GROUPE HUGO
Equipe de recherche "Littérature et civilisation du XIX° siècle"

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Séance du 21 janvier 1995

Présents : Bernard Leuilliot, Guy Rosa, Christine Cadet, Ludmila Wurtz, David Charles, Jim Phillips, Delphine Gleizes, Véronique Dufief, Frédérique Leichter, Cécile Laplassotte, Jean-Marc Hovasse, Arnaud Laster, Florence Naugrette, Valérie Presselin, Claude Millet, Franck Laurent, Josette Acher, Myriam Roman.
Excusés: Anne Ubersfeld, Pierre Laforgue.


Informations

Spectacles-Cinéma-Exposition :

* Lundi 23 janvier, 18h3O, à la Maison des Écrivains, 53, rue de Verneuil, Paris 7ème, Hugolie, par Christian Doumet.

Véronique Dufief qui nous signale la pièce, ajoute qu'elle n'en connaît ni le contenu, ni le projet, et doit se contenter de la présentation quelque peu sibylline du prospectus: «drame dont V. Hugo est le héros».

* Le 16 février, à la Cinémathèque de Chaillot, à 15h3O, projection de la Première partie des Misérables de Jean-Paul Le Chanois (diffusée dernièrement à la télévision). La seconde partie sera projetée la semaine suivante.

A. Laster nous rappelle que trois versions des Misérables sont disponibles dans le commerce, celles de R. Bernard, J.P. Le Chanois, et de R. Hossein. Mais nous pourrons découvrir prochainement les très nombreuses adaptations du roman de Hugo (dont une version égyptienne en gandoura) dans un numéro de L'Avant-Scène.

• Le Rigoletto monté à Massy Palaiseau affiche déjà complet, nous informe A. Laster.

• Jean-Marc Hovasse nous signale à Bruxelles, une exposition de dessins de Hugo (probablement ceux qui étaient exposés à Venise cette année), au 4, Place des Barricades, du 1er au 21 mars.

Tourisme à Guernesey

Guy Rosa nous communique une lettre de M. Franck Wilhelm, professeur au lycée classique de Diekirch (Luxembourg), à M. Iain Shepherd, chargé de mission de l'office du tourisme à Guernesey. En réponse à une demande de celui-ci, M. Wilhelm propose de nombreuses animations touristiques et culturelles autour de V. Hugo dans les îles anglo-normandes : circuits auto-pédestres où seraient reproduits, sur des panneaux, certains dessins de Hugo, création d'un centre culturel V. Hugo, librairie, vente de souvenirs (articles de bureau, portraits de Hugo, reproduction de ses dessins, modèles réduits de sa statue ... ), tournage d'un film ou d'une série d'émissions en rapport avec Guernesey, organisation d'un colloque sur Hugo et l'exil, ou Hugo et les îles de la Manche, création d'un prix littéraire V. Hugo, etc. Il serait également possible de relier par un circuit touristique les différentes maisons V. Hugo, Guernesey, Luxembourg, Bruxelles...

Si vous avez des suggestions, vous pouvez contacter M. Shepherd à Guernesey :

P.O. Box 23

Saint Pierre Port

Guernesey GY 1 3AN

Publications:

* Guy Rosa nous signale un excellent article de Joë Friedmann, «Le rire dans Les Misérables : de la force à la sagesse.», paru dans le n° 31 de Littératures (Revue de l'Université de Toulouse-Le Mirail), automne 1994.

 

* Arnaud Laster nous apprend la parution en novembre 1994 d'un numéro d'Op. cit. (aux Presses Universitaires de Pau) consacré au programme des agrégations de lettres de cette année, avec pour Hugo:

-Michel Bernard, «Les je / nous de V. Hugo. Pluriel de modestie et pluriel de majesté dans Les Misérables»

- Jacques Durenmatt, «Bien coupé? Mal cousu ? Division des Misérables»

- Jean-Claude Fizaine, «L'affaire Champmathieu: Rhétorique et histoire»

- Pierre Laforgue, «Fiction et symbolique dans Les Misérables (1, 11, 8 et 11, 11, 3)»

- Suzanne Larnaudie, «Les Misérables, livre de la misère»

- Dominique Peyrache-Leborgne, «La logique mystico-romanesque des Misérables».

