GROUPE HUGO
Equipe de recherche "Littérature et civilisation du XIX° siècle"
1- Librairie
Le rayonnement international de VH. Actes du Symposium de l'Association Internationale de Littérature Comparée. XIè Congrès international. Edité par Francis Claudon. Paris, août 1985. Peter Lang. Vol. 1.
V. Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné, suivi de Claude Gueux et de L'Affaire Tapner, préface de R. Badinter, Hachette, Le livre de poche classique, 1989.
J. Seebacher, "L'universalité de Paris, Victor Hugo et l'Exposition de 1867" dans Conférences du Musée d'Orsay, Quarante-huit-quatorze, n° 1 (sur l'exposition de 1867 et le livre qui s'intitule Paris, "texte essentiel sur la naissance de l'impressionnisme", avec un splendide persan).
N°2 de la série VH de la Revue des Lettres Modernes, sur le vers de Hugo, Minard.
Notre-Dame de Paris, Presses Pocket, coll. "Lire et voir les classiques", préface et commentaires de Gabrielle Malandain.
Enfin le Colloque sur la Révolution française et le XIXè siècle des 13 et 14 octobre prochains entendra une communication de Mme Acher sur La Révolution: livre épique des Quatre Vents de l'esprit.
2- Spectacles
Ruy Blas est mis en scène, à Toulouse, par Jacques Rosner en novembre; le spectacle montera à Paris au Théâtre de l'Est Parisien en mars; ce semble devoir être intéressant: pas de décor mais des serviteurs de scène -"japanisés"- pour apporter les accessoires; pas moins de 1m80 et 80 kg. pour Ruy Blas, Salluste et Don Cesar (chacun); Sophie Duez dans La Reine. Le même Ruy Blas -ou un autre- sera joué également, dans une autre mise en scène, à Sartrouville en mars.
Un spectacle intitulé: Théâtre en liberté, et qui amalgame plusieurs textes, est mise en scène par Muriel Mayette au petit Odéon, 23 janvier-25 février 1990, .
La Célestine, de Fernando de Rojas y Hugo (1499) a l'Odéon avec Jeanne Moreau, mise en scène de Vitez. La pièce -et J. Seebacher- dit l'universel maquerellage dans l'Espagne de la fin du XVè siècle, aussi fort et plus excitant que Hernani!
La mort de Danton, n'est pas de Hugo mais comme G. Büchner a été traducteur de VH (voir les Actes du symposium... plus haut) un hugolien peut se risquer aux Amandiers (si du moins il supporte les afféteries narcissiques et contre-révolutionnaires de M.-K. Grüber).
On a rediffusé Hernani. Opéra alimentaire de Verdi. Livret épouvantable. Très mauvaise mise en scène. A la fin, seul Hernani meurt.
Notre-Dame de Paris de Franz Schmidt, 1874. Vient de paraître en disque compact.
3- Performances
Mme F. Chenet a soutenu, très honorablement de l'avis unanime, sa thèse (d'Etat) sur Le Rhin, en juin, à l'Université Paris 7.
Deux mémoires de maîtrise sur William Shakespeare, de grande qualité, seront prochainement soutenus, toujours à Paris 7.
Et, encore à Paris 7, Mme Spiquel soutiendra sa thèse sur le mythe d'Isis dans l'oeuvre de Hugo.
Programme de l'année
La question de l'index est rapidement révoquée :
J.C.Fizaine : Il ne faut pas parler de l'index mais seulement désigner des décideurs (normalement J. Seebacher et G. Rosa).
G. Rosa : Un certain nombre de listings ont été faits. Il faut que les autres le soient aussi -et le plus tôt sera le mieux; nous n'en mourrons pas tous, mais serons tous atteints. Les listings reçus semblent prouver que les dispositions dont nous sommes déjà convenus suffisent et que la discussion est effectivement inutile jusqu'à la seconde phase du processus, c'est-à-dire jusqu'à l'intégration en un seul index partiel de plusieurs listings corrigés. On a demandé et l'on redemandera que cette opération se fasse en deux temps: à l'échelon du texte (ce qui nous donnerait l'index de chaque oeuvre de Hugo) et à celui du volume. C'est à ce moment-là que seront éventuellement corrigées les règles d'indexation déjà adoptée. La phase suivante ne nous concerne pratiquement plus: il s'agit de la fusion des index partiels (par tome) en un seul. Enfin, on ajoute les notices....
Pour nos travaux de cette année, deux types de projets se dessinent :
1- Recherches du groupe sur le vieil Hugo
C'était l'objet des séances des deux dernières années, sans qu'on ait pu réunir des textes en nombre suffisant pour la publication d'un livre: "Le vieil Hugo." G. Rosa et J.C. Fizaine proposent de dissocier ces recherches des réunions du groupe Hugo. Il s'agit d'un travail dont l'impulsion serait peut-être plus vive dans des réunions moins académiques -et plus fréquentes- que celles du Samedi. Il serait nécessaire en outre de commencer par trouver un éditeur.
