GROUPE HUGO

Equipe de recherche "Littérature et civilisation du XIX° siècle"

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Séance du 11 février 1995

 Présents : Guy Rosa, Cécile Laplassotte, Christine Cadet, Valérie Papier, Colette Gryner, Valérie Presselin, Jim Phillips, Pierre Laforgue, Frédérique Leichter, Jean-Marc Hovasse, Véronique Dufief, Arnaud Laster, Jacques Seebacher, Ludmila Wurtz, David Charles, Josette Acher, Franck Laurent, Florence Naugrette, Despina Provata, Myriam Roman.
Excusées: Anne Ubersfeld, Françoise Chenet.


 Présentations: Mlle Juliette Dablanc travaille sur l'argot des Misérables d'un point de vue génétique.

Mme Despina Provata, qui habite Athènes, vient de soutenir bri1lamment sa thèse sur «Victor Hugo en Grèce (1842-1902)», sous la direction d'Yves Chevrel, à Paris-IV.

Informations

 Victor Hugo aurait-il écrit des vers faux ?

C'est sur cette question de Pierre Laforgue que s'ouvre notre séance. Relisant en effet les épreuves de l'édition des Contemplations qu'il prépare pour Garnier-Flammarion, P. Laforgue s'est demandé s'il fallait bien lire :

«Centres eux-mêmes, ayant des 1unes autour d'eux» («Magnitude Parvi», III, xxx, 2), leçon que propose P. Albouy, à partir de l'édition de Paris. Nous profitons des volumes de la Bibliothèque XIXème pour vérifier immédiatement dans les éditions historiques : le s de «mêmes» y est supprimé. Nous voi1à rassurés sur le sens de la versification que possédait notre poète!

En feuilletant les Contemplations, P. Laforgue découvre, au hasard d'une page, un vers qui a dû inspirer à Julien Green le titre d'un de ses romans : «Chaque homme dans sa nuit s'en va vers la lumière»...

Parus ou à paraître

Sont disponibles en librairie:

Françoise Chenet, "Les Misérables "ou l'espace sans fond, Nizet, 1995.

Myriam Roman et Marie-Christine Bellosta, "Les Misérables", roman pensif, Belin, «Lettres Sup», 1995.

Le numéro de L'Avant-Scène sur «Les Misérables au cinéma» conçu par Arnaud Casier.

Le livre de Guy Rosa, chez Klincksieck, est sous presse.

Appel à communication

Guy Rosa fait circuler une invitation, par 1e Centre d'Études et de Recherches Francophones de Luxembourg, à un colloque sur le thème : «Le théâtre dans le théâtre. Le cinéma au cinéma», le samedi 11 novembre 1995.

Rubrique Spectacles-Expositions

* A. Laster a assisté à la représentation de Rigoletto à Massy-Palaiseau : la fête du premier acte est présentée comme un bal costumé, mais ce n'est que rétrospectivement que le spectateur le comprend, lorsqu'il voit réapparaître les personnages en costume XIXème. Rigoletto apparaît au troisième acte sans aucun des attributs du bouffon, et avec une infirmité réduite au minimum (une légère claudication). Le personnage s'en trouve ainsi édulcoré, assimilé à un père noble, et l'opéra en perd tout son impact.

* A. Laster nous rappelle les films adaptés des romans de Hugo que nous pouvons voir ou revoir en ce moment (un excellent moyen de tester notre connaissance des romans de Hugo, souligne A. Laster!):

- 16 février : Les Misérables, de Jean-Paul Le Chanois, première partie, Cinémathèque de Chaillot, 15h30 (Possibilité d'un tarif réduit pour les membres du Groupe qui se réclameraient du service culturel de Paris III)

A. Laster précise qu'il s'agit de l'adaptation la moins religieuse du roman de Hugo, mais qu'elle n'en est pas pour autant infidèle. Blier en Javert est excellent ajoute F. Laurent ; quant au technicolor, il est flamboyant ! G. Rosa nous rappelle que l'article de Jacques Neefs sur «L'espace démocratique dans le roman» exp1ique très bien pourquoi il ne peut exister d'adaptation satisfaisante des Misérables. A. Laster pense que chaque version est une interprétation particulière du roman, intéressante en tant que telle. La version de Robert Hossein pour la télévision (celle réalisée pour le grand écran est tronquée) adopte une lecture christique -, elle est une des rares versions qui mettent en scène la rencontre de Myriel et du sénateur, de Myriel et du conventionnel.

