-vingt douze ans, en avait fait l'incarnation du
libertin du XVIIIe siècle, le Lovelace français, un noble
Gillenormand** -- d'où la comparaison avec Musset.
Florence Naugrette : Il est d'ailleurs cité dans le "Écrit en 1846" des Contemplations (V, III), sous le titre qu'il portait, comme tous les fils aînés de la famille de Richelieu, de duc de Fronsac:
Oui, c'est bien vous ; ayant peur jusqu'à la fureur,
Fronsac vieux, le marquis happé par la Terreur,
Haranguant à mi-corps dans l'hydre qui l'avale.
Guy Rosa : La citation de Banville "Il pense, donc nous sommes",
pourrait servir d'épigraphe à la thèse de Myriam Roman,
voire de devise au Groupe Hugo (retournée ou telle quelle). (Frémissements
dans l'assemblée : serait-ce le mot de passe de l'adresse e-mail
?)
Anne Ubersfeld : En tout cas, cette communication est au moins aussi
intéressante sur le plan psychologique que sur le plan littéraire.
Car l'oeuvre de Banville, en littérature, ne continue absolument
pas celle de Hugo. Malgré tous les compliments dont il a été
l'objet, il ne restera rien de ses poésies.
Guy Rosa : La communication de Jean-Marc Hovasse est importante ;
sa thèse le sera plus encore. Elle fait reconsidérer l'histoire
littéraire du XIXe siècle telle qu'on l'enseigne encore aujourd'hui,
qui fait participer Hugo au mouvement littéraire de la première
moitié du siècle et, pour la suite, l'isole en survivance
encombrante, mais inactive et sourde. On voit également que Hugo,
très mêlé à la vie poétique, paraît
assez détaché de la vie théâtrale ou de la vie
romanesque. Et puis cela prouve au passage, contrairement à ce qu'on
entend partout, que Hugo était un bon lecteur.
Arnaud Laster : C'est certain. J'avais écrit, dans Romantisme,
un article sur la critique de Hugo par Barbey d'Aurevilly. Or, elle
trahit l'énorme influence de Hugo sur ses contemporains.
Philippe Andrès : Il est nécessaire d'étudier Banville,
et pas uniquement dans ses relations avec les autres auteurs. Il souffre
sans doute d'être au carrefour de tous les autres, mais est en train
de regagner peu à peu son autonomie.
Chacun souhaite à tous un gai Noël, de bonnes fêtes
et une heureuse année prochaine.
Jean-Marc Hovasse
Prochaine séance le 24 janvier : communication de Françoise Sylvos : " Hugo et Nerval ".
Adresses : groupugo@paris7.jussieu.fr ; Equipe " Littérature et civilisation du XIX° ", Tour 25 rdc, Université Paris 7, 2 place Jussieu, 75005. Tél : 0144 27 69 81.
Responsable de l'équipe : Guy Rosa, rosa@paris7.jussieu.fr.