Présents : Simon
Bournet, Chantal Brière, Brigitte Buffard-Moret, David Charles, Françoise Chenet-Faugeras,
Bernard Degout, Marguerite Delavalse, Bénédicte Duthion, Mireille Gamel, Jean-Marc
Hovasse, Franck Laurent, Bernard Le Drezen, Anne Maurellet, François Maille,
Jean Maurice, Claude Millet, Claire Montanari, Florence Naugrette, Yvette Parent,
Marie Perrin, Annette Rosa, Guy Rosa, Anne Ubersfeld, Sylvie Vielledent, Vincent
Wallez.
Le groupe Hugo, qui se donnait rendez-vous tous les mois de juin chez Anne Ubersfeld, se réunit, pour cette dernière séance de lannée, chez Florence Naugrette et Jean Maurice, dans le cadre verdoyant de la Normandie, heureux changement des tours et des sous-sols de Jussieu. La séance, champêtre et cependant sérieuse, souvre solennellement sur la passation de pouvoir de Guy Rosa, responsable du Groupe Hugo, à Claude Millet. Quoique avec solennité, il ne le fait pas à la manière des empereurs romains désignant leur successeur : notre Groupe, partie prenante dans léquipe « Littérature et civilisation du 19° siècle », a naturellement pour responsable lun des professeurs de cette équipe, hugolien de préférence. Claude Millet na pas été élue pour ses qualités seulement mais bien afin de conduire les activités hugoliennes implantées et accueillies à Paris 7. Elle prend ainsi, tout naturellement, la suite du travail de Pierre Albouy, Jacques Seebacher et moi-même et nous nous succédons, non comme « chefs » ou « directeurs » mais quasi cursores lampada trahunt.
Cette continuité a plusieurs valeurs. Scientifique dabord : une mémoire vivante des travaux antérieurs nest pas inutile ; institutionnelle aussi : une Université gagne en réputation et en identité à être longuement reconnue comme centre dune activité scientifique ; humaine et sociale également : sil était une famille, le Groupe Hugo serait une famille à trois ou quatre générations. Dans le cas, une admirable régularité sy ajoute : Claude Millet a quinze ans de moins que Guy Rosa qui en a quinze de moins que Jacques Seebacher.
Mais, pérore Rosa, nous navons pas à attendre le réveil de lEmpereur ; dans notre Burg souterrain, V.H. est vivant. (Sensation prolongée)
Florence Naugrette informe de la publication dune somme collective, chez Champion : La Fabrique du Moyen-Age au XIXème siècle. Elle a elle-même participé à la conception de louvrage, dont elle a rédigé deux articles en collaboration avec Jean Maurice.
Guy Rosa communique avec les excuses de Loïc Le Dauphin pour son absence le motif de celle-ci : il fait jouer une adaptation de Lorenzaccio de Musset et est en tournée théâtrale avec ses élèves. Ils joueront à Paris les 21, 22 et 23 juin.
Florence Naugrette cherche un hugolien pour participer à un colloque qui se tiendra à Aix en juin 2007 et qui portera sur les fantasmagories du Moyen Âge. Sylvie Vielledent et Chantal Brière se proposent de travailler ensemble sur le sujet.
Chantal Brière, seule cette fois-ci, interviendra dans un colloque portant sur « Lécrivain et le modèle archéologique au XIXème siècle » qui aura lieu à Nîmes les 3, 4 et 5 juillet ; elle parlera de Quatrevingt-Treize.
Florence Naugrette suggère dinviter Sylvain Ledda, auteur dune thèse brillante récemment soutenue sur la représentation de la mort dans le théâtre romantique, à présenter une communication sur ce sujet, restreint évidemment au théâtre de Hugo. Dans sa thèse, Sylvain Ledda a en particulier étudié la mise en scène de Lucrèce Borgia en 1833 ; il observe quelle avait volontairement accru le spectaculaire et le macabre, concession aux goûts du public de la Porte Saint-Martin.
Invitée par G. Rosa à faire connaître, si elle le souhaite, ses réflexions et projets quant à lactivité du Groupe, C. Millet ne pense pas lheure venue. Elle propose cependant de réunir tout ou partie, et plus vraisemblablement partie, des communications dune année autour dun thème central. Mais lincitation dune demande nexclut pas laccueil de loffre et il lui paraît souhaitable que les collègues et étudiants au travail puissent sexprimer sur leurs travaux en cours.
Quant au thème central qui pourrait être adopté, lidée de continuer sur la lancée de lexposé de Sylvain Ledda rencontre approbation, mais aussi objection : après la mort dans Les Misérables et la même mort, à moins que cen soit une autre, dans le théâtre des années 30, on aurait la mort dans la poésie davant lexil, de lexil, dans Actes et Paroles, etc. Inconvénient commun à tous les sujets thématiques : la mécanique marche et il y a toujours à dire, mais sans aucune nécessité propre.