- 17 février Les Misérables, de Capellani (1913), Centre Pompidou, salle Garance, 20h30

- 19 février Quatrevingt-treize, de Capellani et Antoine (tourné en partie en extérieur, souligne A. Laster, ce qui était alors très rare, et avec un usage très intéressant des gros plans), salle Garance, 20h30

- 23 février: Les Misérables, de Jean-Paul Le Chanois, deuxième partie, Chaillot,

- 26 février: Les Misérables, de Fescourt, (1925), salle Garance (durée : 6 ou 7 heures ... )

- 4 mars : Les Misérables, de Raymond Bernard, salle Garance, à 17h3O et 20h3O

- 5 mars: Les Misérables, de Jean-Paul Le Chanois, salle Garance

A. Laster nous conseille également l'exposition commémorative de la maison Pathé à Beaubourg à l'occasion du centenaire du cinéma: on peut y voir de nombreuses photos des Misérables au cinéma.

* Parallèlement à l'exposition des tableaux de Jean Hugo à la Maison Victor Hugo, A. Casier nous informe que l'on réédite les carnets de Jean Hugo.

Les pièges de la flore hugolienne : Suite du «cochléaria des Guillons»...

Guy Rosa nous communique une lettre de Françoise Chenet, nous annonçant qu'elle a réussi, grâce à Jacques Seebacher qu'elle remercie, à trouver une explication du pluriel des Guillons. Les Guillons sont en effet le nom d'un lieu-dit, dans une petite commune située sur la route de Pontarlier. Abel Hugo en parle dans La France pittoresque. Cette source probable n'exclut pas l'hypothèse de l'abbé Guillon, mais tendrait plutôt à faire penser que Hugo mêle ici le toponyme et le patronyme. Les cochléaria seraient ainsi à comprendre en liaison avec les fromageries de Pontarlier. En brisant le plant de cochléaria, Jean Valjean brise pour ainsi dire le système associatif proposé par les fromageries de Pontarlier, en même temps qu'il piétine un des modèles ironiques de Myriel. Mme Françoise Chenet rappelle le récent article de Jean Gaudon sur Hugo et La France pittoresque.

 

J. Seebacher attire notre attention sur cette manière hugolienne d'insérer dans la fiction des é1éments destinés à demeurer cryptiques. Or ces éléments renvoient très souvent à des souvenirs personnels : en ce sens, on peut y voir la gestion d'une certaine forme d'intimité. Comme Jean Gaudon l'a montré, Hugo réemploie dans Les Misérables des passages déjà rédigés, destinés à produire un effet de réel, à créer l'impression d'une encyclopédie commune. Les «fruitières» de Pontarlier sont décrites par Abel Hugo dans La France pittoresque : elles renvoient à une dimension pittoresque et bucolique, proposent un exemple traditionnel et archaïque d'association productive au moment du saint-simonisme. Profitant des richesses du fonds Polyphème qui possède un exemplaire de La France pittoresque, Je Seebacher nous 1it le passage du premier volume (1835) consacré aux Guillons: ce nom désigne un hameau du Jura, dans une commune qui n'a pas de bourg particulier, la Commune de Grande-Rivière ou Grande Commune. Les habitants de la vallée sont restés serfs du chapitre de Saint-C1aude jusqu'en 1789, et cette longue servitude, selon Abel Hugo, a resserré les liens de famille : la région est connue pour le régime patriarcal qui s'y est établi, et qui rassemble toutes les générations d'une même famille dans une bâtisse commune.

... et invitation au voyage pour les chercheurs hugoliens

J. Seebacher suggère aussi qu'il faudrait chercher du côté des amis de Hugo au moment du sacre de Charles X, Nodier, Taylor, consulter le Voyage à Chamonix, voir du côté de Besançon (dont l'archevêque, Mgr Rohan-Chabot, joue un rôle capital contre Lamennais, fait appel, pour des travaux à la cathédrale, au grand architecte Robelin ... ) Le tourisme est nécessaire à la recherche ! Pour J. Seebacher, la chasse à la signification de l'intime mobilise en chacun de nous ses capacités de folie. Le bon chercheur est celui qui apprend, autant que faire se peut, un bon usage de sa passion...

J. Seebacher poursuit en rappelant l'importance de la société d'amis pour Hugo : Hugo vient d'un milieu ultra, où 1a réalité du lien social est ce qui fait la qualité fondamentale du politique. Pour Joseph de Maistre, le lien social possède un caractère mystique ; en cela, la pensée ultra reprend Rousseau. Or, les années vingt-trente, sont marquées par 1a recherche de ce qui est trace des archaïsmes origine des sociétés (cf. Walter Scott), émergence des religions nationales.

