ATELIER DE RECHERCHE SUR LES SOCIABILITES LITTERAIRES

 

12 juin 1999

LES "SALONS" DE SAINTE-BEUVE

Roxana Verona

 

 

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le texte intégral dont Roxana Verona s'est inspirée pour cet exposé, a été publié : Les "salons" de Sainte-Beuve. Le critique et ses muses, Paris, Champion, 1999

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L’attention soutenue de Sainte-Beuve pour la conversation, avec le cas particulier de la causerie, avait de quoi surprendre dans un siècle qui entendait se débarrasser des vieux modèles rhétoriques et qui avait relégué l'art de bien dire et de bien écrire aux vieux manuels. On le lui a bien fait sentir: Balzac considère ironiquement que le critique a inventé “le Sainte-Beuve, une nouvelle langue française”; les Goncourt noircissent leur Journal de notations sur son “petit parlage écrit”; Proust raille “la délicieuse mauvaise musique qu'est le langage parlé, perlé, de Sainte-Beuve” et fait de l'incompatibilité entre la conversation et la littérature l'un des axes de son procès.

Il y a pourtant parmi ses exégètes ceux qui ont compris le rôle éminemment positif de la conversation dans la critique de Sainte-Beuve.

Telle que la comprend Sainte-Beuve, la conversation/causerie dépasse les contraintes d'un genre littéraire bien défini : forme mixte de sociabilité et d'écriture, elle est à la fois un genre littéraire critique et une manière de penser, de voir et d'écrire. Elle sous-tend ses essais critiques, elle s'infiltre dans sa poésie, dans ses discours à l'académie, et ses visites aux salons, en un mot, dans tout lieu, textuel ou autre, où l'on lit, parle et écrit la littérature.

J'appelle salons ces rencontres de voix, de textes et de contextes qui définissent l'écriture de Sainte-Beuve. Le mot n'est pas sans rapport avec la critique proustienne. Celle-ci reconnaît dans les essais de Sainte-Beuve un côté oral, fluide qui leur donne un “air de salons en enfilade où l'auteur a invité divers interlocuteurs....”. “Salon”, mot-tiroir aux multiples significations désignera un espace textuel formé par la co-présence de plusieurs plans: historique et social (les salons mondains), esthétique (le débat classique/ romantique) et poétique (les genres proche de l'oral). Cet emploi réunit les définitions des dictionnaires et suggère une convergence de plusieurs traditions, une rencontre de lieux culturels et de genres littéraires. Les “salons” sont à la fois “lieu de réunion et centre de conversation ménagé dans une demeure privée où l'on reçoit régulièrement des personnes admises à divers titres”; “lieu de débats et de conversations”, “académie” selon la tradition platonicienne; lieu d'exposition, galerie pour objets artistiques; salon académique, défenseur du goût officiel (Le Grand Larousse).

En tant que lieu de causeries orales et écrites, les “salons” représentent la partie encore viable et vivante de l'œuvre de Sainte-Beuve. Le mot renvoie en même temps à tous les lieux d'exposition et de réunion du siècle - salons mondains, salons critiques, Salons du livre. A l'âge des expositions et des panoramas, Sainte-Beuve participe à la création d'une bibliothèque, toujours culturelle, et souvent littéraire. En 1833, Louis-Philippe transforme Versailles en musée; en 1832, Sainte-Beuve publie ses Critiques et portraits littéraires, première série d'articles qu'il continue jusqu'à sa mort en 1869. Ses huit cents articles avec leurs trois cents personnages offrent un échantillon des meilleurs esprits de la société française telle qu'elle apparaît au XIXe siècle, sous le poids prestigieux du passé et s'acheminant lentement vers une nouvelle société.

