Présents :
Guy Rosa, Anne Ubersfeld, Sylvie Vieilledent, Ludmila Wurtz, David Charles, Claude
Millet, Franck Laurent, Judith Wulf, Chantal et Pierre Georgel, Chantal Brière,
Françoise Chenet, Jean-Marc Hovasse, Jacques Cassier, Vincent Wallez, Rouschka
Haglund, Bertrand Abraham, Loîc Le Dauphin, Matthieu Liouville, Christine Delorme,
Gina Marie Trigian-Molvaut, Sandrine Raffin, Olivier Decroix, Pierre Laforgue,
Colette Gryner, Laurence Bertet, Josette Acher, Vincent Guérineau, Mireille Gamel,
Marieke Stein.
Excusés: Agnès Spiquel, Florence Codet, Stéphane
Mahuet, Nicole Savy, Bernard Le Drezen, Bernard Degout, Florence Naugrette.
G. Rosa fait circuler le programme du colloque de Cerisy, qui aura lieu du 2 au 12 août. Circule également un envoi de Gérard Pouchain, le journal The Guernsey press, entièrement consacré avec un grand nombre de photos (dont certaines inattendues) à "Victor Hugo, a celebration".
Le groupe découvre l'édition de Quatrevingt-Treize de Judith Wulf, chez GF-Flammarion, ainsi qu'une anthologie de vers uniques de Hugo, choisis et préfacés par Salah Stétié, Hugo? Oui, Hugo!, aux éditions de l'Imprimerie Nationale..
Guy Rosa annonce la sortie de la brochure publiée par la Délégation aux commémorations nationales (Ministère de la Culture, Direction des Archives de France). Notre Bibliothèque en recevra en quantité suffisante pour les membres du Groupe mais, pour une distribution en nombre (salles des professeurs, missions à létranger), il faut sadresser à Mme Danièle Neirinck (01 40 27 61 20).
A. Ubersfeld demande à G. Rosa s'il a déjà élaboré des projets pour le programme de travail du groupe Hugo l'année prochaine et, sans attendre, propose, avec L. Wurtz, de réfléchir ensemble, à la rentrée, aux thèmes et pistes de réflexions qui pourraient donner lieu à un recueil d'articles sur la poésie hugolienne.
C'est un projet qui lintéresse beaucoup. Elle a remarqué qu'en cette année de bicentenaire, beaucoup de recherches intéressantes ont été faites, mais que personne n'a réellement parlé de l'écriture poétique de Hugo. Or, n'importe quelle anthologie de poèmes du XIX° siècle montre le poids décisif de luvre de Hugo dans lhistoire de la poésie en France. Une étude précise s'impose donc. Sans doute pas sous la forme dun colloque où le travail des citations est difficile à saisir oralement, mais plutôt dun livre. Dans le cadre du groupe, quelques exposés pourraient préparer certaines de ces études.
G. Rosa : Lactivité du Groupe peut et doit être multiforme. Que certains dentre nous se réunissent, à linitiative de lun ou de plusieurs, pour concerter un ouvrage collectif, cela s'est fait jadis : Lire Les Misérables, Victor Hugo raconté par Adèle Hugo, ou récemment : les dernières livraisons de la série « Minard »- et c'est très bien ; mais cela ne requiert pas l'activité du groupe et même lexclut à dire vrai : on ne réfléchit pas à 25 à la structure dune livre. Distinguons donc cette entreprise, excellente mais qui nengage pas tout le Groupe en tant que tel, du programme de lan prochain. Celui-ci ne peut sans doute pas être fixé tout de suite - jusqu'en décembre, nous serons tous très occupés par les colloques d'Orsay, de Besançon, du Sénat (même si celui-ci ne concerne que partiellement Hugo), de Valence, d'Athènes, de Vianden!- mais il faut y penser.
