Présents : Guy Rosa, Jacques Seebacher, Arnaud Laster, David Charles, Ludmilla Charles-Wurtz, Rouschka Haglund, Chantal Brière, Junia Barreto, Marie Tapié, Jean-Marc Hovasse, Stéphane Mahuet, Delphine Gleizes, Franck Laurent, Florence Naugrette, Sylvie Vielledent, Valérie Presselin, Marguerite Delavalse, Krishna Renou, Vincent Wallez, Denis Sellem, Josette Acher, Stéphane Desvignes.
Excusés : Bernard
Leuilliot (envolé vers la Lusitanie), Sandrine Raffin (témoin
d’un mariage), Annie Ubersfeld (qui se trouve à Athènes),
Myriam Roman, Philippe Andrès, Jean-Pierre Vidal, Marieke Stein.
- Guy Rosa fait part
du décès qui a endeuillé la famille de notre
collègue de la Maison de V. Hugo, Madame Danielle Molinari à qui
il a présenté ses condoléances du Groupe avec les siennes.
- Courrier électronique : Franck Wilhelm
félicite Arnaud Laster de son intervention du mois dernier; Sylvie
Jeanneret Myriam Roman et Delphine Gleize pour les leurs. Madame Pernoo-Becache,
chargée de la bibliographie des sites Internet à la BNF et
à la RHLF, accuse réception de la nouvelle adresse de notre site
avec des compliments qui sont allés droit au cœur
numérisé de Guy Rosa. Mais Jean-Marc Hovasse signale que la
sélection des sites littéraires publiée dans Lire ignore le nôtre - omission sans excuse,
puisque nous sommes répertoriés dans les sites de recherches
spécialisés.
-Arnaud Laster : Raoul Ruys
avoue avoir réalisé Le Temps
retrouvé parce qu' il ne lui était pas possible de tourner Les Travailleurs de la mer, trop chers.
Cet après-midi se tient à la
Bibliothèque nationale un colloque "Racine et Shakespeare".
Marianne Bury y fera, à 15h30, une communication sur la
"présence du modèle racinien dans la dramaturgie
romantique".
- Myriam Roman signe un texte sur "Rhétorique du grotesque et pratique du burlesque dans le roman hugolien" dans Poétique du burlesque, ouvrage collectif paru chez Champion. Le groupe en avait pris connaissance en avant-première.
- Rainier Grutman, de l’Université d’Ottawa, informe le groupe qu’il organise un programme de recherche sur la théorie et la pratique romantiques, hugolienne en particulier, du plurilinguisme.
- Jacques Seebacher demande
l’adresse de Bruno Clément, auteur de Le
lecteur et son modèle (PUF écriture, 1999), déjà
félicité lors de la séance précédente.
- Florence Naugrette signale la lecture de poèmes de Châtiments donnée le 17 mai par
Mesguisch au théâtre du Ranelagh lecture suivie d’une
conférence de Florence Naugrette, centrée sur la politique du vers
hugolien, et qui visait à rendre les élèves sensibles
à l’articulation entre poésie et militantisme.
Rectification
Arnaud Laster revient sur le compte-rendu de la
séance précédente : Je n’avais pas dit qu’on
oublie le décor de Mesguisch, mais qu’on se lasse de le voir
identique d’un bout à l’autre du spectacle. Effet ordinaire
des décors uniques.
Jacques Seebacher : Avec le temps, on finit par lire Pierre
Matthieu. Or son Histoire de Louis XI se révèle très utile
pour dater nombre de poèmes hugoliens écrits autour de 1828,
notamment certains poèmes des Orientales. Il se dégage aussi,
à partir de cette lecture, l’émergence d’un style
tacitéen, de moralia, chez Hugo.
2002
approchant, les commerçants vont s’intéresser à Hugo
et les éditeurs nous solliciter. (Approbation unanime) Face à
cela, deux possibilités. Soit chacun reste sur ses terres, soit on
envisage de faire quelque chose autour de la réfection
générale de la biographie. Bernard Leuilliot disait avec raison
que des pans entiers restent obscurs dans la vie de Hugo, qu’il existe
plusieurs sources inexplorées : archivistiques, L’Evénement,
les carnets (qu'il envisage de reprendre entièrement, le travail de
Guillemin n’étant pas sans erreurs). L’image de la
sexualité de Hugo en dépend entièrement et l'on sait la
place qu’occupe la sexualité dans les biographies. A lire aussi,
les lettres de Juliette Drouet...
