Présents :
[non noté]
. Guy Rosa se fait un agréable devoir de joindre à ce compte-rendu
l'annonce et le bulletin de souscription pour les deux volumes d'hommage à
M. Max Milner, à paraître chez J. Corti (je regrette seulement
de me faire du même coup de la "pub" puisque j'ai eu l'honneur
de participer à cet hommage -heureusement, il y en a 45 autres -dont
Jacques Seebacher). R. Journet souligne le prix, exceptionnellement bas -pour
Corti surtout, de cette publication.
. Dans la collection des "Travaux de l'Université de Saint-Etienne",(Centre Interdisciplinaire d'Etudes et de Recherches sur l'Expression Contemporaine),un récent «G comme Hugo» dont le sommaire est: R. Bellet, «Le G majuscule dans l'onomastique hugolienne», Philippe Régnier, «Le poète, les Prêtres et le Prophète: Victor Hugo et les saint-simoniens.» «Une lettre inédite de Pierre Leroux (1831)» (c'est la reprise d'une communication dont P. Régnier nous avait fait l'honneur, il y a un ou deux ans), S. Michaud, «Une encyclique d'Enfantin non envoyée (1841)»; A. Court, «Lamartine lecteur des Misérables» (la question a été déjà plus qu'abordée par P. Malandain), René Berchoud, «Le Labyrinthe Inès de Castro» (dont A. Laster, à qui rien de ce qui concerne le théâtre de Hugo ne saurait être étranger, dit le plus grand bien), Jacques Migozzi, «L'engagement d'une écriture: stratégies énonciatives du Dernier jour d'un condamné à Claude Gueux» (cette question là non plus n'est pas tout à fait vierge), Laudice Retat, «Hugo et l'inspiration -d'après William Shakespeare», B. Teyssot, «Sur quelques éléments imaginaires de composition dans L'Homme qui rit».
.J. Seebacher demande qu'on lui dise où se trouve le second hémistiche
de ce vers (le premier n'est pas sûr):
Qu'on pourrait dévorer après deux jours sans pain.
D'autre part, il vient de recevoir, de J. Gaudon, copie de la lettre que ce
dernier adresse à la maison Gallimard pour lui confirmer qu'il ne renonce
nullement -contrairement à ce que certains de cette Maison s'étaient
imaginé- à publier «L'Homme qui rit» dans le volume
où prendra également place «le Quatrevingt-treize»
procuré par B. Leuilliot. Comme, par ailleurs, J. Seebacher lui-même
et Y. Gohin publieront un autre volume contenant les premiers romans, l'achèvement
de la publication de l'oeuvre romanesque de Hugo dans la Pléiade est
en bonne voie.
. J. Seebacher résume l'orientation qu'Agnès Spickel donne à
sa thèse, consacrée à la figure d'Isis dans l'oeuvre
de Hugo. La question centrale est de savoir pourquoi, à une date qui
semble coïncider avec l'apparition et le développement de l'emploi
du vocabulaire de l'immanence (cf. Y. Gohin), les références
au mythe d'Isis disparaissent de l'oeuvre de Hugo. Peut-être est-ce
lié à une réorientation de l'interprétation du
mythe qui en commande l'effacement. Si le mythe est toujours muet sur ce que
révèle le dévoilement d'Isis -il n'y a jamais de contemplation
d'Isis nue-, et si son voile ne cache pour ainsi dire rien, c'est
que l'acte de connaissance fait disparaître l'idole de la nature. L'absence
du mythe d'Isis renvoie donc logiquement à son omniprésence
pour toute philosophie proprement "naturaliste": où la nature
n'est pas posée comme une puissance adverse à l'humanité
mais comme son enveloppe -maternelle. Ainsi toute mère: immanente au
foetus, transcendante au bébé (N.D.L.R.). Bref, une fois le
voile d'Isis levé, celle-ci disparaît parce que le penseur reste,
émerveillé, sous sa jupe.
Il y a donc là -ces lignes n'en sont évidemment que l'ébauche-
un prolongement esquissé au travail de Pierre Albouy: à une
moment donné, la "mythologie" se voit relayée et dépassée
par une démythologisation, moyen de parvenir à "l'histoire
réelle, chacun remis à sa place".
De la leur, Gabrielle Malandain, René Journet, A. Spickel complètent
cette percée. En soulignant d'abord la généralisation
possible de cette procédure qui consiste à retourner un mythe
mystique en outil de réalisme; en signalant aussi, dans cette perspective,
les rapprochements qu'il faudrait opérer entre un tel emploi du mythe
et celui pratiqué par Nerval, à la suite de Novalis. Ce qui
repose la question de la familiarité de Nerval avec les textes allemands
-Nerval parle la langue, sans doute la connait-il trop peu pour lire sans
aide des textes littéraires particulièrement ardus: il a vraisemblablement
eu recours à un traducteur intermédiaire pour connaître
et traduire Goethe et Heine; et pose, plus généralement, celle
de la présence de Novalis en France. Pour R. Journet, si une circulation
souterraine des idées et des thèmes est plus que probable, une
influence directe et identifiable de Novalis semble exclue: son oeuvre n'est
pas traduite et il a été totalement ignoré pendant toute
la première moitié du siècle.
Au-delà de Nerval, le mythe d'Isis est sans doute essentiel pour tout
le romantisme: Michelet, par exemple, le reprend au moins deux fois: dans
la «Bible de l'humanité» et dans «L'amour».
Bryan Juden avait déjà cité plusieurs autres textes.
A. Laster souligne l'extraordinaire succès rencontré par la
transposition de «La Flute enchantée» intitulée
«Les mystères d'Isis».
Comme toutes les vraies thèses, celle d'A. Spickel sera, dès
que soutenue, à réinscrire (ainsi que l'inscrivent désormais
dans la loi, très judicieusement, les nouveaux textes sur les doctorats).
C'est ce qu'on se propose maintenant de vérifier sur le travail en
cours de Bernard Degout.
Plus ou moins intégrée au résumé de la communication.
Guy Rosa
Equipe "Littérature et civilisation du 19° siècle"
Bibliothèque Jacques Seebacher, Grands Moulins, Bâtiment A, 5 rue Thomas Mann, 75013 Paris. Tél : 01 57 27 63 68; mail: bibli19@univ-paris-diderot.fr. Bibliothécaire: Ségolène Liger ; responsable : Paule Petitier
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