L. Wurtz : Bien sûr, mais le groupe Hugo est un excellent lieu de rencontre et d'échange...
G. Rosa : Certainement, mais il nest pas souhaitable que le groupe serve seulement de lieu de "recrutement" pour toutes sortes dinitiatives intéressées à y trouver de la main duvre ou du public. Cela a été le cas cette année, mais ne le restera pas : on naura bientôt plus besoin de main duvre ni de public pour Hugo. Nous devons donc imaginer une (ou plusieurs) perspective de travail qui puisse mobiliser le Groupe tout entier et soit son oeuvre propre.
Nous avions dailleurs essayé de fixer ainsi un thème d'étude pour le groupe, aux lendemains du bicentenaire de 85. Il s'agissait de travailler sur "le vieil Hugo", méconnu. Des travaux ont été menés à bien, dautres lancés seulement. Plusieurs excellentes communications ont été faites, mais lentreprise na pas débouché sur un « produit » concret et achevé ; seule Agnès Spiquel a su parcourir la voie ainsi ouverte et continuer dy progresser.
A. Ubersfeld :J'ai reçu une lettre d'Agnès Spiquel, où elle propose d'étudier la poésie dans son rapport au réel, son prosaïsme...Pour ma part, j'aimerais étudier l'usage du mètre impair dans les Chansons des rues et des bois.
G. Rosa : Il me semble quen ce sens le mieux, et dailleurs le plus opportun et le plus urgent dans lordre scientifique, serait de sorienter vers un travail de publication. Contrairement à ce quon peut croire, les travaux de publication érudite ont maintenant, pour Hugo, un retard considérable et peu acceptable- sur ceux consacrés à dautres auteurs, Balzac, Flaubert, mais aussi Michelet dont la publication de la correspondance générale sachève. Je propose quon y réfléchisse.
G. Rosa : Premier chantier possible, celui des Fragments. Il avait dailleurs depuis longtemps été soumis à lattention du Groupe. Entre temps, jai appris dune part quà la BNF Marie-Laure Prévost sy intéressait également, dautre part que M. Jacques Cassier avait de son côté déjà largement entamé le travail, rejoignant ainsi la tâche que sétaient donnée René Journet et Guy Robert.
P. Georgel : La difficulté d'éditer les Fragments dépend de la définition qu'on donne à ces Fragments, à la masse des textes que l'on englobe sous cette appellation. Plusieurs définitions sont possibles : on peut considérer comme fragments tout ce qui a une forme fragmentaire : Océan, les Reliquats... Si on inclut les Reliquats, la masse des textes est énorme! Mais lentreprise serait, en réalité, la seule pertinente puisque les Reliquats n'ont pas été constitués par Hugo et que la distinction entre eux et les autres fragments nest pas ou pas toujours- le fait de Hugo. Cependant, on peut aussi retenir comme Fragments toutes les « bribes » inédites et non réutilisées dans les oeuvres.
D. Charles : Il me semble qu'il serait difficile de trouver un éditeur qui veuille bien éditer les Fragments.
G. Rosa : Ce n'est pas vraiment un problème : dans ce cas, lédition électronique dont nous avons les moyens matériels- est la seule raisonnable puisque, outre quelle est affranchie des questions dordre (on peut demander à volonté lordre chronologique, celui des cotes Gatine, celui des manuscrits de la BNF, etc.), elle indexe et permet donc des recherches à volonté.
P. Georgel : Outre l'énormité de ce travail, l'édition des Fragments pose le problème de leur classement. Or, pour dégager un principe de classement, il faut d'abord recenser la totalité des textes. Bref, il faut avoir tout vu avant de commencer!
G. Rosa : Du moins faut-il ne pas se tromper trop gravement. Car un autre avantage de lédition électronique est sa plasticité. Si lon saperçoit de lutilité dune rubrique laissée de côté la couleur du papier par exemple- rien nempêche de lajouter. Bien sûr, on économise du temps en procédant demblée de manière correcte, mais, en édition électronique, rien nest irréparable.
