Alternativement sous le soleil et sous la pluie, malgré le micro-climat jersiais de la colline, cette séance fut embellie par la merveilleuse datcha et l'accueil princier de nos hôtes. Sur les Marines terrasses, les groseilles étaient grosses comme des framboises, les framboises grosses comme des cerises et les cerises plus nombreuses que les livres dans la bibliothèque de Jussieu ; tandis que les brises Marines chassaient au loin, en un jour de campagne, une année de poussière amiantée. Ce jour-là donc, et ce compte-rendu voudrait en porter le témoignage, le Val d'Oise, pour ne pas être un val d'oisiveté, n'en a pas moins été un val de délices.
Présents : Anne Ubersfeld, François Maille, Guy Rosa, Juliette Laurent, Claude Millet, Franck Laurent, Ludmila Wurtz, David Charles, Florence Naugrette, Philippe Forget, Sonia Sales, Arnaud Laster, Danielle Gasiglia-Laster, Pierre Abraham, Marguerite Delavalse, Josette Acher, Krishna Ranou, Jean-Marc Hovasse.
Excusés : Jacques Seebacher, Yves Gohin, Pierre Georgel, Myriam Roman, Delphine Gleizes, Françoise Sylvos, Carole Descamps, Thomas Bouchet, Laurent Fédi.
* On rappelle la soutenance de thèse de Myriam Roman, à la rentrée, et celle de Josette Acher est annoncée, un peu plus tard. (Sensation profonde.)
* Sur une idée de Claude Millet, la question d'un travail de cédérom sur le théâtre de Victor Hugo est lancée pour 2002. Anne Ubersfeld n'est pas très enthousiaste : elle n'est pas persuadée que le cédérom soit un médium moins mauvais que le livre pour parler du théâtre. Pourtant, le théâtre se prête mieux que tout autre genre à ce traitement, défend Claude Millet : il permet de montrer les différentes mises en scène à travers des extraits, les maquettes des décors, les esquisses des costumes, des enregistrements sonores, voire visuels, etc. etc. Une discussion s'engage..., plutôt favorable au projet, dont la nature (public visé, vue complète ou partielle du théâtre de Hugo) et les modalités (solliciter un éditeur, rédaction d'un cahier des charges, organisation du travail impliquant tout le groupe ou une équipe seulement...) seront discutées à la rentrée.
Mission à tous dont l'exécution ne fera de mal à personne : examiner quelques cédéroms (à la BNF, très bien équipée, si l'on n'a pas de quoi chez soi), de manière que nous ne parlions plus de ce que nous ne connaissons pas du tout.
* En plus de ce projet public, Guy Rosa rappelle les projets de travaux scientifiques déjà envisagés ; les plus urgents et les plus à notre portée restent : l'édition électronique des fragments (seul moyen de disposer d'un seul coup du classement par cotes et de celui de la BN, seul moyen aussi d'effectuer les recherches de textes et citations (toujours beaucoup plus difficiles sur les fragments que sur les oeuvres), et l'informatisation de la chronologie Massin (essentiellement vérification et développement puisque la saisie elle-même ne fait pas problème).
* De son côté, Pierre Georgel donnera sûrement le catalogue de l'ouvre graphique.
* Arnaud Laster suggère, toujours dans cette perspective 2002, de collationner l'ensemble des voeux du groupe. Faut-il prendre l'initiative de l'organisation des cérémonies -comme cela avait été fait en 85 avec le " Comité National V. Hugo ", ou la laisser à d'autres ? A. Laster, maintenant que la situation politique le permet, penche pour l'initiative organisée : elle a impulsé beaucoup de bonnes choses en 85 et a sans doute permis d'en éviter de détestables. G. Rosa penche pour la liberté : notre pouvoir culturel est nul (heureusement) ; notre rôle n'est pas de nous substituer illusoirement aux autorités culturelles mais de répondre à leurs demandes, s'il y a lieu. En revanche, un partenariat est peut-être à proposer à la Maison Victor Hugo. Ces questions seront débattues à la rentrée.
Anne Ubersfeld : Vous apportez la preuve que, quelle que soit la qualité des comédiens, si le texte est jugé scandaleux, il y a toujours des réactions. Mais est-ce que l'on sait quelque chose des décors ou des costumes utilisés pendant ces représentations de Rouen ?
Sonia Sales : Non, il y a très peu d'archives, et les commentaires des journalistes à ce sujet sont pratiquement inexistants : ils sont tous concentrés sur les acteurs.
Claude Millet : Il est certain que les moyens étaient médiocres, d'autant que même le théâtre de Rouen était contraint de prêter ses rares costumes à celui du Havre !
Arnaud Laster : La description du jeu de Marie Dorval m'a semblé particulièrement intéressante. Même si le journaliste qui en rend compte est partisan, ses critiques correspondent certainement à une part de vérité. Or, Hugo était d'accord avec l'interprétation de son actrice. Et ce jeu réaliste convient particulièrement bien au rôle de Catarina, surtout à la fin de la pièce.
Anne Ubersfeld : Oui, c'est le fameux " naturel " de Marie Dorval. Mais autre chose aussi : elle jouait les victimes. C'est pourquoi elle ne jouait pas bien La Tisbe.
Guy Rosa : On a l'impression curieuse que les critiques suivent quelquefois les réaction de la salle, et d'autres fois s'en désolidarisent. Peut-on identifier la manière de faire de chacun ?
Sonia Sales : Malheureusement non : les articles ne sont pas signés. Le seraient-ils d'ailleurs, que cela ne signifierait pas nécessairement grand chose : l'écriture journalistique est souvent collective ou les signatures permutées.
Guy Rosa : Ne peut-on pas attribuer la différence avec le théâtre parisien à l'absence presque complète d'un public d'artistes ? N'est-ce pas à elle que l'on doit l'identification, à Rouen, du drame romantique avec Dumas ? Est-ce que l'on a des informations, recueillies dans la correspondance par exemple, qui prouveraient que Hugo aurait été mis au courant du succès remporté par ses mises en scène ? Il faudrait peut-être aussi aller voir dans les archives de la Société des Auteurs Dramatiques.
Franck Laurent : Et du côté des archives de la police, car il y a à chaque représentation, dans la salle, un inspecteur de police qui fait un rapport. En tout cas, il ne paraît pas y avoir de logique politique dans la réception des pièces de Hugo par L'Écho de Rouen et par le Journal de Rouen : le premier est en effet plus à droite et plus favorable. En gros, l'approbation donnée par la critique rouennaise au drame romantique semble consécutive à l'après Révolution de Juillet.
Arnaud Laster : Est-ce que l'on sait à quelle représentation assista Flaubert ?
Sonia Sales : À la première de Ruy Blas.
Claude Millet : Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que la question du jeu des acteurs revient toujours quand on parle d'Hugo, beaucoup plus que de Dumas ou de Vigny. C'est confirmer qu'il faut d'excellents acteurs pour l'interpréter.
Jean-Marc Hovasse
Equipe " Littérature et civilisation du XIXe ", Tour 25 rdc, Université Paris 7, 2 place Jussieu, 75005. Tél : 0144 27 69 81.groupugo@paris7.jussieu.fr
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