A défaut d’être créateur, Sainte-Beuve devient le metteur en scène de ces lieux textuels où l'on cause littérature. Ses textes font songer à des pièces de conversation, ces peintures de genre à la mode vers la fin du XVIIIe siècle qui représentent de nombreux personnages, y compris le peintre, en conversation, dans un décor d'intérieur, bibliothèque ou salon, avec tous les objets d'art de la maison. Ce mélange de sociabilité mondaine et discursive - cercles, groupes, écoles, salons, galeries, portraits, causeries - rencontre de lieux et de genres, prépare le terrain de la causerie chez Sainte-Beuve.

Écriture et sociabilité

Michel de Certeau, reprenant une métaphore de Kant, compare l'habileté du causeur à l'équilibre instable du danseur de corde, de celui qui doit savoir s'adapter aux situations toujours changeantes afin de réussir chaque fois à séduire et à convaincre son interlocuteur. La causerie, c'est une manière de se tenir en équilibre entre les livres, les auteurs, les publics et les institutions qui les soutiennent. Comme ces autres “artistes équilibristes”-- critiques, journalistes, et professeurs --, qui manquent aussi d'un terrain propre, Sainte-Beuve restera un intermédiaire entre les livres, les auteurs et les publics, un “Figaro de la littérature”. Néanmoins, le manque de terrain propre qui caractérise l'acte critique devient précisément la condition de possibilité d'un domaine dont Sainte-Beuve devient le maître incontestable.

Nulle incompatibilité chez Sainte-Beuve entre penser, écrire et parler. Indépendamment du genre littéraire utilisé, l'écriture prend presque toujours place dans le moule de la causerie, devenue une sorte de gaufrier qui s'imprime sur tout ce qu'il écrit. Parler familièrement avec ses lecteurs à travers ses topoi critiques, glisser librement, par des effets d'oralité, de la vérité historique à sa représentation, de la biographie de l'auteur à son œuvre, c'est le propre de sa méthode critique. Cette critique si visiblement axée sur la communication et qui fut pourtant dûment accusée de dogmatisme, indique dès le départ son double caractère, à la fois dialogique et monologique.

Sans vouloir appliquer à Sainte-Beuve un habit théorique du XXe siècle, on constate pourtant le bien-fondé d'une lecture qui met en évidence la multiplicité des voix et des points de vue dans son écriture, d'une part, et l'unicité de son point de vue et le manque de contradiction, de l'autre.

Qu'il s'agisse de poésie, de cahiers ou d'essais, on se trouve devant une œuvre saturée de références littéraires hétérogènes, toujours filtrées par la subjectivité du critique.

Etre en état de causerie ne signifie pas, dans le cas de Sainte-Beuve, être en état dialogique permanent. Il y a dialogisme, car la co-présence de textes et de contextes sur le terrain de l'essai introduit plusieurs corps (bribes de textes) et corpus (assemblages de textes); il y a monologisme, car les voix en conversation, incorporées par la voix du critique, se perdent dans le montage des essais. Si l'essai se présente comme le locus d'un entretien (causerie) entre le critique, l'objet critique et le lecteur, on constate la position privilégiée que garde le locuteur par rapport aux autres voix impliquées dans la communication, y compris celles des objets critiqués. Pour Sainte-Beuve critique, “je cause” ne veut pas toujours dire “je cause avec quelqu'un” mais “je cause sur quelqu'un” et surtout “j'écris”. La devise du critique est, de toute évidence, “je cause donc j'écris”.