Arnaud Laster :
Pouchain serait tout désigné pour les publier s'il avait un
éditeur. G. Rosa, quoique sans sympathie particulière pour les
éditeur, croit qu'aucun ne mérite l’édition des seize
mille lettres de Juliette.
Jacques Seebacher :
L’identification de zones méconnues de la vie de Hugo reste
à faire, branchée sur la chronologie la plus exacte. Cela
permettrait de sortir un certain nombre de publications, si on veut bien faire
circuler l’information. Il y a du travail à faire où on est
absolument sûr de trouver du neuf. Par exemple, la fin du Conservateur
littéraire n’est pas publiée.
Florence Naugrette observe un tel élan vers la nouveauté
dans le récent tiré à part du Monde, entièrement
fait de vieux ou très vieux textes, dont aucun d'un spécialiste,
ni même d'une bon amateur.
Arnaud Laster
s'indigne de l’éditorial : nul ! Il en donne lecture, parvient
à la signature -Jean-Philippe Catinchi- et ne résiste pas à
l'annomination tentatrice !
Jacques Seebacher : Fayard
m’a demandé d’écrire une biographie de Hugo. A mon
âge, dans ma condition, avec mon genre de vie, c’est exclu. Il faut
que quelqu’un d’autre…
On n'en saura
pas plus; Jacques Seebacher fait circuler un exemplaire du Victor Hugo, 14 discours, publié en 1851 à la Maison de
l’événement et du bien-être universel.
Guy Rosa : Le centenaire de 1985 avait un double aspect
militant. Hugo, encore objet de méfiance, voire d’hostilité,
était l'enjeu d'un bon combat "littéraire". Et d'un
autre, politique : son nom et son œuvre servaient à bon droit
l'effort pour l'union de la gauche. Tout cela est fini. 2002 sera sans doute
très différent de 1985 -ne serait-ce que parce que c'est
l'année de la double élection. Il est peu probable que le
gouvernement crée, comme il l'avait fait, un "comité
national" pour organiser la célébration du bi-centenaire.
Quant à nous, nous n'avons pas les moyens d'une telle tâche, qui de
toute manière ne nous revient pas.
Franck
Laurent : L’absence de coordination politique peut être
compensée par les demandes marchandes : aujourd’hui, Victor Hugo
est à la mode.
Guy Rosa : En effet, et ce sera
sans doute l'inverse de 85 où l’initiative était
centralisée, politique et militante. Aujourd’hui, quantité
d’initiatives de toutes sortes viennent et viendront
d’éditeurs, de théâtres, de "créateurs
d'événements culturels", de producteurs. Dès à
présent, les éditeurs veulent "être prêts"
comme ils disent, et s’efforcent de réunir chacun son petit
catalogue.
Il propose donc, avec prudence, de faire un
état des initiatives en cours, tout en veillant à respecter la
liberté individuelle et à ne forcer personne à parler
contre son gré.
Myriam Roman prépare l’édition de L’Homme qui rit au Livre de Poche, et le volume de la Foliothèque consacré au Dernier jour d’un condamné.
David Charles de même pour l’édition des Travailleurs de la mer au Livre de Poche.
Jacques Seebacher : Bernard Leuilliot s’y occupera de Quatrevingt-treize.
Vincent Wallez : Plusieurs idées me trottent dans la tête. A propos du cédérom sur le théâtre de Hugo, je pensais à une publication destinée eux enseignants du secondaire — Théâtre aujourd’hui, qui a déjà plusieurs titres, tous de bonne qualité. Or ils n’ont rien sur le théâtre de Hugo. Il serait possible de le proposer à l’éditeur pour 2002.
Florence Naugrette approuve, estimant cette publication
paraît mieux adaptée que le cédérom et rencontrera
mieux son public. Cela paraît aussi plus facile à réaliser
aussi que le cédérom et aussi riche : chaque numéro
contient des interviews, un CD audio et des diapos. Le contact peut être
aisément pris avec l'équipe de Théâtre aujourd’hui.
Vincent Wallez : Le dernier numéro — plus onéreux
— contenait un cédérom.
