GROUPE
HUGO
Université
Paris 7 - Equipe de recherche "Littérature et
civilisation du XIX° siècle"
Présents: S. Emmerich, A. Rosa, F. Chenet, S. Petrey, Franck Laurent, A. Ubersfeld, J. Acher, Y. Gohin, V. Dufief, J.-C. Nabet, A. Laster, J. Seebacher, D. Laster, F. Naugrette, C. Aubaud, G. Malandain, G. Rosa, H. Cellier, A. Spiquel, P. Laforgue, C. Millet. Excusés: J.-P. Reynaud, J.-C. Fizaine, J. et S. Gaudon, Mme Journet, P. Hamon, F.-P. Bowman, B. Leuilliot, D. Charles.
· Le 17 juin, on pourra voir à la télévision le Notre-Dame de Paris de Delannoy, mais scénario et dialogues de Prévert.
· Le 20 juin à 11h., le musée d'Orsay organise une projection des Travailleurs de la Mer d'Antoine à laquelle les hugoliens sont invités grâce à l'amabilité de N. Savy et A. Kherroubi.
· Le 24 juin, dans la crypte du Panthéon, et sous l'égide de la Société des Poètes français, aura lieu une commémoration en l'honneur de VH, à 11H. La fille de Mounet-Sully dira des vers de VH, après un discours d'A. Laster. Rendez-vous à l'entrée.
· Le 17 juin, FR3 propose Marie Tudor, par Abel Gance.
· Le 24 juillet, P. Laforgue interviendra au Collège de France, dans le cadre du colloque de l'AIEF: "les écrivains et l'exil". Les supporters sont invités à se montrer sportifs et disciplinés; la vente de boissons alcoolisées est interdite.
· Radio FM, 106.5, a produit récemment une dizaine d'émissions sur VH, poésie et idéologie, entre minuit et 3H du matin. On peut se procurer les cassettes auprès d'Eric Chams.
· Les comptes rendus de l'édition "Bouquins", réunis par les soins de Jean-Claude Fizaine doivent paraître au n° 3 de Romantisme, 1990. Le n°1 étant pas encore paru, on fera preuve de patience (avancer l'index pourrait calmer la nervosité).
· M. Bellosta vient de donner au Magazine Littéraire un article sur les volumes Chantiers et Océan.
· Le "Panorama" de France Culture a lui aussi rendu compte de Chantiers. Favorablement.
· Nous déplorons la disparition récente de J.J. Roubine. Sa thèse sur Audiberti comprenait toute une partie consacrée aux rapports de VH et Audiberti.
· Nous devons aussi annoncer, avec beaucoup de regrets, le décès de la conservatrice de la Bibliothèque de Lettres et Sciences Humaines de Jussieu, Mme Tréla, qui nous faisait un accueil si aimable.
· La Société des Etudes romantiques a plusieurs colloques en préparation :
- L'idée de nationalité, prévu pour 1992, organisé par Françoise Gaillard.
- La Femme et le féminin chez Lamartine, sous l'égide de J.P. Reynaud, les 16-17-18 novembre prochains à Dijon. Quelques hugoliens y prendront la parole : G. Rosa (Le gynécée de Geneviève),A. Spiquel (L'image de l'Orient et Lady Stanhope, dans Le Voyage en Orient), A. Ubersfeld (L'eau, la femme, la mort dans les poèmes lyriques), J. Maurel (Le fil tendu entre La chute d'un ange et La fin de Satan) et J.-C. Fizaine (parallèle entre la mort de Léopoldine et celle de Julia).
- "Programme de l'oeuvre, oeuvres du programme", en 1991, organisé par M. Crouzet.
Y. Gohin présente un texte dont il doit la connaissance à l'amitié de R. Fayolle. Il s'agit d'un article d'E. Fournier, "Un devoir de VH en rhétorique", paru dans le Magasin littéraire, n°39, septembre 1844.(voir ci-après)
Il faut y noter une erreur évidente: en 1817, V. Hugo n'était plus en Rhétorique, mais en Philosophie; il faudrait également savoir qui était E. Fournier, ce plumitif obscur, et d'où il tenait cette anecdote (de VH lui-même ?).
Mais il est surtout notable que l'intérêt pour l'enfance du grand homme, déjà représenté comme "premier en tout" soit si précoce dans le siècle. Au-delà, il vaudrait la peine de s'interroger sur le rapport entre la gloire de VH en son temps, l'image reçue de lui, et celle qu'il construisait lui-même. En un sens, un abîme sépare ces deux mythes de la singularité de Hugo; en un autre, cette glorification naïve n'est pas entièrement étrangère au mythe personnel élaboré par le poète. Etendue aux dimensions de l'oeuvre entière et du siècle, cette question de la singularité, objective et subjective, de Hugo mérite sans doute d'être posée -et ne l'a pas été jusqu'à présent.
