Présents :
Guy Rosa, Anne Ubersfeld, Brigitte Buffard-Moret, Sandrine Raffin, Mireille Gamel,
Ruska Haglund, Sylvie Vielledent, Colette Gryner, Josette Acher, Bertrand Abraham,
Jean-Marc Hovasse, Ludmila Wurtz, Claude Millet, Franck Laurent, Loïc Le Dauphin,
Marieke Stein, et des petits enfants.
Excusés: Chantal Brière, Isabelle Nougarede,
Florence Naugrette, Bernard Degout, Stéphane Mahuet, Junia Baretto, Denis Sellem,
Myriam Roman.
G. Rosa fait circuler le (gros) catalogue Bicentenaire de la naissance de Victor Hugo - calendrier des manifestations, extrait du site du Ministère de la Culture où il samuse beaucoup de trouver, entre autres manifestations curieuses, une « conférence-spectacle » de Jean-Marc Hovasse à Bruxelles.
Jean-Marc Hovasse fait circuler une BD sur la vie de Victor Hugo, par Habib Bouhaoual et Yves Mézières, parue aux éditions Habib Bouhaoual de Tunis.
G. Rosa achève de lire, avec le plus grand plaisir, le mémoire de DEA de Mireille Gamel, dont elle a présenté quelques aperçus déjà fort intéressants, mais, au vu de lensemble, très incomplets- au Groupe Hugo, en avril. Le mémoire sera bientôt à la bibliothèque.
G. Rosa transmet au Groupe deux appels doffres pour colloques :
Marie-Catherine Huet-Brichard, de lUniversité de Toulouse et qui a participé à plusieurs travaux du bicentenaire, organise en janvier 2004 un colloque sur lOde (comme genre et/ou forme). Un intervenant hugolien y serait bienvenu.
LUniversité de Paris X Nanterre et LEcole Normale Supérieure organisent les 27, 28 et 29 janvier 2004 un colloque « La France et lAngleterre au XIX° siècle, échanges, représentations, comparaisons ». On doit sadresser (rapidement) à Sylvie Aprile, Ségolène le Men ou Fabrice Bensimon (bensimon@u-paris10.fr)
Plusieurs interventions au Groupe Hugo sont déjà prévues pour lannée prochaine. En janvier 2004, nous entendrons Victoria Tebar, jeune docteur de Barcelone qui a travaillé sur les techniques matérielles de dessin de Hugo (P. Georgel fait référence à ses travaux dans sa grande étude du Burg à la croix). Elle parlera de « La conception technique dans les dessins paysagistes de Hugo. »
L. Wurtz propose une communication dune de ses étudiantes de maîtrise sur lécriture de et dans lArt dêtre grand-père (à propos de questions dintertextualité en particulier).
Quant à Franck Laurent, il parlera de lOrient ou, plus probablement, de lattitude du Rappel pendant la Commune attitude de soutien critique, mais nettement moins critique que celle de Hugo lui-même.
Paule Petitier présentera une étude, assez vertigineuse dit G. Rosa qui la lue, sur lévanouissement chez Hugo.
Annie elle-même parlera, peut-être à la réunion de rentrée, de « Hugo et les dieux de la Grèce ».
Que ces annonces ne dissuadent pas dautres orateurs de se proposer.
G. Rosa rappelle aux membres du Groupe qui dirigent des thèses ou mémoires quil leur est tout à fait possible cest même très souhaitable- dinviter à intervenir leurs étudiants dans les séances du Groupe Hugo.
G. Rosa a reçu une lettre de Graham Falconer, qui lui fait part dun projet, au Canada, de retraduire en anglais Quatrevingt-Treize, la dernière traduction en date nétant pas toute récente et méritant dêtre reprise. Graham Falconer nétant personnellement pas intéressé, il demande à G. Rosa sil ny a pas, en France, un projet semblable, et propose à des hugoliens français de collaborer éventuellement à cette traduction.
La conversation roule dabord sur labsence complète, cette année, de postes de MCF en 19° siècle. G. Rosa remarque quau CNU, entre 40% et 60% des candidats sont des vingtiémistes -idem pour les nouvelles demandes de thèses, dont beaucoup concernent des auteurs tout à fait contemporains.
C. Millet : Oui, même à lUniversité, on passe des humanités à la production de producteurs culturels. Et cen est désolant.