Quelquun : Quen est-il des « carnets » ? Font-ils partie des « fragments » ?
P. Georgel : Sans doute pas. Mais les Carnets, comme dailleurs les fragments, ne sont pas tout à fait inédits. Massin en donne beaucoup. Le travail sest arrêté en chemin. En fait, l'édition des Carnets a été bloquée lorsqu'on a su que l'édition de la correspondance les inclurait.
J. Cassier : Il est vrai que pour les Reliquats comme pour les Fragments lédition électronique est la seule envisageable parce quelle permet tous les classements et toutes les recherches. Je lai moi-même entreprise : jai, dans mon ordinateur, recopiés de leurs différentes éditions, environ 6000 pages de Fragments, la quasi-totalité de ceux qui ont été publiés, avec toutes les informations très inégales- données par les éditions. Reste à retrouver et identifier linédit et, surtout, à corriger nombre de fragments ayant été publiés, par Guillemin par exemple, de manière très hâtive et fautive. Jai entrepris cette seconde étape du travail et me suis aperçu quil me fallait compter, pour la mener à bien, sur plusieurs vies. Je ne demande donc pas mieux que de mettre ce qui est enregistré à la disposition du Groupe, comme je lai fait de la bibliographie, et de poursuivre aux côtés de tous. La tâche sera longue mais la chose est faisable.
G. Rosa remercie J. Cassier de sa générosité tout de même sidérante- et ajoute que les dossiers de René Journet et Guy Robert fournissent également une base de travail importante. Il lui avaient été confiés par Madame Journet à la mort de son mari pour quils soient archivés à la BNF. Celle-ci les ayant refusés, il sont conservés à la bibliothèque XIX°, et disponibles. Ils comportent, outre une table de correspondance entre les références BN et les cotes Gâtine (qui, elle, se trouve aussi à la BN), toute une collection de transcriptions de fragments ou de parties de fragments (les éditeurs ont souvent extrait quelques textes dans une page et abandonné les autres), classées par manuscrit BN.
P. Georgel conclut que la première tâche serait donc dexaminer lensemble du massif, de déterminer les modes dédition et lorganisation du travail, et de commencer, comme la fait M. Cassier, par réunir et corriger les textes publiés.
G. Rosa : En ce qui concerne les Fragments, loffre de M. Cassier fait donc plus, beaucoup plus, que de nous laisser libres de nos mouvements. Il nen va pas de même pour lautre grand bloc, celui de la correspondance, parce que son avenir dépend de Jean Gaudon et de son équipe, mais aussi du CNRS. Au point quil nest pas même certain que lon puisse sinterroger sur cette question.
La situation est la suivante. Jean Gaudon et son équipe ont entrepris lédition de la correspondance il y a de cela, je crois, plus de vingt ans, avec laide du CNRS. Il en est résulté, outre les lettres de Hugo à Léonie, les correspondances de V. H. et Juliette, entre Hugo et Schoelcher, entre Hugo et Hetzel, entre Hugo et Lacroix pour Les Misérables et les deux volumes de Correspondance familiale et écrits intimes publiés chez R. Laffont. Un troisième a été remis à léditeur qui ne la pas publié et a mis fin à la collection. Plus récemment, léditeur Flohic a voulu prendre la suite, apparemment sans succès (du moins pour linstant, mais loccasion du bicentenaire sera bientôt passée). Le CNRS lui, qui avait soutenu lentreprise en particulier par le poste quy occupait Madame Sheila Gaudon-, a toujours lédition de la correspondance de Hugo dans la liste de ses programmes. Enfin, on ne commet certainement pas dindiscrétion en disant quau cours de ce long travail léquipe de Jean Gaudon a réuni une quantité de textes, de références, dinformations, qui dépasse sûrement très largement ce qui en a été publié. De sorte que, à peine entamée si lon considère le nombre de volumes publiés, lédition de la correspondance par Jean Gaudon et son équipe est en même temps sinon achevée du moins très avancée.