Franck Laurent intervient pour souligner toutefois l'opposition radicale entre l'association prônée dans les années trente par les mouvements ouvriers, et la théorie du lien social ultra qui fonde en nature l'inégalité, tandis que le mouvement ouvrier remet en cause l’in égalitarisme de fait.

J. Seebacher précise que dans les années trente, les théories du lien social (Maistre, ou Bonald) se reversent justement sur la Gauche. Les idéologies de gauche viennent ainsi de la reprise de Rousseau par les ultras après leur passage par l'expérience de l'émigration. Les ultras, comme les mouvements de gauche, sont opposés à la manière non-sociale de gérer l'histoire, qui est celle de la bourgeoisie triomphante autour de 1830, celle-là même que Hugo dénonce dans Notre-Dame de Paris. L'Ami de la religion, qui devient L'Ami de la religion et du Roi après 1830, est une revue ultra, reçue par le clergé français et en particulier le bas-clergé, mais qui soutient le peuple.

F. Laurent ajoute qu'en 1848, la situation change complètement.

En bref

A. Laster a reçu un article de Je M. Thomasseau sur Le Maître d'école de Meurice. Il souhaiterait que l'on étudie plus qu'on ne l'a fait jusque là Meurice et Vacquerie

Guy Rosa a reçu le cours d'agrégation de Jean Delabroy sur Les Misérables et le déposera sous peu à la Bibliothèque XIXème de Jussieu.

Guy Rosa projette une séance finale sur Les Misérables, où la discussion ne serait pas scientifique mais avant tout sincère, comme dans les conversations privées. Pour une lecture intime des Misérables ?

La bibliographie des Misérables établie par Pierre Laforgue pour L'Information Littéraire contient, aux dires de Guy Rosa, un préambule plus qu'intéressant où l'auteur déclinerait le paradigme de la sottise. Les rires complices de Guy Rosa et de Pierre Laforgue n'en diront pas davantage...


Communication de Valérie Papier : “ L'intime dans les recueils de la Monarchie de Juillet  ”. (texte joint)


 Applaudissements d'autant plus mérités que V. Papier passe l'agrégation cette année, et n'a disposé que de très peu de temps pour présenter un résumé (très dense !) de son mémoire de maîtrise. (voir feuilles ci-jointes)

Discussion

Victor et Juliette

Arnaud Laster: - J'ai trouvé votre analyse des deux positions de Hugo face aux monuments, conservation puis apologie de la ruine, très intéressante et re1iées d'une manière nouvelle, mais vous dites que les débuts de la liaison de Hugo avec Juliette correspondent à une période de dépression. Il me semble au contraire qu'ils marquent la fin de la crise.

Valérie Papier: - Je ne crois pas; Hugo traverse alors une crise et la liaison avec Juliette ébranle encore ses certitudes passées.

Jacques Seebacher: - A partir de la naissance d'Adèle et du retour de couches de Mme Hugo, celui-ci est interdit de lit conjugal. Pendant deux ans et demi, il reste sans amour, probablement pas sans maîtresse. Les prostituées qu'il a dû fréquenter l'ont ouvert à une certaine réalité sociale.

Guy Rosa : - A moins qu'il ne soit resté chaste durant deux ans et demi ! Avec Hugo il faut s'attendre à tout...

Ludmila Wurtz: - Je suis d'accord avec l'idée d'une crise dans ces années-là, perceptible dans l'organisation même des recueils: l'énonciation y est morcelée, le poète et l'amoureuse tiennent des discours contradictoires.

Franck Laurent: - La rencontre avec Juliette, parce qu'elle crée un écart moral et social avec l'idéal de «pureté» bourgeoise qui était celui de Hugo, produit un très profond bouleversement qui apparaît dans la lettre à Fontaney, mais aussi dans l'article sur Mirabeau: «il ne rencontre dans la vie que deux choses qui le traitent bien et qui l'aiment, deux choses irrégulières et révoltées contre l'ordre, une maîtresse et une révolution>

A. Laster: - Mais au théâtre, la rencontre avec Juliette permet un sursaut et le retournement de Marie Tudor. Peut-être la crise se poursuit-elle dans les recueils poétiques, mais pas au théâtre.

G. Rosa: - La démarche de V. Papier est logique avant d'être chronologique.

F. Laurent : - Le fait d'avoir une maîtresse fait entrer Hugo dans un rapport sentimental et social tout autre que celui auquel i1 avait pensé.

G. Rosa : - Oui, d'autant plus que cela se passe mal. La liaison de Hugo avec Juliette est rapidement connue, et lui attire des ricanements sournois.