 

* A. Laster apporte un très gros ouvrage en anglais, intitulé Romantic Drama, dans lequel on peut trouver trois pages sur Hugo écrites par M. Howarth (qui avait déjà fait un classique anglais sur Hernani et Ruy Blas). A. Laster émet de très fortes réserves à l'encontre de ces pages, mais ne souhaite pas en dire davantage, puisque Florence Naugrette est chargée du compte rendu.

 

* P. Bénichou publie un livre Selon Mallarmé.

Où l'on a rassemblé ce qui n'entrait dans aucune des rubriques de la page 1

* Arnaud Laster nous rappelle le travail actif de Gérard Pouchain à Guernesey et nous fait part du désir de celui-ci de recevoir les comptes rendus du Groupe.

 

* Guy Rosa organise un rapide sondage autour d'un problème d'interprétation des Misérables: comment comprendre le sens du mot «droite» dans: «L'ombre d'une droite énorme se projette sur Waterloo» (11, 1, 13, «La catastrophe»). Notre auditoire se divise en deux camps: ceux qui comprennent spontanément «ligne droite», et ceux qui voient plutôt «dextra», «main droite de Dieu». Claude Millet souligne à cet égard que la «droite» est une tournure lexicalisée fréquemment employée pour désigner la main du destin. Les deux lectures semblent donc être autorisées. Guy Rosa souligne qu'il serait intéressant de consulter le manuscrit pour voir si «main» n'aurait pas été barré.

 

Précisions sur le calendrier :

- Le 11 février: V. Dufief nous exposera les grandes lignes de sa thèse sur «Le désir de savoir dans La Forêt mouillée, La Fin de Satan, et Quatrevingt-treize» ; V. Papier nous parlera de «L'intime dans les recueils de la Monarchie de Juillet».

- Le 8 avril : Florence Naugrette et David Charles nous communiqueront leurs thèses respectives («La mise en scène du théâtre de Hugo de 1870 à 1993» et «La pensée technique dans l'oeuvre de V. Hugo»)

- Le 20 Mai: exposé de Frédérique Remandet sur «V. Hugo et les Institutions».


Communication deLudmila Wurtz : “Les interlocuteurs de la poésie hugolienne (texte joint)


Des applaudissements saluent son intervention.

Discussion :

Définir un corpus «lyrique»

A. Laster souhaiterait des précisions sur le corpus et sur la définition du lyrisme retenue par L. Wurtz. Il cite une réflexion de Hugo, «Génie lyrique, être soi. Génie dramatique, être les autres.» : - Pourquoi avez-vous exclu Châtiments, La Légende des siècles, et le livre lyrique des Quatre vents de l'esprit ?

L. Wurtz : - Mon corpus est un corpus par défaut ; j'ai dû choisir un critère de sélection qui n'était pas pleinement satisfaisant: j'ai éliminé la poésie narrative (lorsque les poèmes formaient un livre), pour retenir les recueils lyriques. J'ai ainsi exclu La Légende des siècles, J'ai rejeté de même les livres que Hugo considère comme formant un Tout, ainsi que les recueils auxquels il attribue un adjectif autre que «lyrique», Châtiments par exemple (même si, dans les faits, j'ai dû les réintroduire puisqu'ils forment un diptyque avec Les Contemplations). En ce qui concerne le lyrisme, j'ai voulu justement partir de l'idée qu'être soi ne va pas de soi, et c'est sur la définition de cet «être soi» qu'a porté mon travail. La Préface des Contemplations m'a beaucoup aidée, puisque Hugo y montre qu'être soi et être les autres sont indissociables.

A. Laster : - Et en ce qui concerne L'Année terrible ? N'est-ce pas un livre, une narration, plutôt qu'un recueil ?

L. Wurtz: - C'est un livre, mais aussi un journal mois par mois. Pour Les Quatre vents de l'esprit, il aurait fallu ne prendre qu'un livre, le livre lyrique ; en outre le choix de ce recueil impliquait une confrontation du lyrique et de l'épique, ce qui n'était pas mon propos.

G. Rosa : - En effet, Les Quatre vents de l'esprit sont intéressants dans la perspective d'une étude d'ensemble sur la poésie de Hugo, non dans une étude qui se donne pour sujet le lyrisme.

