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M. René Journet nous a fait savoir qu'il déposait à la Bibliothèque Nationale les transcriptions, relevés, tables de correspondance entre manuscrits et cotes, annotations, etc... qui sont en sa possession: archives -volumineuses- de son travail et de celui de Guy Robert.
Hauteville House est confiée, après le départ de M. et Mme Sabourin à la responsabilité de Mlle Lorang, archiviste, venue de la B.N. . Sa compétence -et sa solitude- peuvent faire espérer aux hugoliens un excellent accueil.
Le numéro de Romantisme consacré à Hugo qui doit recevoir une partie des actes du Colloque Hugo et le XIXème siècle est prévu pour être le troisième de l'année 1986 et le sera si tous les manuscrits sont remis à temps en leur état définitif.
Le nouveau retard apporté par Laffont -ou son imprimeur- à la remise des listings d'essai pour la préparation de l’Index a libéré la séance pour une discussion générale des projets du Groupe. La débat a porté d'abord sur la nature de notre activité qui, d'avis unanime, doit se poursuivre à Jussieu. Elle semble devoir être définie par le choix entre diverses formes de travail:
-série d'interventions individuelles libres selon un calendrier aussi précis, et respecté, que possible;
-concentration d'interventions de même type -précommunications- sur un sujet commun choisi de concert;
-séances de travail pour la mise au point, puis la réalisation, d'une tâche collective.
On peut observer que deux des trois travaux herculéens que le groupe s'était fixé sont achevés ou en voie de l'être (édition des manuscrits d'Adèle, chronologie informatisée, index des noms propres). Ceci peut être considéré comme un encouragement à ne pas s'effrayer de projets ambitieux: tôt ou tard, ils aboutissent.
Peut-être cependant plusieurs considérations plaident-elles provisoirement en faveur d'objectifs plus modestes: le poids prévisible et inévitable de l'Index à achever, celui également de la publication de la correspondance qui mobilise ou mobilisera nombre de hugoliens, la tendance probable à la prudence, de la part des éditeurs et grands organismes de recherche, en matière hugolienne après le Centenaire, prudence que le médiocre succès de la vente chez Laffont-Bouquins ne peut qu'encourager.
En revanche l'effet d'ouverture de l'accès à Hugo exercé par le Centenaire -ouverture de la lecture, de l'intérêt et même des projets de maîtrise ou de doctorat- est sensible, du moins à Paris 7, et incite à l'action. (Depuis, l'émotion suscitée par la circulaire de Danielle Laster confirme dans l'idée que l'énergie hugolienne est intacte et les forces vives.)
Les projets évoqués -et discutés, mais il faut ici abréger- sont les suivants (l'ordre n'est pas significatif):
-Entreprendre la préparation de l'édition critique à paraître en 2002, On peut concevoir de la coupler à l'édition Bouquins: un, deux, trois... tomes critiques par volume de texte. La technique de micro-édition (type micro-fiches reproductibles sur papier comme -par?- l'atelier des thèses de Lille) enlève à une telle entreprise tout caractère utopique.
Deux organisations sont a priori imaginables : maintenir la même répartition des textes entre les personnes et compléter le travail ..., ou bien consacrer chaque année l'activité du Groupe à un texte, envisagé sous tous ses aspects.
-Dépouillement systématique de la presse de 1802 (y a-t-il eu un faire-part?) à 19.. (l'année où l'on se trouvera à la fin de l'opération en imaginant qu'il faille moins d'un an par année).
C'est un type de travail que nous avons tous pratiqué à un titre ou un autre; nous en connaissons l'intérêt et la difficulté. Seule Evelyne Blewer lui a donné un caractère systématique et exhaustif; elle acceptera peut-être d'en parler à une (la?) prochaine séance.
Ici encore plusieurs modes d'organisation et plusieurs projets scientifiques sont envisageables, du simple index (avec photocopies archivées) à l'analyse de la réception des œuvres.
-Constitution d'un corpus des manuscrits de Hugo. Il s'agirait soit de la recherche et de la publication des inédits restants ("coup de balai" plus vraisemblablement que "dernière gerbe"), soit de la récollection informatisée -en particulier par exploitation du matériel déposé à la B.N. (et avec son aide) par René Journet- de l'ensemble des informations disponibles sur chaque "papier" -f°, cote, références de la publication, datations. Parallèlement, la reconstitution matérielle -par tirage papier des microfilms- de certaines cotes pourrait être entreprise.
-Chronologie informatisée. Il s'en est fallu de peu, l'an dernier, que la firme Burroughs, séduite par le projet que lui avait soumis Nicole Savy ès qualités de secrétaire générale du Comité, décide de prendre l'opération à sa charge sur d'obscurs motifs de logiciels, publicité, image de marque, etc ... Ceci peut faire réfléchir. L'opération est d’un démarrage relativement aisé (un compatible IBM et un logiciel de fichier).