Jacques
Seebacher : J’ai remarqué une faveur pour Hugo parmi les apprentis
comédiens, dans une école de théâtre. Parmi les
quatre scènes qu’ils présentaient, beaucoup avaient choisi
du Hugo.
Vincent Wallez : Autre idée : publier les fragments dramatiques, qui seraient une mine pour les gens de théâtre, et qui restent pratiquement inaccessibles en dehors de l’édition Massin et des quelques pages chez Robert Laffont.
Stéphane Desvignes : Pas de projet particulier pour 2002...- Guy Rosa : Si, votre thèse (sur le Théâtre en liberté ).
Denis Sellem a le projet d'un film télévisé d’une heure consacré à Hugo, qui sera proposé vraisemblablement à la cinq. Un premier jet de synopsis sera présenté au groupe à la rentrée. Il s'intéresse aussi au travail d'un érudit russe, Dimitri Vasiemski, qui a pisté Hugo partout, et qui, paraît-il, est bon.
Ludmilla Charles-Wurtz prépare Les Contemplations pour le Livre de Poche et pour la Foliothèque. (Les deux éditeurs, œcuméniques, ont accepté cet atténuation de leur concurrence)
Delphine Gleizes : Pas de projet pour
2002...- Guy Rosa : Soutenir, publier votre thèse, et vous mettre en
relation avec la Bibliothèque nationale; la Maison de V. Hugo et l'ITEM
pour une great exposition colloquante sur le geste créateur hugolien. Ce
sera extrêmement chic, et vous obtiendrez un grand succès.
[Un bref débat sur l'intérêt et
l'utilité de la thèse pour la science et la carrière oppose
Jacques Seebacher à Guy Rosa avec interventions d'Arnaud Laster et de
Franck Laurent sur les mœurs des commissions de spécialistes. Le
souci de la sérénité des doctorants conduit à le
censurer ici.]
Valérie Presselin : elle attend, sa thèse étant aux mains de son directeur (Jean Delabroy).
Chantal Brière soutient l’an prochain, sous la direction de Madame Gleizes, sa thèse sur la représentation architecturale dans les romans. J’aimerais faire quelque chose ensuite à propos des inscriptions sur les monuments. Guy Rosa signale l'important travail sur ce dernier sujet de Pascale Dewars et rêve du beau livre d'art qui pourrait être consacré aux architectures et inscriptions hugoliennes.
Sylvie Vielledent : Ma thèse.
Jean-Marc Hovasse : Ma thèse.
Florence Naugrette prépare l’édition d’Hernani pour la Bibliothèque Gallimard, l’
"Etude littéraire" sur
Hernani
(P.U.F), et apportera son concours à Madame Molinari et au Musée
de la Maison de V. Hugo pour l’exposition sur le théâtre de
Hugo.
Rouschka Haglund : Ma thèse, sur les
échos de la parole populaire dans les romans de l’exil.
Jacques Seebacher : Se pose donc la question de savoir
où Hugo a entendu des paroles populaires. D’où
l’intérêt des carnets.
Josette Acher : Des éditeurs veulent publier ma thèse, mais ils en exigent une version informatisée. Or ma thèse est reprographiée à Lille, et je n’ai pas l’intention d’acquérir un ordinateur spécialement pour l’occasion.
Junia Barreto : Je veux finir ma thèse.
Stéphane Mahuet travaille à l’exposition de la Maison
Victor Hugo de Bièvres.
Guy Rosa rappelle que la
Maison de Bièvres -celle des Bertin du vivant de Hugo- possède
plusieurs manuscrits de Hugo, des brouillons de Quatrevingt-treize en particulier, et demande si leur catalogue
existe.
Stéphane Mahuet : Il n'est pas
achevé, mais ce qui en existe peut être communiqué. Et, bien
sûr, les manuscrits et les ouvrages sont consultables.
Jacques Seebacher : Beaucoup d’informations se trouvent sous la
forme de notes prises par Hugo sur des bons d’abonnement de La Presse, mais pas à son adresse. Il faudrait
savoir d'où il les tenait.