La première question, préjudicielle de toutes les autres, est donc de savoir si nous devons nous en préoccuper.
P. Georgel : A ma connaissance, Jean Gaudon n'a pas fait savoir que son travail était dans une impasse.
G. Rosa : Sans doute. Mais la communauté des hugoliens a également une responsabilité et le CNRS la sienne. Pouvons-nous nous désintéresser du fait que, les publications partielles mises à part, la correspondance de Hugo nest pas éditée et quon en reste, pour lui, au travail de ses exécuteurs testamentaires, vieux dun demi siècle et très partiel?
P. Georgel : Jean et Sheila Gaudon ont accumulé une masse de travail considérable ; ils peuvent choisir de la mettre en commun, comme de la laisser inaccessible.
G. Rosa : Mais il ny a certainement pas plus et, à mon avis, il y a moins- de respect et de considération envers eux à se préoccuper de lavenir de leur uvre quà sen désintéresser.
P. Laforgue : L'idée d'éditer une correspondance générale n'aurait aucun sens : il faut opérer des découpages, comme l'a fait Gaudon, avec la correspondance familiale. Aujourd'hui, on est tenu par les choix éditoriaux que Gaudon a faits depuis longtemps.
G. Rosa : Ca se discute. La correspondance familiale de Gaudon est une partie dune correspondance générale. Quant aux véritables correspondances partielles (V.H. et X, V.H. et Y), elles peuvent gèner ou retarder une correspondance générale. Souvent, et cela sest vu pour dautres auteurs, la mauvaise monnaie chasse la bonne.
P. Georgel : Je pense qu'il faut garder le principe de séparation entre la correspondance familiale, d'une part, et tout le reste, d'autre part. Mais ce reste ne me paraît pas lui-même découpable. On pourrait imaginer que le Groupe se charge de la correspondance familiale au retour d'exil, mais là aussi, il faudrait un accord avec léquipe de Jean Gaudon.
Cl. Millet : Quel est le principe de définition de la "correspondance familiale".
P. Georgel : Elle regroupe les lettres de la famille civile, et aussi des personnes très intimes, plus ce que Gaudon a appelé les "écrits intimes" : c'est-à-dire les Carnets non destinés à la publication, et quelques liasses à la lisière de ces notions.
G. Rosa : Le principe dune juxtaposition de correspondances sectorielles,
plutôt que partielles - correspondance familiale, politique, amoureuse,
littéraire, etc.. (ce ne sont que des exemples)- tient lui-même à un autre parti
pris : Gaudon avait choisi de présenter des échanges épistolaires suivis,
les lettres et leurs réponses, tout en respectant le mieux possible une chronologie
globale.
Cl. Millet : Mais que se passe-t-il lorsqu'il y a des correspondances
à trois, qui mêlent les intimes et les correspondants plus éloignés? Lorsque
j'ai travaillé sur le Chapitre préliminaire des Travailleurs de la mer,
j'étais en présence de correspondances triangulaires, Hugo écrivant à ses fils
des consignes d'édition, quils répercutaient oralement auprès des éditeurs,
qui écrivaient à Hugo
dans un enchevêtrement complet du familial et du
professionnel.
G. Rosa : Il est vrai que ce pari de donner les échanges suivis pouvait être plus aisément tenu pour la correspondance familiale jusquà une certaine date encore y fallait-il une certaine habileté dans les découpages et la gestion des chevauchements. Au-delà, ce nest peut-être plus tenable. Peut-être est-ce une des raisons, de fond cette fois, de la panne de lédition entreprise par léquipe de J. Gaudon.
P. Laforgue : Pas du tout ; elle tient à des raisons indépendantes de Gaudon : l'éditeur a refusé le troisième volume. Tout est donc sur disquette, prêt à être édité.