G. Rosa suggère d'alterner des travaux très larges (la question des inédits, ou VH et les poètes contemporains) et des monographies ponctuelles (la mort de Gautier: présence, absence, disparition, survivance de la génération de 1830). En joignant un chapitre général ("présence politique de VH") à un ou plusieurs textes précis (par exemple, "VH dans les archives de la police, surveillance policière de VH sous l'ordre moral"), on obtiendrait une certaine cohérence sans tomber dans de vagues généralités.
2- Interventions extérieures
A. Laster propose que des
personnalités extérieures de diverses spécialités viennent soulever les questions qui se posent sur VH de leur
point de vue.
C. Millet donne en exemple Philippe Hamon, zolien spécialiste de la description.
Son dernier livre, Expositions, paru cet été, contient plusieurs pages
sur VH qui méritent d'être lues mais ne répondent pas à toutes les questions
qu'on aimerait poser à leur auteur.
Autre exemple: les relations de VH avec d'autres écrivains. Le livre de C. Gély, La fortune de VH. contient beaucoup de choses, mais les spécialistes de chaque auteur pourraient nous permettre d'aller plus loin. Ainsi M. Guyaux pour Rimbaud, suggère J. Seebacher.
On doit songer également à consulter des collègues qui, sans être spécialistes de VH, s'intéressent à lui dans le cours de leurs propres travaux et finissent par savoir des choses que nous ignorons absolument. Ainsi J.-Y. Mollié pour ce qui concerne le monde des éditeurs. La communication de Madeleine Rebérioux, l'an dernier, est un brillant exemple de l'intérêt et de l'utilité de telles confrontations.
Quant à la suggestion, toujours d'A. Laster, de faire comparaître les artistes -metteurs en scène, surtout- qui s'attaquent à l'oeuvre de Hugo, elle suscite des inquiétudes: pourquoi se faire des ennemis?
Au terme de la discussion, la proposition est adoptée et immédiatement mise à exécution: A. Laster sollicitera Ph. Hamon et, puisqu'une thèse sur le mythe d'Isis dans l'oeuvre de Nerval est en préparation, son auteur voudra bien, peut-être, dialoguer avec Mme Spiquel. G. Rosa demandera à Annie Prassoloff, spécialiste des questions de droit littéraire sous la monarchie de Juillet, de nous dire tout ce qu'elle a appris de l'activité de Hugo sur ce sujet (il participe aux travaux d'une commission spécialisée, dont les hugoliens semblent ne pas savoir grand chose). Pour le reste, toutes les initiatives sont attendues et souhaitées.
Cela n'exclut évidemment pas les communications internes. Mlle Naugrette, retour de Princeton, nous en propose une sur les mises en scènes de Hugo par Vilar et Gabrielle Maladain sur l'écrit et les cris dans Quatrevingt-treize.
Le vieil Hugo : plan de travail (ou, du moins, ce que G. Rosa voudrait voir figurer dans un tel livre pour satisfaire ses propres curiosités -qui n'étaient pas unanimement partagées)
1- La question des femmes, (ce qui peut se formuler plus brutalement: érotisme sénile du vieillard priapique)
Un travail de biographie est à faire sur les amours du vieil Hugo, qu'on ignore presque entièrement et qui font partie -on peut le regretter- de la curiosité du public. Dans l'esprit de Rosa, notre livre doit chercher l'audience d'un cercle un peu plus large que les universitaires et l'on ne peut pas ne pas partir de l'état actuel des idées reçues sur le vieux faune, gloire de la IIIè république, et qui avait tout écrit "avant".
J. Seebacher : Il faut reprendre le livre de H. Guillemin sur VH et la sexualité: revoir les carnets soigneusement, ne pas négliger les dates soulignées, réexaminer toutes les interprétations. G. Rosa en convient tout à fait et se demande comment était considéré, à cette époque-là, le vieillard amoureux: ironie, indulgence, admiration, dégoût? Judith Gautier était-elle "bizarre"? Il n'est pas exclu qu'il y ait eu des variations de moeurs rapides et profondes, telles qu'on en a vu une, sur ce sujet même, tout récemment.
J.C. Fizaine : Il conviendrait alors d'étudier l'artiste amoureux et de comparer VH à ses collègues contemporains.
G. Rosa : ...et de mettre au point cette histoire de la surveillance de H. par son gendre, et de consulter Alain Corbin -si cela l'intéresse.
Mais au-delà de cela, on imagine un grand et beau texte -"Le vieillard, la femme et l'enfant"- qui ferait un portrait à la fois personnel et sociologique, biographique et critique, des affections du vieil Hugo. Ses passions -Marie Mercier, Blanche, la belle Judith et la grande Sarah peut-être, mais à coup sûr Georges et Jeanne- sont étonnantes: autant par leur objet que par leur violence. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de la fuite de Juliette à Bruxelles? ou des promesses faites sur la tête de Charles mourant?