J. Seebacher intervient pour préciser que le cousin en question a toutes chances d'être un Foucher -peut-être celui qui fera une belle carrière dans la magistrature- plutôt qu'un Trébuchet.
Ce fut un éblouissement. Assaillis, débordés de concepts, nous pêchions çà et là, dans nos cerveaux meurtris, des bouts d'idées peu présentables. Nous avions faim, il faisait chaud. Faute de whisky et de glaçons, la métaphysique se répandit.
G. Rosa se demande si le naturalisme historique de Hugo ne rencontre pas la mort comme obstacle. La nature, on l'a dit, est porteuse de vitalité, de progrès; comment peut-elle en même temps prendre cet aspect funèbre?
C. Millet : Jusqu'à Paternité, le thème de l'exil dans la nature est lié au refus de s'inscrire dans une société dont on n'accepte pas les jeux. La vie qu'insuffle dans l'Histoire la comète, c'est une vie pleine de mort.
G. Rosa : La mort implique l'idée d'une nature cyclique, fabriquant incessamment de la mort avec de la vie, à moins que ce ne soit l'inverse. Dans ce sens elle n'a plus de rapport avec la linéarité du progrès dans l'Histoire. Cela fait problème.
J. Seebacher : La Terreur, la Saint-Barthélémy, le massacre de juin 48, tout cela n'est qu'un moment. Le travail de l'historien est de voir la ligne de l'Histoire au travers de la régression historique.
C. Millet : Il y a un travail de repositivation de l'Histoire dans l'Epopée du ver.
A. Ubersfeld : Je me demande dans quelle mesure ressurgit la thématique de la Bouche d'Ombre. Il y a renaturalisation de l'homme : tout est plein d'âme. C'est le moment où passe le rayon de l'éternel amour, où le cosmos se réhumanise.
C. Millet : Oui, c'est très net. La liberté de VH en 77 par rapport à toutes sortes de fantaisies qu'il ne se permettait pas en 59 est flagrante. La série de 77 est la plus abyssale, la plus cosmologique.
A. Spiquel : Cependant, les trois séries se terminent sur l'ombre.
Y. Gohin corrige C. Millet: Phtos est une figure du progrès.
C. Millet: Oui, mais pas la figure du progrès.
Y. Gohin: Pour VH, la révélation de Dieu se fait au XIXè siècle. C'est peut-être la vraie révolution que cette révélation, progrès où le peuple n'a aucun rôle. Mais elle ne vient pas du ciel: elle demande, au contraire, l'abandon des apparences: du monde dont la surface est occupée par les dieux menteurs. Il n'y a de liberté qu'en s'enfonçant dans une sorte de néant.
Cela conduit à préciser ce qu'il faut entendre par "nature" et d'abord par la "terre" qui n'est pas la nature et n'est pas elle-même un objet simple. Sa présence traverse toute cette seconde série, mais sous deux aspects: à la fois comme matière, inertie, et comme vie, dynamisme. En ce sens, dans cette ambiguïté même, la terre est essentiellement historique. L'abîme, lui, -le ciel- ne l'est pas. On risque de fausser les choses, ou de se les compliquer inutilement, à confondre terre et ciel sous le terme commun -peut-être sans grande réalité chez Hugo- de "nature".
G. Rosa : Cela rejoint ce qu'a montré C. Millet -si j'ai bien compris: d'un côté une bonne physique -le ciel- et de l'autre la biologie plus ou moins dégoûtante de l'organique -la terre.
C. Millet : La série de 59 est unidirectionnelle: verticale: Pleine mer-Plein ciel; celle de 77 est bidirectionnelle: le développement historique, horizontal d'abord, développé dans le temps, se résorbe en verticalité: un ver de terre, une comète, un Dieu qui pourrait bien ronger comme le ver.
A. Laster : Le grand intérêt de l'exposé de C. Millet était d'inscrire la Légende de Siècles de 77 dans son époque, ce qui en fait, en partie, une oeuvre de circonstance. Elle est ainsi située par rapport aux débats déterministe, scientiste etc. Cela dit, Hugo ne s'arrête pas là. Il serait intéressant de voir la suite, et pas seulement la série de 83, mais tous les textes parus après la "Nouvelle série".
C. Millet : Oui, il faudrait étudier dans le même esprit L'Art d'être Grand-père, ...
A la question de J. Seebacher: Hugo pouvait-il encore dire, en 77, "la mort est bleue"? nul ne sait répondre. Il propose qu'en 1877, pour Hugo, c'en est fini de la vaseline religieuse, de la lubrification métaphysique des catastrophes et des angoisses: le temps était venu de l'organique orgasmique.
François Maille avait tout préparé pour nos bouches, dans l'ombre. On s'étala au grand soleil. Et Gohin lut ses griffonnages d'écolier: A Jacques Seebacher.
Equipe "Littérature et
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Responsable de l'équipe : Guy Rosa.