Marguerite Delavalse : Ma première thèse portait sur le théâtre du XIXe siècle français. Ma deuxième thèse traitait de la dramaturgie européenne. Elle était trop ambitieuse et je l’ai abandonnée. Aujourd’hui, je m’intéresse aux romans de Hugo. J’ai travaillé sur Victor Hugo et le roman, puis ai produit sur le roman dans le cadre de la littérature comparée. Cela reste non publié. J’ai donné récemment une conférence à la Société historique de la ville de Paris : "Victor Hugo et Paris". Madame Ubersfeld m’a dit que ce n’était pas très bon. Je suis à présent à la recherche d’idées.
Marie Tapié soutient l’année prochaine sa thèse sur les adaptations cinématographiques de Notre-Dame de Paris. Il existe un projet d’adaptation de Notre-Dame de Paris chez TF1, mis à l’écart pour le moment au profit des Misérables où Depardieu jouera Jean Valjean. Par ailleurs, John Boorman se lance dans une adaptation de Notre-Dame de Paris.
Arnaud Laster a des projets, mais pas de contrat signé concernant Hugo. J’ai adressé une lettre au directeur musical de l’Opéra de Paris, pour lui rappeler le grand nombre d’opéras inspirés par Hugo et l'occasion qu'offrirait 2002 de les faire entendre. Une réponse de remerciements m’a été retournée, et le directeur, rencontré, paraît intéressé. Pour autant, rien n’est sûr.
A. Laster : Il serait bon de faire représenter
des pièces de Hugo en 2002, et aussi d'entreprendre une démarche
auprès des autorités politiques : en 1985, elles ont
été alertées, il faut donc recommencer.
Guy Rosa : 2002 risque de ne pas être essentiellement
l’année Hugo…
Arnaud Laster :
…mais celle de la mise en circulation de l’euro.
Guy Rosa : Je l'oubliais. Cela ne rend pas le contexte très
favorable... On peut toujours faire un groupe de Pieds nickelés, ou de
Dalton...
Jacques Seebacher : ... ou
d’évangélistes. Si du moins il y a une Bonne Nouvelle
à annoncer.
Arnaud Laster : Quant au
cédérom sur le théâtre, cela me paraît devoir
être une entreprise collective. Je me sens incapable de mener à
bien les démarches auprès d’un éditeur. Guy Rosa
murmure qu'il s'y efforce…
Jacques Seebacher : Il y aurait en cours un projet de Quid de Hugo...
Guy Rosa :
Nous sommes arrivés à l’éviter en 1985...(Un
débat s’engage sur l’utilité de l’ouvrage) La
question est de savoir s’il est possible, dans un tel volume, de faire,
par exemple, un article "Pierre Matthieu".
Jacques Seebacher : Il y a quelques années, Larousse
élaborait une encyclopédie et nous avait demandé de
rédiger tous les articles sur Hugo. Le résultat, pour être
concis, était bon. Franck Laurent, lui, milite pour l’entrée
de Hugo dans le Guiness Book. Vincent Wallez
suggère de l'y faire figurer pour le plus court échange entre un
écrivain et son éditeur. Pour demander où en était
la vente des Misérables, il écrivit :
"?" à Lacroix qui répondit : "!".
Franck Laurent prépare pour le Livre de Poche une édition des Orientales et des Feuilles d’Automne, ainsi qu’une anthologie raisonnée de textes politiques de Hugo. A partir de sa thèse, il envisage aussi d’écrire quelque chose sur les territoires de la communauté chez Hugo (approche des rapports politiques en termes de territoires pertinents).
Guy Rosa avait proposé à la Pléiade une édition collective des Misérables en trois volumes — un volume pour Les Misérables de Victor Hugo, un volume d’éclaircissements, notes, brouillons etc., et un album contenant, pour commencer, toutes les illustrations publiées du vivant de Hugo. Cela pouvait se mettre en coffret, ou se vendre séparément. L'édition "actuelle" aura 50 ans en 2002 et est indigne de La Pléiade. Je trouvais l’idée éditoriale géniale : elle combinait rigueur scientifique, fidélité à Hugo (texte sans notes ni illustrations), formule commerciale attractive... Gallimard m'a répondu : cela introduirait une rupture dans la continuité de la collection. Peu importe, puisque Lacroix n'avait pas répondu la même chose.