Claude Millet suggère donc de travailler sur une année particulière et pertinente dans luvre et la vie de Hugo. Cela permet de faire converger des recherches originées dans des méthodes ou des points de vue très différents, aspect inévitable, et bon, du travail dun groupe sur un auteur. Lannée 1832 lui semble intéressante : sy rencontrent des questions politiques et idéologiques bouillonnantes (affaire Lamennais, insurrections, interventions extérieures de larmée française, installation des saint-simoniens en communauté, bientôt interdite et dissoute, à Ménilmontant et le premier numéro du Phalanstère, la mort de Napoléon II qui fait de L.N.B. le « prétendant » légitime, léquipée de la duchesse de Berry) et, du côté de Hugo, plusieurs circonstances importantes : nouvelle Préface pour Le Dernier Jour dun condamné, contrat pour Littérature et Philosophie mêlées, exécution de Claude Gueux et première rédaction du livre, contrat pour un nouveau roman en deux volumes avec Renduel (celui qui empoissonnera lexistence de Hugo jusquà lexil et après), rédaction, interdiction et procès du Roi samuse, rédaction de Lucrèce Borgia.
FRANCK LAURENT : Il me semble quil serait encore plus intéressant de travailler sur lannée 1831 qui est très fructueuse pour Hugo puisquil publie à la fois Marion Delorme, Les Feuilles dautomne et Notre-Dame de Paris. Il ne publie en revanche aucun recueil en 1832.
CLAUDE MILLET : On pourrait en ce cas aussi étudier la façon dont lannée 1831 est traitée dans Les Misérables.
MARIE PERRIN : Les lettres des correspondants de Hugo fourniraient en outre un angle dapproche intéressant.
CLAUDE MILLET : Langle biographique mériterait en effet dêtre abordé, tout comme la présence de Hugo dans la presse de cette époque.
FRANCK LAURENT : La première lettre de Joseph Bonaparte à Hugo date de cette année-là, avant la mort de lAiglon. Il lui en écrira une autre en 1833. Sans doute pourrait-on, pour élargir le champ de nos recherches, travailler à la fois sur 1831 et 1832.
CLAUDE MILLET : On parlerait alors de lannée « bien coupée, mal cousue » !
FLORENCE NAUGRETTE : Il est certain quau théâtre on ne raisonne pas par année mais par saison.
BERNARD LE DREZEN : Cest une période très riche. Il y a par exemple la condamnation de lAvenir en 1832.
CLAUDE MILLET : A cela sajoute le choléra et linsurrection.
FRANCK LAURENT : On qualifie les années qui vont de 1830 à 1834 d « époque sans nom ».
CLAUDE MILLET : Après avoir étudié « lépoque sans nom », on pourrait sattacher aux Années funestes et terminer par LAnnée terrible !
GUY ROSA : Si lon élargissait et prenait pour limites des dates pertinentes, cela irait de la Révolution à la rencontre de Juliette.
QUELQUUN : Et lon intitulerait : « De Juillet à Juliette »
On na jamais su le nom de lhomme qui avait parlé ainsi ; cétait quelque porte-blouse ignoré, un inconnu, un oublié, un passant héros, ce grand anonyme toujours mêlé aux grandes crises humaines et aux genèses sociales qui, à un instant donné, dit dune façon suprême le mot décisif, et qui sévanouit dans les ténèbres après avoir représenté une minute, dans la lumière dun éclair, le peuple et Dieu.
Applaudissements nourris. Seul Franck Laurent ose émettre une remarque :
FRANCK LAURENT : Tout ce que tu as dit ma semblé très juste. Nes-tu pas néanmoins un peu trop sévère à légard de la critique que tu appelles « libérale » ? Rémusat, dans la Revue française, me semble relativement compréhensif. Jai limpression que les critiques se raidissent surtout à partir de 1835. Avant cette date, la critique montre parfois la volonté dêtre plus favorable.
FLORENCE NAUGRETTE : Tu as raison. Jai tracé à grands traits ce quétait la critique majoritaire à lépoque, mais il existe en effet une critique, minoritaire, qui nest pas fondamentalement hostile au théâtre romantique.
Le soleil envahissant progressivement la tonnelle où lassemblée sétait réunie, la séance se clôt ainsi mais pas lassemblée. On la rouvrira le 23 septembre.
Claire Montanari
Equipe "Littérature et civilisation du 19° siècle"
Bibliothèque Jacques Seebacher, Grands Moulins, Bâtiment A, 5 rue Thomas Mann, 75013 Paris. Tél : 01 57 27 63 68; mail: bibli19@univ-paris-diderot.fr. Bibliothécaire: Ségolène Liger ; responsable : Paule Petitier
Auteur et administrateur du site: Guy Rosa.