-Hugo et ses contemporains. On nomme, mal, ainsi l'idée déjà présentée par Yves Gohin et Guy Rosa d'étudier le mode de présence de Hugo à ses contemporains: des amis au public en passant par les cercles, les milieux, les institutions. Il s’agit de savoir comment Hugo reçoit, modifie, gère, invente sa relation aux hommes -et aux femmes- qui l'entourent: une biographie si l’on veut mais une biographie sociale et qui serait aux biographies existantes, intimes et individualistes, ce que Les Misérables sont au roman de Jean Valjean.
Le modèle, pour régler l'originalité de l'objet avec les formes de son investigation, peut être donné par le livre Les lieux de mémoire. Toute l'entreprise reposerait moins sur l’érudition de l'information, pourtant évidemment nécessaire, que sur l'intelligence de la table des matières et de l'angle d'attaque. Ainsi, point de "Hugo et Lamennais" mais un "Séductions de la jeune intelligentsia catholique: 1820-1832"; pas de "Hugo et Ribeyrolles" mais "Ce que c'est que l'exil" (on me dira que c'est déjà fait, voire...); pas de "Hugo et Mazzini" mais "L'Internationalisme hugolien".
Personne n'approuve le projet.
Ceci nous conduit à le développer ici.
Qu'on y songe: le monde des théâtres, la Presse, le pouvoir politique, les milieux aristocratiques, les faubourgs, la France entière dans les voyages (pourquoi Hugo ne va-t-il pas en Orient comme tout le monde?), toutes les sortes de femmes, sont systématiquement explorés par Hugo. Il y a là la matière d'un livre de "curiosités" historiques et sociologiques pour le public large, d'érudition pour les spécialistes, d'invention pour la connaissance des textes (Hugo connaît le monde aussi bien -et sans doute mieux- que Balzac; est-il si vrai que rien n'en transparaît dans son oeuvre?), de réflexion pour les individus vivants en société que nous sommes.
Nous avons voulu dire cela.
Et nous ajoutons que les talents des hugoliens, à la fois érudits, inventifs et curieux de la vie, sont tels que ce livre est facilement réalisable. Rêve? Imaginons (là, je (Guy R.) prends la responsabilité de mes élucubrations faîtes pour êtres violemment rejetées);
"Bagnes, juges, jurys et policiers".....................................par J. Seebacher
"De la coulisse à la salle"..................................................par A. Ubersfeld
"Femmes"........................................................................par R. Journet
"L'Internationalisme hugolien"...........................................par F. Vernier
"Meubles, mises, manières"..............................................par N. Savy
"Au théâtre ce soir -ou au concert?".................................par A. Laster
"Hugo sous presse".........................................................par J.C. Fizaine
"Le bal des débutants".....................................................par G. Malandain
"Ex imo"..........................................................................par J. Gaudon
"Gérer l'agenda"..............................................................par A. Decaux
"Je veux l'influence, non le pouvoir"..................................par M. Rebérioux
"Proscrits - La France aux frontières"...............................par Y. Gohin
"Questions de voix".........................................................par G. Rosa
"Barrières, barricades et marchands de vin"......................par B. Leuilliot
"Images de soi"................................................................par P. Georgel
"Le Tour de France par deux amants"..............................par C. Gély
"Amoenitates belgicae"....................................................par H. Juin
Bref, une biographie, mais thématique, sociale, historique et problématique où la conduite de Hugo serait comparée à celle de ses confrères (quid du modèle lamartinien dans la carrière parlementaire de Hugo, par exemple) et où les œuvres deviendraient, peut-être, étranges.
-Le champ offert à une série d'interventions individuelles -si cette formule était retenue- pourrait être : Le dernier Hugo (1870-1885). Cela peut déboucher sur un livre qui ne s'intitulera pas :"On n'est pas impunément un siècle".
-S’il faut enfin que les efforts convergent dans l'étude d'un texte sous toutes ses faces, ce pourrait être -de l'avis des présents- L'Art d'être grand-père.
Ces propositions sont soumises à la réflexion de tous; le choix pourrait être fait à notre dernière réunion de l'année, la 21 juin.
P.S.
-Ne pourrait-on pas établir et communiquer à tous un mini-annuaire des hugoliens? et, pendant que nous y sommes, un mini-annuaire des travaux en cours ou projetés, maîtrises et doctorats en particulier? En amorce, je peux faire état d'une tentative de regroupement de quelques mémoires de maîtrise autour de l'étude (manuscrits et données historiques ainsi que visites aux archives nationales et à celles du Sénat) d'Actes et Paroles et de son reliquat dans la perspective d'un "Hugo orateur" ou d'un "Hugo parlementaire" qui est un de nos vieux projets.