Guy Rosa :
L’informatisation de la chronologie Massin continue (tome 8
achevé). On peut d’ores et déjà y apporter des
corrections (pas encore des ajouts, qui demandent une reconstruction de la base
de manière à y faire entrer toutes les références
nécessaires : auteur de l'ajout, source exacte, contrôle). Pour le
moment, je n’en ai reçu qu’une (de Mme Robardey-Eppstein), ce
qui me laisse méditatif sur l'intérêt de l’entreprise
et son utilité auprès de ses principaux utilisateurs que sont les
hugoliens eux-mêmes. Sans doute connaissent-ils la chronologie par
cœur. Le rapport entre le temps pris et l'utilité escomptée
semble, pour le moment, très défavorable.
Il n'empêche que si l'on veut, par exemple, dresser l'état de
la présence de Hugo dans les théâtres -reprises comprises-
de 1830 à 1843, il est plus rapide de taper les titres des 10
pièces concernées et d'appuyer sur "return" que de lire
les 200 pages environ de chronologie dans les 4 tomes Massin .
Ce relatif désintérêt des hugoliens pour la
chronologie ne me dissuade donc pas de proposer une autre initiative. Il s'agit
de publier -ou de republier- sur le site du Groupe des travaux hugoliens des uns
et des autres -ceux du moins (mais c'est la très grande majorité)
dont la propriété n'a pas été aliénée
par un contrat de publication et un paiement. Comme tous nos textes sont
désormais écrits sur ordinateur et qu'il n'y a qu'à copier
les fichiers, on pourrait aboutir, assez facilement et vite, à une
bibliothèque hugolienne non seulement impressionnante, mais très
commode. Combien de fois ne renonce-t-on pas à une
référence -voir à la lecture d'un texte dont on
connaît pourtant l'existence- parce que son accès est
malaisé. Je commencerais très volontiers par mes propres articles
si cela ne comportait de l'immodestie; mais je suis à la disposition de
ceux et celles qui ne verraient pas d'inconvénient à ce qu'on
puisse les lire chez soi plutôt qu'en bibliothèque et qui me
confieraient leurs textes.
Arnaud Laster : Il existe,
sur Internet, un site consacré aux
Misérables par une étudiante.
Guy Rosa : J’ai vu un certain nombre de sites thématiques sur
Hugo. Je n’en ai jamais rien dit, parce que tous sont scientifiquement
inexistants (mais parfois sympathiques et bien faits, quoiqu'ils soient loin de
valoir, pour le "grand public", les livres existants).
Internet a deux fonctions : la vulgarisation est la seule
connue; mais les scientifiques l'emploient quotidiennement : d'une part pour
l'accès à de grandes bases de données (bibliographiques ou
autres), d'autre part pour la communication immédiate de leurs travaux
(sans parler des échanges par "mail"). Il est vrai que les
scientifiques travaillent dans leurs labos, où il sont connectés.
(silence des savants hugoliens
déconnectés)
L’exposé, mené avec une actio digne d'Annie Ubersfeld, est longuement applaudi.
Guy Rosa : Il est normal que vous ayez obtenu une double
ration d’applaudissements — l’une salue la perfection du
travail académique, l’autre va à votre performance
scénique. J'ai noté que vous semblez parfois
entraînée par vos textes : "piteux représentants
d’un ordre révolu", "ganache de tuteur quadruplement
jobard", "J'en ai fait les trois quarts. Je vais me
dépêcher", "un gueux sans feu ni lieu, couchant dans les
carrières", et d'autres…
Sylvie
Vielledent (répondant à la question de savoir si Victor Hugo a lu
ces parodies) : Dans La Gloire de Victor Hugo, on
lit que Hugo aurait assisté à l’une de ces parodies. Mais
L’Echo des Salons, cité dans La Gloire de Victor Hugo, ne semble pas confirmer ces
propos.
David Charles : Les préfaces du Dernier Jour d’un Condamné et de Han d’Islande montrent que Hugo incorpore la
parodie à sa propre œuvre.
Arnaud Laster :
Avant même Hugo, le cor était signe codé du cocufiage
à l’opéra. Très souvent le son d'un cor rappelle,
constate ou annonce un encornement.
Arnaud Laster, se
souvenant : L’adaptation d’une parodie de Marie Tudor avait été mise en scène par un
élève de Vitez. Cela ne donnait rien.