J. Seebacher : - La question du divorce intéresse Hugo à cette époque : le manuscrit de Notre-Dame de Paris porte le nom de M. de Senonnes, député de 1830 qui a déposé une proposition de loi pour le rétablissement du divorce.

G. Rosa: - Les lettres à Sainte-Beuve témoignent d'une séparation consentie.

A. Laster: - Cependant 1a bataille d'Hernani n'est pas un échec.

Le Moi et la Cité

Ludmila Wurtz : - J'irai dans le même sens que Valérie Papier lorsqu'elle présente l'intime comme une mise en rapport du dedans et du dehors. Je voudrais toutefois apporter une nuance : pour illustrer la théorie de l' «écho sonore», tu dis que l'âme recueille le monde et le restitue , je dirais plutôt que ce monde est en puissance dans l'âme. Le poète actualise l'harmonie du cosmos. L'intimité est déjà solidaire d'une logique de l'extraversion. Dans Les Feuilles d'automne par exemple, l'autobiographie devient description du monde. Le moi contient la Cité.

F. Laurent : - J'ai été gêné par l'articulation que vous faites entre l'intime et l'engagement politique. Lorsque Hugo développe le motif de la prise de distance avec la ville, il désigne explicitement la ville comme l'espace des révolutions. Il prend ainsi ses distances avec l'espace politique et révolutionnaire. Les quatre recueils ne forment pas un ensemble homogène : l'aspect politique est présent dans Les Feuilles d'automne comme dans Littérature et philosophie mêlées. En 1835, en revanche, Hugo s'écarte du politique : c'est à partir des Chants du crépuscule qu'il met en pratique la fausse datation et attribue à des poèmes rédigés en 1835 des dates de rédaction qui les situent en 1832. Avant 1835' Hugo s'intéresse à Lamennais, au saint-simonisme, etc. Après 1835, il qualifie tous ces éléments de «systèmes affreux», «démagogues»... A partir de cette date, Hugo revendique un espace de l'intime contre la politique. Même si l'expression peut être choquante, il se comporte en «bourgeois qui a la trouille». Cette période des Chants du crépuscule est évoquée dans Les Misérables, dans «Bien coupé», «Mal cousu», «LouisPhi1ippe», «Lézardes sous la fondation» (IV, 1, 1, 2, 3, 4): Hugo reprend la thématique crépusculaire et l'explicite par un retournement historique pré-révolutionnaire : «Il sentait sous ses pieds une désagrégation redoutable…. Parfois la conscience de l'honnête homme reprenait sa respiration» (IV, 1, 4, p. 435 tome 2 dans l'édition de l'agrégation] Or ne faut-il pas voir Hugo dans la figure de cet «honnête homme» ?

A. Laster : - Cela n'altère pas l'image de Hugo car nous savons bien qu'il n'a pas été d'emblée démocrate!

F. Laurent : - La tentative pour articuler l'intime et le politique caractérise bien la démarche hugolienne, mais justement il faut nuancer et opposer avant 1835 et après.

V. Papier: - De quand date la lettre à Lamartine, où il lui reproche de ne pas S'engager ?

F.Laurent : - Elle est postérieure.

J. Seebacher : - En 1835, paraît le livre d'Alphonse Rabbe, Album d'un pessimiste. Rabbe s'était suicidé fin décembre 1839 comme s'il n'avait pas voulu entrer dans les années trente, comme si la dénégation du Moi correspondait à l'impasse du politique. Les deux poèmes à Canaris, dans Les Chants du crépuscule, sont antérieurs à 1835.

A. Laster: - Il y a aussi un mouvement vers l'avenir, dont témoigne Ruy Blas.

F. Laurent: - Hugo éprouve une peur sociale réelle dans ces années 1834-1835. Jusqu'à ces années, les positions de Hugo visaient à lutter contre la répression, la censure, contre un régime vieux et gérontocrate. Après 1835, ses positions sont nettement différentes.

A. Lester: - N'est-ce pas lié à la campagne pour l'Académie française, où Hugo souhaitait entrer afin de jouer un rôle politique ?

F. Laurent : - Claude Gueux, en 1834, affirme que si l'on n'instruit pas les pauvres, il faudra qu'on leur coupe la tête !

G. Rosa: - Les «démoc-soc» en 1849-.50 n'ont pas si longtemps résisté au ralliement de Hugo sans motifs. Quoi qu'il en soit, une telle ligne de partage entre avant et après 1835 nous conduit à nous demander s'il faut encore envisager les quatre recueils de la Monarchie de juillet comme un ensemble. Ludmila Wurtz, dans sa thèse, propose deux coupes : une après Les Feuilles d'automne, une après Les Rayons et les Ombres, ce qui oppose Les Feuilles d'automne aux trois autres recueils.