G. Rosa : Ce sont des choses qui arrivent et plusieurs autres grandes correspondances générales ont connu des interruptions. Le préoccupant est que celle-ci ait été si longue (10 ans maintenant) et que le bicentenaire nait pas été loccasion du redémarrage attendu. Ce qui est sûr, cest quune édition électronique lèverait la difficulté puisquelle permet, à volonté, de suivre un échange triangulaire au besoin-, un objet (Les Misérables par exemple) ou lordre chronologique strict (qui nest pas non plus dépourvu dintérêt).
Claude Millet : Rien n'empêche de publier des correspondances séparées, des "dialogues"... Cela s'est fait pour Flaubert, on peut le faire pour Hugo et cela a été fait par la même équipe de J. Gaudon. Le centenaire Sand en cours de préparation serait, par exemple, une bonne occasion de publier léchange entre elle et Hugo.
D. Charles : La publication des correspondances est-elle impossible pour des raisons juridiques?
P. Georgel : L'obstacle n'est pas légal ; J. Gaudon est sans doute propriétaire de quelques lettres mais surtout de lénorme documentation qu'il a amassée et dont il serait absurde sans compter lindécence- de se priver.
G. Rosa : Mais on ne peut pas non plus se priver dune édition de la correspondance de Hugo et le CNRS finira bien par sapercevoir quil a un programme "édition de la correspondance de Hugo" en panne.
P. Georgel : La seule manière de faire avancer les choses serait que le CNRS demande à Jean et Sheila Gaudon de remettre le chantier en route avec lengagement que cela suppose aussi de sa part.
G. Rosa : Sans doute. La question est de savoir si le groupe Hugo s'en mêle ou non et, dans laffirmative, de quelle manière : si, en particulier, nous offrons notre collaboration.
P. Georgel : Si cétait le cas, il y aurait un précédent : l'édition "Bouquins" a été faite par le groupe, comme communauté.
P. Laforgue : C'est très différent d'éditer une correspondance! Il vaudrait mieux constituer un groupe de trois personnes qui ne feraient que cela pendant dix ans!
J-M. Hovasse : Le CNRS est très opaque, et je ne connais pas précisément ses intentions à propos de la correspondance hugolienne. Quoi qu'il en soit, je pense que le moment du bicentenaire est mal choisi pour lancer cette opération. A moins que le bicentenaire ne relance le projet...
P. Georgel : On pourrait aussi choisir de ne pas tenir compte de tous ces obstacles, et de simplement scanner et numériser toutes les lettres déjà publiées il y en a beaucoup, dans toutes sortes douvrages, revues et opuscules introuvables. Ce serait déjà très utile. Mais c'est un peu dommage de faire tout ce travail alors que les disquettes existent.
G. Rosa : Pour mettre le comble à la perplexité, je rappelle que beaucoup de textes n'ont toujours pas d'édition critique : William Shakespeare, Actes et paroles, presque tout le théâtre, et toute la poésie qui n'est pas couverte par la Pléiade, c'est-à-dire, essentiellement, les poèmes posthumes. Ici aussi les études hugoliennes sont très en retard sur dautres Michelet, Balzac, Flaubert
P. Georgel (à G. Rosa) : Tu oublies Les Misérables? C'est ton idée depuis longtemps!
Claude Millet marque sa préférence pour de tels travaux : ce sont les plus urgents et les plus à même de mobiliser lensemble du Groupe parce quils sont plus familiers.
G. Rosa : Mais, inversement, la division du travail y est presque impossible : on ne peut pas se mettre à 20 pour faire lédition critique des Misérables. Pour la correspondance ou les Fragments, en revanche, tout le monde peut collaborer et la division du travail est efficace, on l'a vu pour Choses vues, ou pour l'édition de Victor Hugo raconté par Adèle Hugo. La répartition des tâches est facile moyennant un peu d'organisation, et la coopération lève l'obstacle d'une masse de travail insurmontable pour un seul.
