GROUPE
HUGO
Université
Paris 7 - Equipe de recherche "Littérature et civilisation du XIX°
siècle"
Présents : C.Millet, J.C.Nabet, P.Laforgue, A.Spiquel, J.Delabroy, G.Rosa, L.Wurtz, D.Charles, P.Georgel, C.Porcq, K.Carmona, S.Emrich, V.Dufief, F.Chenet, A.Laster, F.Laurent.
Le feuilleton de France Musique du dimanche matin propose en ce moment une émission, largement inspirée des travaux d'A.Laster, sur VH et la musique.
Dimanche soir 21 octobre, est diffusé sur A2 un reportage sur Mille francs de récompense.
M. Cho soutiendra en novembre une thèse dirigée par J.Seebacher : Le spectre de la lumière dans les oeuvres de l'exil.
Vendredi 26 octobre, à 9H30 à l'auditorium, dans le cadre du Colloque d'Orsay sur "les usages de l'image", P. Georgel fera un exposé intitulé :"Communication et rétention de l'oeuvre graphique". La thèse centrale est la suivante : l'oeuvre graphique est le livre d'un mort, le mode d'emploi s'en trouvant dans le testament. Les trois attitudes de VH quant à la communication de ses dessins seront décrites :
- refus de la publication pur et simple,
- communication pour l'intimité,
- legs à l'avenir.
F. Chenet nous informe que les PUF font une recension, pour leur encyclopédie philosophique, d'auteurs littéraires ayant tant soit peu philosophé. Si quelqu'un veut se dévouer pour faire le compte rendu des oeuvres philosophiques de VH... F. Chenet propose en outre un exposé pour le mois de février : "Herméneutique et esthétique : Pasajès (Le Rhin)".
C. Porcq demande si VH n'a pas émis de commentaires sur Wagner. Si fait : VH qualifie le musicien de "talent dans lequel il y a un imbécile". Ajoutons que Wagner connaissait bien l'oeuvre de VH, et qu'il a mis en musique un poème des Orientales : L'attente.
C. Porcq : Le Chancellor de J. Verne, plus que Vingt mille lieues sous les mers, justifie un parallèle avec Les Travailleurs de la Mer. M. Serres en donne une interprétation dans Jouvences sur Jules Verne (Minuit).
P. Laforgue : La Durande est à la fois à la pointe du progrès et archaïque. Gilliatt n'est plus dans le temps de l'Histoire. C'est un cyclope, un alchimiste. Il est dans le temps du mythe et les Douvres sont à l'écart des routes fréquentées.
G. Rosa : La Durande est sauvée par la panse qui est en continuité avec elle. Gilliatt refait l'histoire du progrès technique. Il y a une suite et pas tant une véritable opposition entre les deux bateaux.
Mais C. Millet s'impatiente et P. Laforgue susurre : "Donne-lui tout de même la parole, dit mon père".
F.Laurent : La vérité ne se dit jamais que dans une forme d'hallucination, c'est le cas du monologue de Don Carlos dans Hernani. On a affaire à une vision diachronique assez proche du regard de Dieu. Ce mode de rapport à la vérité est une forme d'aliénation qu'il convient de dépasser : briser l'objet du regard de Dieu ne revient-il pas à briser directement le regard de Dieu ?
C. Millet : Ce qui est en jeu ici, c'est le caractère médiat de la représentation de la réalité. Il ne faut pas nécessairement sortir de l'hallucination : il n'y a pas de dépassement - rationaliste ou autre - du songe.
C. Porcq : Qu'entendez-vous par "dépersonnalisation" ?
C. Millet : De l'individu s'évade la personne : sa cohérence psychologique réside dans le fait qu'il ne subsiste dans l'individu que la possibilité de dire "moi".
G. Rosa : Je ne crois pas qu'on puisse dire que la vision est celle de Dieu. Dieu voit tout dans le présent, alors qu'ici, il y a une historicité de la vision : il y a un avant, un après. D'autre part, on centre habituellement la vision sur le mur des siècles. Or, il y a deux visions, l'une qui est récusée et l'autre qui est valide. Ne peut-on donc pas comprendre les choses ainsi : la première partie serait à mettre en lien avec la première série et la deuxième partie avec la nouvelle série ? Le texte fonctionnerait alors comme une préface en vers, et "ce" livre désignerait la première série. Au coeur d'une vision de l'Histoire ne tenant pas compte de la Révolution, surgirait le choc des deux esprits, le choc que la pensée de la Révolution provoque dans la conscience de l'Histoire, l'Histoire telle qu'on est obligé de la voir quand la conscience de la Révolution a tout brisé.
C. Millet : Le choc des deux anges signifie la fin d'une Histoire qui serait à la fois fatale, déterministe et eschatologique.
G. Rosa : La Révolution brise la continuité historique.
C. Millet : La Révolution ici, ce n'est pas 89-93, c'est "la" Révolution.
A. Laster : Où VH écrit-il que l'histoire n'est pas plus sûre de ce qu'elle dit que la légende ?
C. Millet : Dans la préface de 59, mais c'est une tarte à la crème de VH.
G. Rosa : Je t'avais fait une suggestion sur le caractère métaphysique du mur : Qu'est-ce que l'Histoire ? C'est quelque chose qui a eu lieu. L'objet historique a un statut étrange d'existence et d'inexistence. Mais ce néant est quand même un objet de connaissance. Cela peut se résumer dans l'image de ce mur composé de tout ce qui croula.
C. Porcq : C'est l'équivalent du rêve freudien.
G. Rosa : La métaphore du mur est tout à fait adéquate à l'Histoire.
J. Delabroy : Dans la première série, le mot "légende" a le même sens que dans la tradition d'E. Sue, dans Les Mystères du Peuple (fragments de l'histoire suivis de légende). La vision d'où est sorti ce livre déplace la légende hors de son champ micheletiste : la vérité désormais doit s'appréhender à partir de l'incommensurable. Il importe alors de savoir si le texte date de 57 ou de vingt ans plus tard. La date est-elle fictive ou a-t-elle un sens pour le lecteur de 1877 ?
C. Millet : Dans le manuscrit recopié de la BN, figure la date d'avril 1857.
P. Laforgue : Les 24 derniers vers sont de 1857 et le reste est de 1859.
C. Millet : Il y a un geste dans cette datation, c'est la constitution d'un mythe de l'écriture.
G. Rosa : L'histoire est toujours inachevée. C'est toujours une ruine.
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Responsable de l'équipe : Guy Rosa.