Cercles de conversation

Membre du Cénacle romantique, collaborateur de revues littéraires, invité des salons mondains, professeur, membre de l'Académie, sénateur et l'un des initiateurs des dîners Magny: l'ubiquité professionnelle de Sainte-Beuve marque sa volonté d'être le porte-parole de plusieurs discours, et l'intermédiaire de plusieurs groupes, et conduit ses exégètes à considérer comme trop étroit son titre de critique. Le phénomène n’est pas qu’individuel: la soif d'association gagne son siècle, avec une tendance à la “collectivisation” de la vie culturelle, selon le terme de Maurice Agulhon. Le “cercle”-- cercles d'amis, de conversation, cercles politiques ou littéraires -- ne désigne pas seulement “le fait de fréquenter agréablement ses semblables”, il devient institution. Par là il touche tangentiellement aux “salons” de Sainte-Beuve avec ses nombreuses variantes --”cercles de conversation”, “cénacle”, “école”, “groupes” ou “causeries”. Ces étiquettes, Sainte-Beuve les appose au gré de sa subjectivité: après avoir défini et théorisé le Cénacle romantique des années 1829, et l'avoir élevé au statut d'école --mot qui exprime, dit-il “une certaine communauté de principes et de vues sur l'art”--, c'est toujours lui qui, déçu par le romantisme, le fait descendre au rang de “salon” : ”le Cénacle n'était après tout qu'un salon”. Ce qui confirme avant la lettre le point de vue de M. Agulhon: “Les cénacles de l'époque du romantisme naissant sont des salons par leur forme sociologique”.

Portraits de groupe

Le fait que les lieux de la conversation sont liés aux beaux moments de la culture classique explique la préférence de Sainte-Beuve pour le passé. Il est lui-même conscient de la singularité de son entreprise: “Nous avons peine, en 1829, avec nos habitudes d'occupations positives, à nous représenter fidèlement cette vie de loisir et de causerie. Le monde va si vite de nos jours... Les journées pour nous se passent en études, les soirées en discussions sérieuses; de conversation à l'amiable, de causeries, peu ou point”.

C'est ainsi, en critique sensible aux “gloires plus douces”, qu'il apprécie la place des femmes en littérature.

Les courts-circuits entre littérature et conversation le poussent à favoriser les auteurs qui peuplent le second rayon des bibliothèques. Une littérature marginale fait ainsi son entrée en histoire littéraire, à la suite d'une multitude de femmes qui en sont les auteurs. En associant les femmes, celles qui écrivent et celles qui n'ont fait que parler, à la conversation et à la littérature, Sainte-Beuve s'éloigne sciemment du fabriqué et du fini de la grande littérature et construit en leur faveur un “petit Panthéon” qui porte distinctement la signature du critique et le cachet du dix-neuvième siècle.

La succession de tableaux de conversation pose une question essentielle pour l'histoire de la littérature, “Faut-il lire Mme de Boigne?” ou bien “Faut-il lire Mmes de Verdelin, de Souza, de Rémusat . . . etc.?” La réponse positive qui sert de réflexion finale à mon projet, indique l'un des grands atouts de la critique-causerie de Sainte-Beuve.

Critique et causeries

La conversation aidant, Sainte-Beuve procède à la réécriture d'un genre dans un siècle qui connaît une abondance de “portraits”, “critiques et portraits”, “morceaux”, “études critiques”, “causeries”, “figures”, “médaillons” ou “camées”. Au temps de sa collaboration à la Revue de Paris, commencée en 1829, Sainte-Beuve nomme ses articles “essais critiques”; à partir de 1831, la Revue des Deux Mondes publie ses “critiques et portraits littéraires” et ses “portraits” tout simplement. Après 1849, ses Lundis du Constitutionnel vont prendre le nom de “causeries”, et sont ainsi présentés par le directeur du journal: “Le temps des systèmes est passé en littérature. Il s'agit [...] de se mêler à toutes les idées pour les juger ou du moins pour en causer avec liberté et décence”.

Peu de classifications prennent en considération le côté “parlé” de la critique beuvienne. Thibaudet classe Sainte-Beuve dans la catégorie des professionnels, en la séparant expressément de ce qu'il appelle la critique spontanée. Et pourtant, quand il s'agit de définir ce second type de critique, Thibaudet fait appel à Sainte-Beuve en se servant de citations tirées de son œuvre. La première est une définition du genre: “La vraie critique de Paris se fait en causant; c'est en allant au scrutin de toutes les opinions, et en dépouillant ce scrutin avec intelligence, que la critique composerait son résultat le plus complet et le plus juste”. La deuxième effectue le partage entre deux littératures totalement opposées: “Il y a deux littératures […] une littérature officielle, écrite, conventionnelle, professée, cicéronienne, admirative; l'autre orale, en causeries de coin de feu, anecdotique, moqueuse, irrévérente […]”.