CL. Millet : Nous ne devons pas sous-estimer la dépression post-bicentenaire : ce type de travaux en atténuerait les effets.
G. Rosa : J'avais proposé déjà un travail d'édition pour Actes et paroles, mais cela a été refusé par le Groupe, ou du moins repoussé après le bicentenaire.
Cl. Millet : Mais pourquoi sintéresser aux seuls Fragments? Le travail pourrait être fait pour les textes : une partie du groupe pourrait s'intéresser aux écrits esthétiques, une autre aux écrits politiques, etc...
G. Rosa : Mais, dans ce cas, le Groupe éclate. Je suis plus favorable, pour cette raison, à une édition des Fragments qui pourrait mobiliser lensemble des chercheurs, amateurs et apprentis-chercheurs. Sans compter que les travaux en cours compliquent les choses. On peut difficilement travailler sur Actes et Paroles sans Marieke Stein et donc avant quelle ait soutenu, de même pour Stéphane Desvignes et le Théâtre en Liberté.
V. Wallez : Si on s'attaquait aux Fragments et aux Reliquats, cela préparerait le travail pour toutes les éditions critiques à venir. J'ai d'ailleurs informatisé presque tous les fragments dramatiques, que j'ai indexés par incipit, par mots-clefs... Les classements sont redistribuables.
P. Georgel : Les exécuteurs testamentaires et la BN (Cécile Daubray) ont souvent découpé les feuilles sur lesquelles figuraient les Fragments, pour les répartir dans leurs Reliquats et leurs manuscrits thématiques. Il mest arrivé, pour les dessins, de retrouver la feuille doù tel dessin avait été prélevé. Il y faut une certaine mémoire visuelle qui ne peut jouer que sur un nombre restreint de cas ; mais, pour les fragments, il ne doit pas être impossible de mettre en oeuvre un système informatique de reconnaissance des formes, pour reconstituer les feuillets initiaux, comme pour un puzzle.
G. Rosa : Cela entraînerait, je le crains, un coût bien supérieur au rendement!.
J. Cassier : Journet et Robert avaient commencé ce travail de reconstitution en identifiant les différents types de papiers.
G. Rosa : Je ne crois pas qu'il soit utile, ni rentable, d'entrer dans l'édition informatique le grain, la couleur ou la qualité du papier.
P. Georgel : Je crois au contraire que, lorsque c'est utile, il faut le faire. C'est plus difficile pour la masse des papiers blancs, mais pour les papiers spéciaux de couleur, vergés, timbrés à sec, filigranés-, ce sera très utile, du moins pour plus tard.
V. Wallez : L'intérêt des papiers et des timbres, c'est qu'ils permettent la datation des Fragments. Pour le moment ils sont souvent datés différemment selon les éditions, avec parfois des fourchettes d'une dizaine d'années.
G. Rosa : Distinguer les différents papiers est très difficile, et c'est un savoir qui se perd. Personnellement, je n'y suis jamais arrivé. Qui sait le faire maintenant ? sans compter que lencollage conservateur brouille tout.
A propos des cotes, elles sont souvent déroutantes : le regroupement par cotes fonctionne bien pour certaines, pas du tout pour d'autres.
J. Cassier : Mais l'informatique permet de mieux lire les cotes. Journet et Robert se désespéraient de constater quils en arrivaient eux-mêmes à donner deux fois la même cote. Lorsque les cotes sont enregistrées, les doublons apparaissent immédiatement et cette alerte premet de les éviter.
G. Rosa conclut en constatant quil est trop tôt pour faire un choix mais que laccord semble établi et unanime pour que le Groupe se consacre lan prochain à un travail ou des travaux- dédition du corpus hugolien.
On en reparlera sur la plage ou au coin du feu, à Cerisy.
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