V. Papier: - Pourtant Hugo étab1it une continuité entre les quatre recueils. Les Chants du crépuscule sont le seul recueil où Hugo ne se réclame pas du recueil antérieur.

G. Rosa: - Ce qui m'embarrasse est que votre exposé finit par identifier l'intime à la question du lyrisme. Ne faudrait-il pas dès lors parler de subjectivité plutôt que d'intime ?

F. Laurent: - A propos de Nerval que vous citez pour «Fantaisie», je voudrais souligner combien l'opinion commune est erronée, selon laquelle Nerval aurait été uniquement un rêveur, enfermé dans son moi. La doxa refuse encore de reconnaître qu'il fut un journaliste génial et que sa réflexion historique fut très profonde. La thèse de Gabrielle Chamarat l'a montré. Il est significatif d'ailleurs que ce soit Nerval que Hugo choisisse lorsqu'il évoque Juin 1848 dans Les Misérables, même si c'est pour dire qu'il n'est pas d'accord avec lui (V, 1, 20).

Perspectives d'avenir pour le Groupe

A. Laster: - Ne pourrait-on, quand l'exposé est aussi écrit et riche que celui de V. Papier, le donner à lire avant aux membres du Groupe ?

G. Rosa : - Non, car la raison d'être de la séance tomberait, et en outre, cela risquerait de multiplier les critiques de détail, le «pinaillage». En revanche, rien n'interdit  de poursuivre la discussion lors de la séance suivante. Il y a quelques années, un exposé de Pierre Laforgue avait donné lieu à un contre-exposé de Jean-Claude Nabet, et la discussion était passionnante.

A. Laster : - La tendance pour les colloques est actuellement de demander aux participants de communiquer leurs textes avant et de favoriser ainsi la discussion lors du co1loque.

G. Rosa Oui, mais je ne suis pas certain que les membres du Groupe trouveraient le temps de lire la communication. Si elle est lue à voix haute, au moins tout le monde en prend connaissance. La véritable question me semb1e plutôt concerner la création éventuelle, dans quelques années, d'un organe qui serait pour Hugo l'équivalent de L'Année balzacienne.

A. Laster: - 11 y a déjà la Revue des Lettres Modernes chez Minard

G. Rosa : - Oui, mais les publications sont très espacées. Nous aurons aussi à nous demander si nous allons lancer une entreprise collective : transcriptions de la chronologie Hugo sur informatique par exemp1e. La chronologie Massin n'est pas commode à manier et suppose que l'on connaisse au préalable la date que l'on cherche. Il s'agirait de concevoir un programme de saisie de la chronologie Massin sur informatique et de vérification des dates.

A. Laster : - Peut-être pourrait-on envisager une collaboration avec le groupe Hubert de Phalèse ?

G. Rosa : - L'entreprise serait possible à condition d'établir un calendrier des tâches et de répartir le travail.

F. Laurent (amusé) :-   S'agirait-il ici d'une autre méthode pour vider le Groupe

Hugo ?

G. Rosa : - L'autre travail possible serait l'édition de l'Index des OEuvres complètes en «Bouquins», avec une méthode plus simple que celle qui avait été mise en place.

F. Laurent (sérieux cette fois-ci): - Oui, mais étant donné l'existence de FRANTEXT, l'utilité de l'Index ne serait-elle pas limitée ? Il est vrai que toutes les oeuvres de Hugo n'y sont pas.

C'est alors que sous nos yeux éblouis Guy Rosa révèle un nouveau trésor de la bibliothèque XIXème (dans laquelle nous aurons ce jour abondamment puisé ; le Groupe Hugo, pour employer un terme à la mode outre-atlantique, était aujourd'hui particulièrement «interactif»!) un énorme classeur où se trouvent répertoriés tous les textes disponibles dans FRANTEXT

G. Rosa: - On sort actuellement des textes en CD-ROM : la totalité de la littérature latine et grecque, les sources archéologiques, sont déjà disponib1es.

A. Laster: - Ainsi que des compilations de toutes les notices biographiques.
G. Rosa : - La pratique de la compilation est plus discutable, puisqu'elle juxtapose des documents hétérogènes.

Myriam Roman


Equipe "Littérature et civilisation du XIX° siècle", Tour 25 rdc, Université Paris 7, 2 place Jussieu, 75005 Tél : 01 44 27 69 81.
Responsable de l'équipe : Guy Rosa.