A. Laster: - Il aurait tout de même été intéressant d'envisager ce recueil, qui repose sur une distinction des catégories de l'épique, du lyrique...

B. Leuilliot: - Les catégories des Quatre vents de l'esprit m'ont toujours paru un peu arbitraires,

Par ailleurs, j'aurais aimé revenir sur la distinction que vous faites entre le livre et le recueil. Le recueil me semble être une collection ("recueillir") de pièces diverses, sans souci de cohérence, par opposition au livre, qui manifeste un souci d'organisation. Les Contemplations sont un livre.

L. Wurtz: - Je me suis appuyée sur la thèse de Claude Millet sur La Légende des siècles comme un livre. Dans les recueils lyriques, la cohérence dépend de la figure du poète, non d'une trame narrative.

B. Leuilliot : - Cette cohérence, c'est ce que j'appelle livre, par opposition au recueil qui additionne sans souci d'unité.

A. Laster : - Il y a une cohérence des Quatre vents de l'esprit qui forment un ensemble très structuré.

B. Leuilliot : - La cohérence de cette oeuvre ne m'a jamais paru liée à la différence générique que propose Hugo, mais je conviens que c'est un livre.

G. Rosa: - Un livre de poésie par sa pluralité, mais pas un livre lyrique, intéressant à aborder dans un sujet sur la poésie, ou sur la poésie et les genres.

CI. Millet : - Dans son ouvrage, Käte Hamburger montre que dans le lyrisme politique, l'objet de la poésie est d'une gravité telle que le centrage de la poésie sur le sujet s'en trouve fragilisé. Même dans la nouvelle série de La Légende des siècles de 187, on ne peut pas dire que l'enjeu central du recueil soit le «je».

A. Laster: - En fait, je nie demande si le terme de «lyrique» convient bien à la poésie de Hugo, qui fait éclater les genres.

F. Laurent: - Ludmila montre bien cet éclatement des genres.

A. Laster: - Effectivement, ce qu'elle montre caractérise toute la poésie de Hugo.

B. Leuilliot: - Oui, mais la démarche choisie par L.Wurtz, qui part d'une définition faible du lyrisme pour l'infirmer et redéfinir la notion, n'est-elle pas quelque peu faussée par son point de départ ? Définir le lyrisme comme l'expression d'un moi plein, autobiographique, est une définition très faible des manuels scolaires de la fin du XIXème siècle. Mais le lyrique chez Hugo signifie d'abord et simplement poésie en strophes.

L. Wurtz: - Bien sûr, il y a une part d'artifice rhétorique dans ma démarche, mais pas seulement, car la définition du lyrisme comme expression d'un moi plein reste prégnante, même aujourd'hui.

G. Rosa : - Il n'est pas de poésie sans le moi. Le lyrisme s'oppose fortement à l'épique. On peut difficilement dire que La Légende des siècles est lyrique.

A. Laster: - Dans quelle mesure Hugo ne définit-il pas son lyrisme quand il écrit dans Les Misérables «Faire le poème de la conscience humaine, ne fût-ce qu'à propos d'un seul homme ce serait fondre toutes les épopées dans une épopée supérieure et définitive»?

B. Leuilliot Le sens du mot épopée pose problème également. A l'origine, il signifie l'intrusion du merveilleux ; à un certain moment il devient synonyme de grand récit héroïque.

F. Laurent: - Le but des travaux de L. Wurtz n'est pas de redéfinir des étiquettes et d'en estampiller les oeuvres de Hugo. Le mot lyrisme lui permet de travailler des catégories pragmatiques et concrètes. La seule distinction à laquelle elle ait recours concerne le lyrique et le dramatique. Ce qui est important n'est pas tant la définition de ce qui est lyrique ou pas, que l'observation des rapports qu'entretiennent le «je», le «tu» et le «ils».