La critique mondaine qui va “des échos formulés de la conversation à la critique d'auteur et . de ‘j'aime’ à ‘j'aime, donc aimez’, rivalise avec la littérature, et devient de la littérature. Elle transforme le discours secondaire de la critique en discours primaire, ce qui est, comme on l'a vu, l'un des projets de Sainte-Beuve. La tentation de la causerie signale le plaisir du texte. Mais peut-on rapprocher l'“écrivain critique”, tel que l'entend Sainte-Beuve, des “critiques-écrivains” de la seconde moitié du XXe siècle? Il nous semble que le lien se trouve justement dans cette critique médiatique qui recueille les échos de la conversation, de la parole qui court, et qui ne va pas sans “le plaisir” de la lecture critique.

En recherchant les caractéristiques de la critique beuvienne dans ses contacts avec l'oralité, on débouche sur une lectio, au sens où Michel de Certeau emploie ce mot : e lecteur (critique) est “celui qui ne prend ni la place de l'auteur ni une place d'auteur mais produit une sorte de 'lectio', laquelle invente dans les textes autre chose que ce qu'était leur 'intention' ”. Lector/auctor  l'opposition traditionnelle entre le lecteur reproducteur (clerc) et le créateur (producteur) ne joue pas dans le cas de Sainte-Beuve, même s'il est considéré comme le critique traditionnel par excellence. Loin de paraphraser ou de retranscrire les textes d'autrui, sa critique est le résultat d'une suite d'opérations originales qui présupposent le choix, l'interprétation et la réécriture. Ainsi s’explique que, parmi tant d'articles et d'auteurs oubliés, ses essais ont perduré.

Le programme critique de Sainte-Beuve superpose le “causer” au lire/écrire, les deux faces dialectiques de l'acte critique. C'est l'élément original de sa lectio qui satisfait à la fois la mobilité et la rigueur de sa critique. Loin de se maintenir à un niveau superficiel, lire, écrire, et causer se présentent ensemble comme une opération dictée par un goût, un système de valeurs, les institutions sociales et culturelles qui relient les écrits à la littérature et au réel. Il n'y a aucune séparation, sinon méthodologique, entre la bibliothèque qu'il lit et le “cercle de lecture” qu'il convoque à la causerie, entre la forme de l'essai et la méthode critique qu'il utilise.

Le critique professionnel en tant que lecteur se rattache à un certain moment de l'histoire intellectuelle du XIXe siècle. “Pratique créatrice”, sa lecture est faite de travail et de plaisir et ne s'efface surtout pas devant l'autorité du texte lu.

Entre lire pour le plaisir de lire et lire pour satisfaire une commande d'article, la différence est aussi grande qu'entre l'écriture du critique et celle de l'écrivain. En ce sens, Sainte-Beuve se définit, dans la différence par rapport à Montaigne, l'un de ses grands modèles, et à Proust, son accusateur post-mortem.

Pour Sainte-Beuve, la bibliothèque n'est qu'un havre provisoire qu'il est forcé d'abandonner face aux obligations de la vie réelle; lecteur érudit, il lit et il écrit pour les lecteurs, bons plutôt que mauvais, qui le suivent dans son entreprise. C'est ainsi qu'il sollicite "l'aide" du lecteur à propos de l'insertion des "pensées" à la fin des Portraits contemporains.

Il fait usage ici d'un procédé familier, en achevant un volume d'essais par des pensées qui lui permettent d'être plus personnel plutôt que simplement critique. Prêt à transformer l'érudition en causerie, il entretient pour ses lecteurs la qualité ludique de son écriture: “J'aime beaucoup à lire des choses sérieuses, mais je n'aime guère à en écrire que de gracieuses”.