Franck Laurent : Il n’est pas certain que la
polarité classique/romantique fonctionne pour les auteurs de parodie. Le
référent esthétique serait plutôt le romantisme
libéral de Stendhal, Delavigne, Scribe... bref, un juste milieu
raisonnable — beaucoup plus que Lamartine ou Victor Hugo.
Quant à l’opposition entre Bakhtine et Barthes, je
choisirais plutôt Barthes : je ne suis pas convaincu que le parodie aille
plus loin, qu’elle offre une ouverture subversive.
Sylvie Vielledent : Je pense, en fait, que les mêmes spectateurs
allaient voir à la fois l’original et sa parodie, et que cette
dernière "enfonçait le clou".
Guy Rosa : La subversion dépend de peu de choses : les Guignols de
l’info ont récemment perdu leur force subversive alors que les
procédés, les personnages, les voix sont restés les
mêmes. Et il n'est pas sûr que dans 20 ans la différence soit
encore sensible. Il n'est pas exclu que le jeu par exemple, dont l'exposé
prouve l'importance -car Sylvie Vielledent rend puissamment comiques en les
disant des textes que nous trouverions sans doute consternant en les lisant-,
ait pu y être pour beaucoup.
Franck Laurent : Les
éléments grotesques de Victor Hugo sont subversifs parce
qu’ils sont pris dans une pièce à grande ambition
littéraire. Dès lors qu’on rabat ces éléments
sur une œuvre qui territorialise tout et n’a qu’une ambition
parodique, la subversion s’affaiblit singulièrement. De même,
mettre en scène le peuple n’est pas subversif si c’est pour
dire que les chiffonniers sont grossiers et violents.
Guy Rosa : Il n’empêche que les parodies sont du
côté de la littérature illégitime. Elles peuvent donc
comporter -tout dépend de l'exécution- une part de contestation
envers la littérature instituée et attirer de leur
côté l'œuvre parodiée. Ce qui est certain, c'est que
le nombre et la nature des parodies commentées par Mme Vielledent
prouvent une évidente popularité, aux deux sens, du
théâtre de Hugo.
Quant à
l’opposition entre les parodistes, libéraux mais classiques, et un
Hugo "réactionnaire mais formellement progressiste", elle
éclaire le débat entre Hugo et Le
National : c'est le même. A ceci près qu'il n'y a aucune
sympathie, aucune complicité, chez les gens du National.
Franck Laurent : Le revirement libéral de Hugo a
provoqué des attaques partiellement non fondées. En 1830, ce
revirement n’est pas très récent. Il n’empêche
qu’on le lui reproche : Le National ne peut le
supporter. Le Globe, doctrinaire, se montre plus
souple.
Sylvie Vielledent : Les positions politiques
des parodistes sont très variées. Quant au nombre de leurs
pièces, certains sont très productifs (jusqu’à 300
pièces seuls ou en collaboration), d’autres, pas du tout.
Justement, pour ma thèse, il m’est difficile d’avoir des
informations politiques sur ces auteurs.
Guy Rosa demande à Arnaud Laster si on ne peut
pas voir dans les adaptations de pièces de Hugo en opéras des
sortes de parodies sérieuses.
Arnaud Laster : En
effet, on y retrouve les mêmes procédures, comme
l’abaissement de la situation sociale des personnages ou la suppression du
lyrisme.
Florence Naugrette : Même Vilar, dans
son adaptation de Marie Tudor, coupait le lyrisme.
Arnaud Laster : Je suis frappé par les coupures
pratiquées, ces dernière années, dans les dialogues actifs,
alors même que l’on respecte les longues tirades. Les metteurs en
scène infléchissent ainsi le théâtre de Hugo vers du
grand classique, du grand tragique, et affaiblissent le grotesque.
Franck Laurent : Les auteurs de parodies sont-ils
opposés, finalement, à la pièce ?
Sylvie Vielledent : Non, ils lui rendent aussi hommage.
Prochaine séance:
Samedi 19 juin, à Marines : communication de
France Vernier, "L'ajout dans Les
Misérables".
Equipe "Littérature et civilisation du XIX° siècle", Tour 25 rdc, Université Paris 7, 2 place Jussieu, 75005 Tél : 01 44 27 69 81.
Responsable de l'équipe : Guy Rosa.