2- La question de la sociabilité
a) Le Salon (Av. d'Eylau, Rue de Clichy)
Vie mondaine et familiale. Le Clan et la République des Lettres. Manière d'accueillir la gloire.
J. Seebacher : C'était un salon plus politique qu'autre chose. Les rapports de police pourraient être utiles, mais vraisemblablement pas après 1878.
G. Rosa : Par contre, le Journal de Jules Renard, la Correspondance de Gambetta ou d'autres et tous les souvenirs littéraires (qui pullulent pour la période) constituent une documentation imprimée importante qui n'a pas encore été utilisée. Il en va de même pour les propres carnets de VH, non encore pleinement exploités à ce jour.
Apparemment, ce salon était l'occasion de mélanges de personnes assez surprenants. Que signifiait, par exemple, la visite de l'Empereur du Brésil? La présence des enfants était-elle dans les moeurs ou pas? Etait-il courant que d'importants personnages de l'Etat croisent presque, dans le couloir d'un écrivain, les mères, les soeurs ou les avocats de communards en fuite? Qui sont, à l'époque, les dessinateurs, journalistes, hommes de lettres qui fréquentent le Salon? Est-il recherché? Est-ce un honneur ou une corvée d'y être invité? Est-ce un Cénacle, un haut lieu mondain, un salon à la Nodier, un carrefour de militants, un antre finalement assez mal famé?
Par la même occasion on aimerait savoir si H. recevait en vêtements venus de la Belle Jardinière, et ce que signifiait sa prédilection pour ce fournisseur.
Une autre question est celle de la gestion de la gloire. Ou seulement de la notoriété. Que fait-il quand on le reconnaît et qu'on l'applaudit?
Sur tous ces points notre ignorance est à peu près complète, bien plus grande en tout cas que pour les mêmes réalités jusqu'à l'exil.
3- La vie littéraire
Ses rapports avec la jeune génération (il y en a plusieurs en réalité) sont aussi mal connus. On imagine des jeunes gens très admiratifs et respectueux, n'en pensant pas moins. Est-ce sûr? Surtout on n'est pas entré dans les questions de métier, ni dans celles de la réception. Cf. La réaction de Zola à la publication de L'Ane, en plein positivisme. Ici encore, il faudrait articuler et traiter ensemble les aspects littéraires et les aspects biographiques (dont certains sont tout à fait mystérieux: Rimbaud, Verlaine par ex.)
4- L'intervention politique
On dispose déjà des travaux de J. Seebacher, de M. Rebérioux et du PQ de G. Rosa, des mises au point de J. Lalouette et de S. Emmerich (qui prouvent que H. adopte un mode de relation avec le corps social tout à fait neuf chez lui). Elargis, ils couvrent: les rapports avec le mouvement ouvrier, la militance proprement dite, la question de l'amnistie. Mais il manque beaucoup de choses et, en particulier, une étude précise du Rappel.
Surtout, il faudrait préciser les enjeux, les alliances, les phases exactes de ce combat à double front: contre la réaction cléricale et contre le matérialisme républicain, dont on parle toujours de manière assez vague.
3- La gestion de l'inédit
Le texte de Fizaine est un acquis essentiel pour ce livre: par lui-même et comme modèle d'un abord généraliste et, si j'ose dire, transversal des questions. Il peut être repris et amplifié de manière à traiter tout ce qu'on entend par le mot de "création" littéraire. Mais il doit être complété. Il faudrait étudier le théâtre après 1870, les reprises, et, peut-être, la théâtralité au sens large. Par exemple, y- avait-il des récitals de poésie au XIXè siècle, où, quand et comment les textes de H étaient-ils lus? Les lectures publiques de Châtiments pendant le siège sont-elles une exception ou l'élargissement spectaculaire d'une pratique commune? Et qu'en est-il de ces chansons faites sur les vers de H, malgré sa défense? D'abord, les connaissait-il? (Laster promet qu'il répondra, le moment venu.)
C. Millet : On pourrait aussi évoquer l'ombre de la Commune sur les textes d'après 1870. Il faudrait aussi faire une caractérisation de l'oeuvre en la comparant à la poésie publiée en même temps. P. Laforgue et C. Millet se chargent -pour faire cesser ce flot de questions.
Véronique DUFIEF
Calendrier (provisoire)
21 oct. Isis chez Nerval et VH.
18 nov. L'écrit et les cris de Quatrevingt-treize.(G. Malandain)
16 déc.
20 janv. Les mises en scène de VH par J. Vilar, Ruy Blas et Marie Tudor.
17 fév.
17 mars
28 avril
19 mai
16 juin
Equipe "Littérature et
civilisation du XIX° siècle", Tour 25 rdc, Université Paris 7, 2
place Jussieu, 75005 Tél : 01 44 27 69 81.
Responsable de l'équipe : Guy Rosa.