G. Rosa : Les étudiants délaissent la littérature classique pour la littérature la plus contemporaine, mais aussi pour le cinéma, les arts plastiques, la « culture » au sens large.
F. Laurent : Il ne faut pas toujours incriminer linculture ou la paresse des étudiants. A cette situation prennent leur part bon nombre professeurs quadra ou quinquagénaires, voulant montrer quils sont modernes, accueillants aux réalités nouvelles, pas suspects d « immobilisme », etc.
G. Rosa : Ils nont peut-être pas tout à fait tort. La réalité de lexpérience culturelle a profondément changé dans les trente ou quarante dernières années. Mis à part des milieux restreints de créateurs et de personnes très cultivées, le lien à la culture, jusque dans les années 60 sinon 70, passait exclusivement par le livre et les oeuvres classiques et se confondait, pour toute la petite et moyenne bourgeoisie , avec la culture scolaire et universitaire; il prend désormais des formes très diversifisées : musique, expositions, animations, spectacles voire « conférences spectacles ». Il y a vingt ans, il nétait pas rare que les étudiants dune UV de « lecture du spectacle théâtral » ne soient allés au théâtre quune ou deux fois, avec leur professeur de lettres. Cette UV nexiste plus : les étudiants vont au théâtre et le nombre des troupes connues du Ministère de la culture est passé dune trentaine à 1500.
F. Laurent : Jestime que lUniversité ne doit pourtant pas abandonner sa fonction de conservatoire.
C. Millet : Les professeurs organisent la liquidation de leur discipline. Hier, dans une réunion, jai eu beaucoup de mal à convaincre certains collègues que les étudiants inscrits en mastère ne devraient pas avoir à suivre un cours magistral dun semestre sur la vie en entreprise !
G. Rosa : Effectivement, cest stupide. À Paris 7, on prépare un DESS des métiers de lédition comme si les éditeurs ne disaient pas à qui leur pose la question quils préfèrent de loin un DEA de Lettres !
M. Gamel : On travaille aussi de plus en plus sur la littérature de jeunesse pas Jules Verne, mais des livres « jeunes », cest à dire très récents ! Et au lycée, par les TPE, on nous pousse à faire de lhyper actualité : les techniques de recherche sont modernes, et cela modifie aussi les objets détude !
G. Rosa : Ne pleurons pas la bouche pleine. La fortune de Hugo lors des centenaire et bicentenaire tient pour beaucoup au fait quil est le seul écrivain offrant une matière culturelle multiforme et « ouverte » : il y a ses livres à lire, mais aussi des pièces de théâtre à jouer (et dautres, du coup, à inventer), des chansons à chanter (dans des salons, debout à côté du piano, ou, micro en main, dans les fiestas pyrotechniques), des dessins, photos et manuscrits à exposer dans les pénombres conservatrices ou sur les grilles du Luxembourg, des adaptations au cinéma et à la télé (La folie des grandeurs compris, hélas), une vie et une action politique dont on peut parler. Tout cela est conséquence de la « gloire de Hugo » -et sans doute, maintenant, sa cause. Peut-être même na-t-on pas célébré autre chose lan dernier : la continuité morale, générationnelle, sociale (nationale ?) entre les deux appropriations culturelles : celle, traditionnelle, du « grand écrivain » et la nouvelle, « multi-médiatique » pour dire vite. De là la « conférence-spectacle » et les questions par dizaines (souvent débiles, il est vrai), auxquelles nous avons dû répondre, par mail du fait de notre notoriété personnelle ou de celle du « site », de vive voix après les conférences.
Au reste, lunité de lart (et de la pensée, et de laction, et de la vie) et son indifférence à ses formes de manifestation participent à lessence du romantisme, dont laffaiblissement va de pair, à la fin du siècle, avec la restriction de la littérature à elle-même.
Ce qui ne signifie pas que lidéal romantique se réalise dans le triste cursus « info-com » -ni de lobscène « sciences de léduc » ajoute Claude Millet.
Dautres propos sont échangés, plus doux ou plus véhéments, plus personnels aussi.
La séance sachève et le déjeuner commence- par un saut du solstice à léquinoxe : notre réunion de rentrée est fixée au 20 septembre.
En attendant, les hugoliens se séparent pour des vacances qui seront, pour nombre dentre eux, fort studieuses .(écrit Marieke, toute chagrine davoir à rédiger sa thèse tout lété)
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