Autour des Orientales

F. Laurent : - Pour ce qui est du corpus, le fait de commencer aux Orientales correspond à une étape réelle dans l'oeuvre de Hugo. Le passage de l'ode «Mon enfance» au poème des Orientales, «Ce siècle avait deux ans», traduit bien une évolution: le poème des Odes est construit autour d'un Moi jeune, héroïque, prédisposé à l'épopée, s'inventant des références biographiques invraisemblables, mais très précises (qui définissent un trajet) ; au contraire, le poème des Orientales, tout en reprenant le même sujet, adopte une mise en forme beaucoup plus autobiographique, tout en abandonnant complètement la référence à des lieux précis. Le moi y est flottant, errant, ce qui le prédispose à devenir un «écho sonore». Hugo invente dans ces années-là une nouvelle forme d'inscription du «je» dans la littérature. Certains poèmes, comme «La malédiction», disent «je» mais sans donner de références précises quant à l'identité de cette première personne. A la même époque, Hugo écrit Le Dernier Jour d'un condamné.

L. Wurtz : - Ce qui est encore juxtaposé dans les Odes et Ballades, le moi et les voix du monde, est, dans Les Orientales, confondu.

B. Leuilliot: - La nouveauté des Orientales n'est pas dans chaque poème, mais dans le souci d'organisation du livre. Par ailleurs, ce que dit L. Wurtz du peuple nombré qui devient la foule, me rappelle ce que dit Sartre dans La Raison dialectique sur la sérialisation.

CI. Millet Genette, dans son Introduction à l'architexte, montre qu'un déplacement s'opère dans la définition du lyrisme autour des années 1760-1780 : le lyrisme n'est plus l'imitation du moi, mais l'expression de ce moi comme régime d'énonciation du je. En revenant aux distinctions que j'ai opérées à propos du roman hugolien et des Misérables, il me semble qu'un recueil comme Les Orientales est dialogique car résolument anti-absolutiste. Le dialogisme en poésie fonctionne assez bien lorsque le poète est représenté par une figure de poète fantaisiste, défenseur de l'art pour l'art. En revanche, il fonctionne beaucoup moins bien avec le génie, que Ludmila aurait pu inclure dans les figures de la transcendance. Il me semble que la théorie du génie ne doit pas être écartée de cette conception du lyrisme. La vérité éthique pour Hugo dépend-elle d'une intercompréhension universelle ? Parfois peut-être que non. Car il arrive que la voix du poète devienne une voix surplombante, non pas dans Les Orientales certes, mais dans les recueils suivants. Dans le «je» poétique, il y a quelque chose qui est de l'ordre de la révélation.

L. Wurtz : - Avant l'exil, le «je» hugolien est un «je» surplombant qui entre en conflit avec des discours parasites qui viennent dire autre chose et remettre en cause le point de vue surplombant. C'est le cas, par exemple, du discours de l'amoureuse.

L'énonciation politique sous la Monarchie de Juillet

F. Laurent: - L'effet politique de l'énonciation du «je» lyrique sous la Monarchie de Juillet est de produire une rupture. A partir de 1835 plus exactement, le poète essaie de faire communiquer le haut et le bas de la société : il adopte une position goethéenne pour ainsi dire, où le poète arbitre, donne des leçons au Roi comme au peuple. Or cette position n'aboutit à rien. Dans ces années-là, Hugo dénie toute positivité au peuple, et le motif du Peuple-Océan disparaît. Et paradoxalement, alors que Hugo est de plus en plus explicitement à la recherche d'une position du peuple dans la Cité, cette période est celle où il écrit le moins de poèmes politiques. La pensée politique de Hugo dans ces années-là se fait surtout au théâtre. Au contraire, à partir des Contemplations et de Châtiments, tout passe dans la poésie.

L. Wurtz : - En effet, la position énonciative est toute autre sous la Monarchie de Juillet.

Parole du peuple, parole grotesque

A. Laster : - J'aurais une autre question à vous poser: lit-on vraiment la poésie au XIXème siècle uniquement à bouche fermée ?

L. Wurtz : - Il est vrai que Hugo faisait aussi des lectures à voix haute.

CI. Millet: - Cependant, la lecture silencieuse existe depuis Saint-Ambroise au Vème siècle.

A. Laster : - A. Ubersfeld traite du théâtre d'avant l'exil. Le Théâtre en liberté change beaucoup de choses.

L. Wurtz : - J'ai utilisé l'ouvrage dA. Ubersfeld à des moments très précis, pour expliquer le passage des Rayons et des Ombres puis des Contemplations.