Mais il n'est pas facile de trouver le “bon lecteur”, même si Sainte-Beuve avait indubitablement son public fidèle. Il lui arrive de se montrer méfiant, inquiet. Les auteurs eux-mêmes deviennent des étoiles filantes soumises au goût changeant des lecteurs, ou, plus grave encore, à leur mauvais goût.

Le travailleur du livre cache un secret qu'il confesse dans ses Cahiers : “J'ai une vraie passion pourtant, une seule, la passion littéraire”. Le monde des livres est sa planche de secours. C'est là qu'il retrouve sa famille d'esprits, qu'il préfère à toute amitié réelle. Il y place tous ceux qui s'adonnent à la joie sans partage de la lecture, bibliothécaires, bibliophiles ou simples lecteurs, figures familières de sa galerie de portraits. L'œuvre de Sainte-Beuve convoque à un véritable “banquet” du livre personnes et personnages. Le 2 octobre 1859, Sainte-Beuve écrit à Adèle Couriard: “ 'ai fait connaissance depuis quelques semaines et par la lecture avec des écrivains sérieux de votre pays […] ” “Faire connaissance” prélude à l'entretien avec des auteurs disparus depuis longtemps, dont il se rapproche plus facilement que de ses contemporains. La causerie se place ainsi dans le sillage de la tradition rhétorique du dialogue des morts et de l'ancienne invocation aux Muses.

Dans l'intimité de son Cahier vert, Sainte-Beuve confesse l'identité de ses partenaires préférés: l'entretien avec “ses morts chéris” sollicite le plus son talent de lecteur érudit, trahit son goût pour les anciens et les classiques, et son insatisfaction à l'égard des contemporains.

Une suite de contradictions semble accompagner l'acte double de lecture/écriture: Sainte-Beuve entouré de livres se retrouve seul dans sa bibliothèque, même si de nombreuses voix résonnent dans ses pages. Malgré le schéma “je-tu” de la conversation avec “les morts chéris”, ou avec les muses, l'entretien tourne souvent au “je-cela”, quand l'essayiste se place lui-même au centre de la scène. Seul à sa table de travail, l'essayiste peut alors, selon J. Starobinski, faire disparaître entièrement l'objet critiqué: “La loquacité de l'essayiste forme barrière: on n'aperçoit derrière elle qu'un fantôme nébuleux”.

Dans le cas de Sainte-Beuve, la parole fonctionne à la fois comme clôture et comme ouverture. D'une part, tous les procédés formels sont mis à contribution: parenthèses, interrogations rhétoriques, adresse directe à l'auteur ou au lecteur. D'autre part, le critique trouve le moyen de se faire entendre lui-même à chaque instant. Il présente et se présente, il écrit et s'écrit, il aime, il déteste, il découvre, redécouvre ou il enterre. Il s'implique personnellement, au gré d'une note, d'un vers. . . Lui qui se disait “l'imagier des grands hommes”, il les ressuscite aussi pour son propre plaisir. Il se permet d'introduire ses propres écrits ou de revenir sur ses dires, de finir un portrait sur une note bien personnelle  Bernardin de Saint-Pierre “est l'un de mes auteurs favoris”, tandis qu'il ne faut absolument pas rouvrir les Lettres d'une Péruvienne de Mme de Graffigny--comme s'il suivait les méandres d'une conversation orale, familière. Le piquant de la causerie se mêle ainsi au sérieux du commentaire qui risquerait de faire basculer l'essai dans l'étude laborieuse dans la recherche d'un équilibre aux tonalités subjectives, “pour produire nos propres sentiments sur le monde et sur la vie, pour exhaler avec détour une certaine poésie cachée”. L'essai-causerie aide Sainte-Beuve à naviguer entre le discours de la littérature et le discours sur la littérature, en faisant alterner improvisation et commentaire, mobilité et fixité, dialogue et monologue. Cette réunion d'éléments hybrides fait de l'essai un fourre-tout littéraire et un traité de méthode.