A. Laster: - Vous dites que la parole du peuple est inefficace, oui, mais elle ne me semble pas insignifiante. Dans le Théâtre en liberté, cette parole du peuple change complètement, comme en témoigne le personnage de Glapieu, par exemple. Le rapport avec le public, aussi, est tout autre. Par ailleurs, pourquoi dites-vous que le grotesque se définit par l'absence d'une parole propre ? Cela ne me semble pas le seul critère.

L. Wurtz : - J'ai simplifié pour l'exposé ma démonstration. Pour cette absence de parole propre, je parlais du personnage de la mère, dont le discours juxtapose deux discours contradictoires, celui des puissants et celui des faibles, de manière non harmonieuse.

A. Laster : -Le grotesque ne se résume pas à l'impossibilité d'une parole propre. Prenons le cas de Gavroche.

G. Rosa: - Mais Gavroche a-t-il une parole propre

F. Laurent: - Le grotesque est lié au peuple; il marque l'aliénation populaire.

A. Laster : - C'est peut-être sur le sens de «propre» que joue la nuance.

L. Wurtz: - Mon emploi du terme se limitait à un type de personnage où s'affrontent deux paroles contradictoires.

Le Peuple-Océan

F. Laurent: - A propos de la notion de légitimité, au début du XIXème siècle, chez des personnalités aussi différentes que Guizot et les doctrinaires, et Lamennais, le discours sur la souveraineté est un discours à deux faces : il n'y a pas de souveraineté sur terre ; la notion est renvoyée dans un au-delà des idées. Chez Guizot, la souveraineté vient de la Raison, qui est Dieu ; chez Lamennais, elle vient de Dieu. Dans ces conditions, nul homme ne peut se réclamer d'une légitimité totale. Il faut voir dans ce débat un double renvoi dos-à-dos, de la souveraineté de droit divin comme de la souveraineté populaire. Or, si Hugo refuse très tôt la souveraineté d'un seul, en revanche, il pose le problème de la souveraineté populaire. Dès cette époque, le peuple comme totalité de la collectivité apparaît à Hugo comme une forme de la divinité.

A côté de la distinction de la foule et du peuple, je me demande dans quelle mesure il ne faut pas envisager le Peuple-Océan comme un troisième terme, irréductible à l'opposition foule / peuple. Le Peuple-Océan n'est pas la foule, mais il n'est pas non plus le peuple, puisqu'il ne prend pas la parole, puisque le poète ne lui parle pas, mais parle de lui. Le Peuple-Océan est caractérisé par son impossible définition et sa puissance, non de sujet, mais d'agent historique.

D. Charles: - L'Océan, c'est la foule en lutte avec le peuple.

L. Wurtz: - Il est aveugle et nécessaire comme Dieu.

G. Rosa : - Le Peuple-Océan, n'est-ce pas ce qui est commun à la foule et au peuple ? Il faut des choses communes à la foule et au peuple, sans quoi la transformation de l'un en l'autre serait impossible.

CL. Millet: - La notion peut être envisagée comme la création d'un espace commun à l'un et à l'autre.

G. Rosa: - P. Albouy a certainement écrit sur le mythe du Peuple-Océan.

Bilan et perspectives

G. Rosa : - L'un des intérêts de la thèse de L. Wurtz est de proposer une nouvelle périodisation et de placer la coupe non avant et après l'exil, mais avant et après Les Chansons des rues et des bois. La théorie du génie qui vaut de Châtiments à William Shakespeare ne vaut plus à partir des Chansons. Une seconde carrière de Hugo se dessine, pas seulement dans la poésie, mais aussi dans le roman. On peut alors parler de Hugo, «poète amateur», c'est-à-dire reprenant des caractéristiques de la «poésie amateur» après 1870: référence à l'actualité, poèmes de circonstance publiés séparément, caractère oratoire, abandon de la forme strophique...

Pour revenir au recueil des Odes, c'est une oeuvre d'autant plus difficile à situer que sa composition n'est pas fixe.

A. Laster: - Comme La Légende des Siècles.

G. Rosa : - Pis encore. Il n'y a que deux versions de La Légende des siècles.

F. Laurent: - Tandis qu'il y a cinq publications des Odes

D. Charles: - Plus celle de 1853.

G. Rosa: - Sans oublier les textes désavoués comme Han d'Islande.

Myriam Roman


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Responsable de l'équipe : Guy Rosa.